Archives de la catégorie ‘Philosophie’

Depuis le début du conflit, j’analyse, j’explique, j’argumente, je décrie, je débat. Je crois l’avoir fait avec respect, avec tous mes amis, collègues de travail et membres de ma famille. Et jamais, au grand jamais, il ne me serait venu à l’idée d’imposer mes idées aux autres; de restreindre leur droit à la liberté d’expression.

Je crois l’avoir fait avec respect. Mais je m’apprête ici à franchir la ligne pour une catégorie de personnes: celles qui croient tellement en la hausse de frais de scolarité qu’ils sont prêts à accepter une loi aussi anti-démocratique et anti-constitutionnelle. Car il faut être soit stupide, soit égocentrique, soit totalement inconscient pour accepter que des droits démocratiques aussi fondamentaux puissent être brimés, alors d’autres moyens sont actuellement à la disposition du gouvernement et des forces de l’ordre pour ramener la paix sociale et faire respecter certaines libertés individuelles qui semblent brimer.

Que l’on soit pour ou contre la hausse de frais de scolarité, il faut effectivement être stupide pour jouer le jeu d’un Premier Ministre (qui lui ne l’est pas) si imbu de lui-même et accroché au pouvoir qu’il est prêt à diviser, mentir, salir, et ridiculiser toute une frange de la population, tout en brimant leurs droits les plus élémentaires, au nom d’une prétendue démocratie dont il ne mérite plus d’en être le représentant.

Car Charest est en train de gagner son pari. Misant sur l’inculture et la stupidité d’une frange de la population, il est en train de convaincre ceux qui étaient jusqu’à tout récemment insatisfaits de sa vision et gestion du Québec, qu’une seule cause mérite soudainement qu’il fasse le plein de vote. Qu’on lui redonne notre confiance, alors qu’il ne la mérite pas. Et il la mérite encore moins, en tant que Ministre de la Jeunesse, de les museler à ce point, sans même avoir pris le temps de discuter avec eux.

J’ai honte aujourd’hui. Hier, j’avais honte en mon gouvernement. Aujourd’hui, à la lecture des sondages, j’ai honte des québécois. Un mélange de honte de dégoût.

Je le redis: j’ai honte de voir certains de mes concitoyens aveuglés à ce point par le conflit qu’ils en soient rendu à accepter des conditions démocratiques dignes de pays totalitaires; j’ai honte de voir une aussi faible auto-défense intellectuelle de mes concitoyens; j’ai honte de voir qu’ils leur reste si peu d’intelligence et de sens critique.

J’ai honte. Tellement, tellement, tellement honte…

Le réel défi de tout idéaliste, c’est de demeurer optimiste et motivé. De ne jamais cesser de croire que les choses s’améliorent, même si c’est à pas de bébé et à la vitesse de la tortue.

C’est comme d’alimenter ce foutu blogue dans lequel je me suis rembarqué pour une énième fois, sachant très bien le peu de temps que j’ai à ma disposition pour ce genre de chose. En fait, du temps, je n’en ai pas vraiment pour ça. Lorsqu’on me demande comment je fais pour maintenir un blogue en vie, tout en ayant une vie de couple équilibrée; d’avoir du temps pour mes enfants; de présider le conseil d’établissement de l’école de mon plus vieux; de participer à l’amélioration du programme éducatif du CPE où vont les deux plus jeunes, en assistant à des dîners-causeries… ma réponse est toujours la même: personne n’a de temps pour ce genre de choses, mais il faut le prendre. Autrement, personne ne vous le donnera.

Prendre le temps. Le temps qui nous est donné dès notre naissance nous est compté. Et il est incroyable de voir à quel point on peut le gaspiller. Ce qui est merveilleux dans le fait de ne pas avoir de temps, c’est qu’on apprend à en maximiser l’utilisation. C’est ce qui arrive lorsqu’on a trois enfants, et que l’on passe ses week-ends à courir les arénas et les piscines: quand vient le temps de s’écraser devant la télé pour relaxer en couple, ce n’est pas pour écouter une insipide télé-réalité ou un moche film de série B. C’est pour se taper les meilleurs films, les meilleures télé-séries, les meilleurs documentaires. L’enregistreur numérique devient alors l’un de nos plus précieux allié.

Idem pour la lecture et la musique: pourquoi perdre notre temps à lire d’insipide romans surfaits, ou d’écouter l’énième album d’un groupe qui ne se réinvente jamais. On se tape des livres qui comptent, qui peuvent nous apprendre des choses, nous faire réfléchir, nous aider à voir le monde différemment; on écoute de la nouvelle musique, pas un autre clone d’AC/DC ou le 66ème album d’Iron Maiden qui ressemble à s’y méprendre au 6ème.

