Archives de avril, 2011

J’ai voté hier soir, par anticipation. Et j’ai encore voté Bloc. Parce que je trouve que le candidat bloquiste dans mon comté fait de la très belle job. Parce que c’est un jeune (un gars de mon âge), qui semble avoir les mêmes préoccupations et valeurs que moi. Et parce que, tel qu’écrit précédemment sur ce blogue, je trouve que le NPD est un parti qui est beaucoup trop centralisateur et interventionniste dans les champs de compétence des provinces. Donc, pas de vote stratégique pour moi; que de la conviction, encore.

Ceci étant dit, d’un point de vue stratégique, je crois que le Bloc a mené une bien mauvaise campagne, qui se solde cette semaine par une stratégie de désespoir et de préservation des acquis. C’est du moins ma lecture de la situation. Autrement, c’est que le Bloc est vraiment déconnecté de la réalité des gens.

Premier son de cloche durant le week-end. Un Duceppe hargneux, qui lance sur Twitter que cette campagne n’est pas une lutte entre la gauche et la droite, mais plutôt entre souverainistes et fédéralistes. Personnellement, je crois qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un combat pour une meilleure démocratie; et le fait « d’exclure » ou d’inciter les fédéralistes à aller voir ailleurs, alors que le NPD monte, est une très mauvaise stratégie.

D’autant plus que la réalité sur le terrain, c’est que la souveraineté n’est pas une priorité pour personne, sauf pour les plus ardents souverainistes. Moi même, en souverainiste modéré, concède qu’il y a d’autres priorités. Même Lisée voit la souveraineté comme étant non-essentielle pour les premières étapes de son plan de gouvernement de gauche efficace: beaucoup de travail pourra être abattu avant, les étapes finales nécessitant la sécession (pour une plus pleine autonomie, notamment au niveau du chômage).

Ce qui m’amène au deuxième signe avant coureur de la stratégie du désespoir, ou d’une réelle deuxième erreur: l’arrivée de Parizeau dans la campagne. S’il s’agit d’une stratégie, c’est essentiellement pour s’assurer que les souverainistes ne feront pas défection, et ça prouve que le Bloc prend très au sérieux la montée du NPD.

Pendant ce temps, la vague NPD s’étend ailleurs au pays, propulsée par le vote des jeunes et la réalisation qu’il existe plus que deux partis nationaux. Et ça, même si c’est une très mauvaise nouvelle pour le Bloc et la souveraineté, ça en est une excellente pour la démocratie!

Si vous résidez dans une circonscription où votre candidat (ou parti) de prédilection n’a absolument aucune chance de gagner, vous avez quand même intérêt à aller voter pour lui, plutôt que de rester à la maison ou d’annuler votre vote.

Pourquoi? C’est que chaque vote reçu par un parti se transforme en subvention à ce même parti. C’est une politique qui vise à rétablir un équilibre dans le financement des partis, en fonction de leur représentation citoyenne. Bref, une façon de ne pas laisser seulement les riches contributeurs influencer le débat politique.

Harper veut abolir cette mesure. C’est encore dans son programme. Facile pour lui, alors que les coffres du parti sont pleins, et que plusieurs riches lobbys (dont les banques, les pétrolières et les groupes de pression religieux) leur donnent presque des chèques en blanc pour qu’ils appliquent des mesures qui leur sont favorables. Encore une fois, la démocratie prend le bord avec les conservateurs.

Voilà pourquoi il faudra absolument voter le 2 mai. Et si vous croyez encore en la démocratie, rendez service au peuple canadien et ne votez pas pour les conservateurs.

Harper continue de brandir l’épouvantail de l’inefficacité d’un gouvernement minoritaire, pour promouvoir sa majorité tant convoitée. Pourtant, d’un autre côté, il dit que le pays va bien et surmonte sans problème la crise économique mondiale actuelle grâce à son gouvernement… minoritaire.

Désolé, je pige pas. Quelqu’un veut bien m’expliquer?

Aussi, Harper prétend qu’un gouvernement minoritaire fait l’affaire du Bloc Québécois, puisqu’il s’agit d’un gouvernement affaibli qui ne peut empêcher la souveraineté.

Dans ma tête à moi, la souveraineté se vote au Québec et nulle part ailleurs; advenant une majorité « suffisante » de OUIs à un référendum PROVINCIAL, le gouvernement PROVINCIAL en place irait alors négocier les termes de sa séparation avec Ottawa. Là-dessus, il n’aurait peut-être pas tout-à-fait tort; mais puisqu’il prétend que le Bloc n’a aucun pouvoir à Ottawa, je ne vois pas ce que ça change.

Encore là, quelqu’un veut bien m’expliquer?

J’ajouterais ceci: la seule vraie et unique menace à l’unité canadienne, c’est justement une majorité conservatrice; juste à voir au Québec comment l’électorat du Bloc et des Libéraux s’apprête peut-être à passer vers le NPD (et non vers les conservateurs), ça en dit beaucoup. Advenant une victoire majoritaire des conservateurs le 2 mai, mais avec très peu de députés conservateurs au Québec, je ne vois aucun autre résultat qu’une remontée de l’option souverainiste… et s’il me le demande, M. Harper, je peux bien lui expliquer…

Il y a une semaine, les ténors du PLQ se sont « invités » au congrès national du PQ, osant exiger un vote de confiance très fort pour Marois, pour qu’elle apparaisse crédible à leurs yeux. Non seulement le pari a été tenu, mais avec un résultat record (pour le PQ) de 93%. Ainsi, les membres du PQ ont serré les rangs et fait un pied de nez aux libéraux.

Est-ce une bonne chose? Aux yeux des médias et du PLQ, peut-être. Mais aucunement pour la démocratie. Car qui dit débats, dit santé démocratique; autrement, c’est soit que tout le monde est 100% d’accord sur tout, soit certains se taisent et avalent la pilule. C’est d’ailleurs ce qui se passe actuellement chez les Libéraux: Charest n’a jamais été aussi impopulaire au Québec, mais son parti continue de le glorifier.

Bref, en voulant affaiblir Marois, les libéraux lui ont au contraire donné encore plus de force et de légitimité. Mais cette nouvelle légitimité aurait pu rapidement tomber s’il avait fallu que la motion sur la langue d’affichage soit adoptée, contre la volonté de la chef et de l’aile parlementaire du PQ.

Et après, les grands partis se demandent comment lutter contre le cynisme ambiant…

Autre carte interactive intéressante, en provenance de Cyberpresse. La première révélait la répartition du votre dans votre voisinage, lors de la dernière élection.

Celle-ci révèle les contributions monétaires, depuis 2007, basé sur les informations de Statistique Canada.

Bien sûr, on voit clairement qu’il y a plus de contributeurs au PC que pour tout autre parti. Et on comprend encore plus pourquoi ils veulent « éliminer » Statistiques Canada. 🙂

Voilà comment j’aime Lisée: lorsqu’il répond à ses détracteurs, en s’appuyant des chiffres et propos d’un économiste (dans le cas présent, Pierre Fortin, un lucide). Et il ne passe pas par quatre chemins pour asséner d’excellents jabs à l’IEDM (Institut économique de Montréal) et écorcher Legault au passage.

Lisez (jeu de mot) l’article, ça vaut vraiment la peine… et oui, je crois comme Lisée que l’on n’est pas si pauvre que ça au Québec. On vit peut-être un peu au-dessus de nos moyens, et il y a du travail à faire pour améliorer l’efficacité de l’État Québécois. Mais la solution n’est pas celle préconisée par ces chers bozos du Réseau Liberté-Québec.

Le mot de la fin va à Lisée:

Les super-riches de Louisiane et du Mississipi sont plus riches que les super-riches du Québec. Pour le 99% qui restent, et qui m’intéressent davantage, le contraire est vrai.

Ayant une petite écoeurite aigüe de politique fédérale après deux débats, je vais vous parler de Montréal.

D’entrée de jeu, je dois vous avouer que je ne suis pas un fan du maire Labeaume. Non pas que je ne sois pas satisfait de son travail, en général. Je pense par contre qu’il surfe sur une vague et qu’il est plutôt opportuniste. Disons qu’il sait bien s’entourer. D’ailleurs, la plupart de ses conseillers à l’hôtel de ville de Québec ont un diplôme en communication. Ça aide pour faire parler de soi, en bien ou en mal.

Bref, je ne suis pas le plus grand fan de Labeaume, même s’il livre grosso modo la marchandise, pour les mêmes raisons que je déteste au plus haut point les conservateurs: mépris des journalistes, populisme, démagogie… à plus petite dose qu’Harper et sa bande, mais quand même.

Ceci étant dit, je préfère avoir Régis Labeaume comme maire que Gérald Tremblay. Vraiment, dans le genre fin de carrière pathétique, ça commence à être dur à battre. Par contre, il est toujours là, et il a été élu, majoritairement, si je ne me trompe, par la population. Et ce, même s’il était déjà considéré comme une alternative non-médicamenteuse à l’insomnie chronique, et que des soupçons de malversations et de corruptions planaient déjà sur la ville.