J’ai été voir Portishead à Montréal vendredi dernier. Mon deuxième concert cette année, le premier ayant été celui de Jaga Jazzist au Club Soda en juillet dernier. Dans les deux cas, ce fut des concerts mémorables, par des artistes marquants, au sommet de leur art. Un total divertissement, mais aussi un investissement à rendement maximal… de mon temps et de mon énergie. Avoir habité à Montréal, j’aurais aussi pu aller voir Primus, Battles et Amon Tobin, tout ça en Octobre (encore aurait-il fallu que je prenne le temps d’aller voir tout ça). Côté musique, Québec a encore des croûtes à manger en comparaison avec la métropole, mais ceci est un autre débat…

Aujourd’hui, j’ai mis à jour mon statut Facebook avec le paragraphe suivant, que j’avais longtemps mûri et préparé:

Tannés des injustices et des problèmes de la planète? Vous avez beaucoup de temps libre? Abandonnez vos romans pour des essais socio-économiques. Délaissez Occupation Double pour des émissions d’affaires publiques. Renseignez-vous avant d’aller voter. Faites du bénévolat. Et signez des pétitions en ligne. Mais surtout : ne copiez-collez pas ce message, comme tant d’autres, sur votre babillard! Un peu tanné que soit la semaine de la famille une fois par mois…

Même le nouveau messie vous l’a dit, il y a quelques années. Ses paroles ont fait le tour de la planète suite à sa mort inattendue:

Your time is limited, so don’t waste it living someone else’s life.

Je ne suis pas un fanboy d’Apple. Je reconnais le génie de l’inventeur, mais n’a jamais apprécié le culte qu’il a engendré. Reste que je suis à 100% avec lui sur celle-là. Une seule vie à vivre, qui pourrait bien se terminer demain. Pourquoi la passer à regarder des douchebags atteindre des niveaux records de stupidité avec des pétasses aussi stupides qu’insipides? Parce que c’est drôle? N’importe quoi. Martin Matte est drôle. Parce que c’est pathétique? Qu’est-ce qui est le plus pathétique entre regarder des gens perdent le précieux temps qui leur est compté, ou le perdre à les regarder faire?

Des personnes se suicident tous les jours, se plaignent tout le temps que leur vie est plate et vide de sens. Ils cherchent le bonheur dans le lit de la meilleure amie de leur blonde, plutôt que dans leur propre chambre à coucher; dans le hood de leur voiture modifiée et les interminables séances de body-building ou de bronzage.

Chers amis, votre temps est limité, alors ne le gaspiller pas à vivre la vie de quelqu’un d’autre. Pour ma part, j’ai déjà assez perdu de temps à essayer de vous convaincre. J’ai fait mes choix: à vous de faire les vôtres.

La récente décote des États-Unis par la firme de cotation Standard and Poor’s ne semble malheureusement pas avoir réveillé les politiciens américains, Obama en tête, mais aussi surtout les élus du Tea Party.

Tout cela m’inquiète et révèle un mal encore plus profond: celui de l’incessante montée de l’individualisme et de la croissante popularité des idéologies extrémistes, autant à droite qu’à gauche.

On assiste donc à une polarisation de toutes les situations, de tous les problèmes, et de tous les débats; et par la bande, à une sur-simplification de ces mêmes éléments, ce qui amène tous et chacun à proposer des solutions trop simplistes, mal adaptés à des problèmes complexes, et pour lesquelles aucun compromis ne semble possible. Tout est noir ou tout est blanc. Pourtant, tout est gris… très gris.

Regardez ce qui c’est passé au Congrès américain dans les dernières semaines. Le Tea Party a refusé catégoriquement tout compromis, forçant une entente qui en bout de ligne ne plaît à personne parmi les démocrates et les républicains, à gauche comme à droite. Parce qu’idéologiquement, le Tea Party refuse toute hausse des taxes et impôts, même si les démocrates sont prêts à concéder des réductions de dépenses au niveau du Medicare. Pourtant, les Américains sont loin d’être surtaxés, bien au contraire, comme le résume Pierre Duhamel dans son dernier billet de blogue sur le site de L’Actualité :

À cet égard, ne vous demander pas pourquoi S & P a abaissé la cote AAA des États-Unis et pas celle de la France. S & P a justifié son choix en indiquant que « la France a une politique budgétaire bien conçue ». Les Français sont prêts à verser 41,9 % de leur PIB pour faire fonctionner leur État (ce qui est moins que plusieurs pays très prospères comme le Danemark à 48,2 % ) alors que les Américains se paient des guerres et des services sociaux en ne versant que 24 % de leurs revenus au fisc.

Absence de bonne volonté

Pas besoin d’aller voir de l’autre côté de la frontière pour constater la même polarisation: Stephen Harper s’est plaint ces dernières années de ne pas avoir les coudées franches pour faire ce bon il lui semblait. Aucun compromis n’était possible: il a divisé pour régner, et a atteint son but avec une stratégie implacable, capitalisant sur les faiblesses d’un système parlementaire désuet et le cynisme actuel des citoyens, ainsi que sur la faiblesse de l’opposition qui lui était offerte. Il peut maintenant agir à sa guise, sans avoir à plier devant les 75% des citoyens qui n’ont pas voté pour lui (le PC ayant obtenu 39,1% des votes, avec un taux de participation de 61,4%, ça ne donne qu’un mince 24,3% d’appuis fermes).

Voilà ce qui m’inquiète: c’est autant cette polarisation des idées que l’absence de compromis chez nos politiciens, bien plus que les lacunes de gestion, ces dernières pouvant être réglées avec de bonnes discussions, la bonne volonté et le désir de faire plaisir à un plus grand nombre. Je suis inquiet, car nos politiciens agissent de plus en plus pour des intérêts privés, des enjeux individualistes et des groupes radicaux, plutôt que pour le progrès et le bien collectif.

Oui, c’est vraiment ce qui m’inquiète; et aussi le désengagement du citoyen moyen, qui comprend de moins en moins tous ces enjeux complexes, trop occupé à se divertir, ou à travailler davantage pour se payer du luxe et se divertir encore davantage.

Et vous? Êtes-vous inquiets pour le futur?

Je proposais dans mon billet de prendre du recul dans nos vies respectives, par rapport à nos priorités de vie, suite à la grande couverture médiatique de l’affaire Turcotte.

Un enseignant et père de deux jeunes enfants, Martin Dubé a fait mieux : il a mis le doigt sur une partie du bobo, et a écrit une lettre ouverte très pertinente et intéressante sur l’estime de soi, surtout celle que l’on doit inculquer à nos garçons.

Je vous invite à la lire, mais si le temps vous manque, l’essentiel se trouve dans les deux derniers paragraphes:

À mon sens, pour sauver les hommes d’eux-mêmes, il faut arrêter d’attendre que de telles catastrophes se produisent. En tant que parent, mais surtout en tant qu’être humain, nous devons inculquer à nos garçons une meilleure estime d’eux-mêmes. Pas au niveau académique ou sportif, mais au niveau des sentiments. Il faut les faire parler de ce qu’ils ressentent, les laisser pleurer, ne pas les juger, et leur faire comprendre que l’amour d’une femme est une chose formidable, mais qu’ils demeurent des êtres à part entière quand celui-ci disparaît.

Alors au lieu d’écouter la télé nous raconter les horreurs sur lesquelles nous n’avons aucune emprise, prenons quelques minutes pour leur montrer que parler de ses émotions, c’est aussi un truc de gars.

Voilà ce que j’appelle de la réflexion positive et constructive, malgré un drame si horrible. La nature humaine, c’est aussi ça. Un pouvoir de réflexion, et un désir d’évolution. L’homme est capable du pire… mais aussi parfois du meilleur.

Mettons tout de suite les choses au clair: mon intention derrière ce billet n’est pas de banaliser le crime horrible et sordide qu’a commis Guy Turcotte lorsqu’il a tué ses enfants et tenté vainement de mettre fin à ses jours. Mais c’est plus fort que moi: dans mon incessant désir de devenir une meilleure personne, j’essaie souvent d’aller au-delà des faits triviaux, des évidences, des trucs superficiels. Je veux comprendre. Ce qui ne veut pas dire endosser ou approuver. Aussi, loin de moi l’idée de mettre le blâme sur la femme adultère, ce qui serait simpliste, grossier et indécent.

Avant d’aller plus loin, je vous recommande la lecture de deux articles. Le premier, un éditorial de Yves Boisvert, explique en long et en large pourquoi un procès est nécessaire dans toute cette affaire; le second, une chronique de Pierre Foglia, présente Guy Turcotte en tant que monstre, mais en essayant de nous amener sur une piste de réflexion intéressante: il est un monstre certes, comme nous le sommes tous un peu au fond de nous.