Deux questions, donc, à mes amis Montréalais:

Non seulement ce gouvernement ment en chambre, mais il manque encore plus de transparence que les gouvernements libéraux précédents. Je suis particulièrement tanné d’entendre les conservateurs se vanter d’avoir sauvé l’économie canadienne: y’en a marre!

C’est grâce à des mesures néo-libérales que les banques ne l’ont pas échappé autant qu’aux USA, en intervenant dans l’économie, et non en laissant aller les lois du libre-marché. Ils ont fait de même avec GM.

Ils ont créé des tas d’emplois temporaires en subventionnant des projets de construction d’infrastructures; c’est encore une fois de l’interventionnisme pur et dur. Tant qu’à faire dans l’interventionnisme, il aurait plutôt dû investir dans de la vraie création d’emplois durables (verts ou pas), dans des entreprises d’avenir et de pointe, et qui requièrent un bon niveau de qualification. Pas des emplois saisonniers qui agrandiront le nombre de chômeurs lorsque ces mesures prendront fin.

Quant aux finances de l’État qu’Harper rêve d’abolir, ce dernier peut dire merci à Jean Chrétien et Paul Martin, qui ont serré les cordons de la bourse et produits des surplus à répétition, surplus qui ont rapidement été dilapidés dans des dépenses militaires et des sommets inutilement dispendieux.

Bref, sur le plan économique, les conservateurs sont des opportunistes. Oui, ils sont bons pour l’économie: celle des riches et des grandes entreprises. Prétendre qu’ils le sont également pour le pays tout entier et surtout la classe moyenne n’est que pure fumisterie.

D’ailleurs, je payerais cher pour mettre la main sur un article dont j’ai entendu parlé à la radio il y a quelque mois, qui faisait la démonstration de l’incompétence économique des gouvernements nord-américains de droite dans les 30 dernières années, qu’il s’agisse des républicains de Bush (père ou fils), des conservateurs de Mulroney, ou de ceux de Harper… ironie et démagogie, quand tu nous tiens!

Ça commence à faire quelques jours déjà, mais ils en parlaient encore ce matin…

Ce cher Obama n’aime pas trop les sables bitumineux canadiens. Peut-être est-ce pour de mauvaises raisons (concurrence déloyale au pétrole américain?) ou pour de bonnes raisons (une compagnie abertaine qui exploite une telle industrie dans l’Utah), mais en pleine campagne électorale, ça sent l’ingérence politique, ce qui n’est pas souhaitable en démocratie.

Ceci dit, permettez-moi de me réjouir de voir cette patate chaude arriver dans les mains des conservateurs… 🙂

J’ignore très souvent les promesses qui sont faites au courant de la campagne, en ce qui concerne mon choix de vote. De toute façon, la plupart du temps, dès qu’un parti sort une mesure de son chapeau pour séduire un électorat précis (par exemple, la compensation pour la TVH), tous les autres s’empresseront de faire la même chose, que ce soit prévu ou non dans le cadre financier de leur programme électoral, ce qui rend l’exercice plus ou moins crédible.

J’aime plutôt lire entre les lignes des programmes électoraux qui sont décidés en début de campagne ou même avant, ou qu’un chroniqueur politique chevronné le fasse pour moi.

Raymond Giroux du Soleil a donc soulevé un point extrêmement intéressant du grand livre bleu conservateur, dans son éditorial du samedi intitulé « Le sabre et le goupillon« . En plus de relever le fait qu’Harper aurait très bien pu éviter les élections en annonçant tout de suite la compensation pour la TVH que réclamait le Bloc (plutôt que de le faire presqu’en début de campagne, en réaction aux protestions face à la promesse de subvention pour le projet électrique de Churchill Falls), il souligne de troublants passages du programme électoral conservateur. Voici les extraits cités par Giroux:

  • « Partout dans le monde, des minorités religieuses vulnérables sont sujettes à la persécution, à la violence et à la répression. »
  • « Le Canada a une fière tradition de défense des droits de la personne fondamentaux comme la liberté de religion et de conscience, et notre gouvernement reconnaît que le respect du pluralisme religieux est inextricablement lié au développement de la démocratie. »
  • « Un gouvernement conservateur va «créer un bureau spécial sur la liberté de religion au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international pour surveiller la liberté de religion dans le monde entier, promouvoir la liberté de religion comme un objectif clé de la politique étrangère du Canada et promouvoir des politiques et des programmes qui soutiennent la liberté de religion. »

Je partage l’inquiétude de Giroux, considérant la proximité de puissants lobbys religieux avec le gouvernement Harper. D’autant plus que je suis un partisan d’un état laïque…