La nature humaine étant ce qu’elle est, l’homme (et la femme) est capable du meilleur et du pire. C’est souvent programmé dès la naissance, dans nos gènes. À cela s’ajoute l’éducation reçue de nos parents ou tuteurs, de nos enseignants et mentors; l’expérience vécue auprès de nos amis; des leçons tirées de nos victoires et défaites, de nos succès et échecs. Le résultat est ce que nous sommes, et ce résultat sera en constante évolution, jusqu’à notre mort.

Je n’ai pas la prétention d’être parfait. Je n’ai pas non plus la prétention de n’avoir jamais commis le moindre petit larcin ou mauvais coup, jeune ou moins jeune. Je crois donc devoir me garder une petite gêne, une certaine humilité face aux criminels. D’autant plus que je considère avoir été gâté par la vie, avec des parents géniaux, une bonne santé, de bons amis, une femme merveilleuse et des enfants formidables. J’adore mon boulot (même si ce n’était pas le cas il y a 4 ans), et mon expérience de vie m’a toujours permis de grandir et devenir une meilleure personne (il me semble).

C’est donc avec cette même humilité que j’approche le cas Turcotte, et que j’abonde dans le sens de Foglia. Turcotte est un monstre, y’a pas à dire; mais il y a aussi un monstre tapi dans le for intérieur de tout être humain.

On ne doit pas plaindre Guy Turcotte. On peut en avoir pitié si ça nous chante. Mais il faut d’abord et avant tout se questionner sur ce que l’on est devenu au fil des années. Sur nos priorités, dans la vie. Accordons-nous trop d’importance à notre travail, à l’argent, à la consommation de biens matériels? Donnons-nous suffisamment de temps à nos enfants, à notre couple, à nous-même en temps qu’individus? Sommes-nous honnêtes, respectueux et sincères dans nos relations amoureuses?

Je crois que ce crime odieux devrait à tout le moins nous faire réfléchir. Et nous rappeler que nous sommes tous imparfaits… et humains.

Tout ce qui a un début a une fin. C’est que l’on dit.

En ce qui concerne ce blogue, c’est doublement vrai. Puisque j’espère que la fin de celui-ci sera la plus éloignée dans le temps que possible, il me faut une raison pour rester motiver, pour écrire sur une base régulière. Une motivation, une raison, un objectif: voici la seconde « fin » de cette histoire.

Ma première expérience en tant que blogueur s’est terminée plutôt rapidement. Mon blogue de critiques musicales n’a pas survécu à ma vie de nouveau papa. Et probablement aussi à une baisse notable de la quantité de disques achetés par année (et par mois). J’ai aussi commencé à douter de mes talents de critique, ou plutôt de la pertinence globale de mes critiques musicales. Après tout, tel n’est pas mon métier. J’écoute une quantité impressionnante de musique, de plusieurs styles différents. Mais mes connaissances sur la théorie musicale et l’absence d’une formation concrète en la matière ne font pas de moi un critique très crédible.

N’empêche… c’est toujours agréable de parler musique. En critiques ou pas. Ça pourra donc faire un bon sujet de temps à autre.

Autre passion : la philosophie! Le métier que j’aurais probablement pratiqué, dans une société utopiste se rapprochant plus du communisme que du capitalisme. Le genre de société où chacun peut gagner sa vie de manière respectable, sans avoir à se soucier de maximiser les profits trimestriels d’une société en bourse pour enrichir une poignée d’actionnaires, et son propre fonds d’actions. Mais là, je diverge… vers la politique!

Oui, la politique. Une autre passion chez moi. Je dirais même celle qui m’habite le plus ces jours-ci. Et avec raison! Avec la montée d’une droite libertarienne et individualiste qui laisse les citoyens sans projet commun, sans aspiration pour une meilleure société à l’intention des générations futures, celles de nos enfants et de nos petits enfants. La politique. Le point commun de la plupart des livres que j’ai lu durant la dernière année.

À l’aube d’une nouvelle campagne électorale fédérale, je crois qu’il est grand temps de faire revivre le blogueur en moi et de faire d’une pierre d’un coup. Après tout, ça me fera du bien d’écrire un peu plus en français, et de délaisser un peu la rédaction de mes manuels techniques.

Merci à l’avance de me suivre, de me ramener à l’ordre et de débattre avec moi! Un de mes anciens patrons disaient que seuls les fous ne changent pas d’idée. Alors ne vous gênez pas pour réussir à prouver que je ne suis pas fou…