Archives de la catégorie ‘Éducation’

Déjà 4 ans que j’ai fait mon entrée dans le merveilleux monde de la politique scolaire. Mon fils aîné venait de faire son entrée à la maternelle et désirant m’impliquer dans son école, j’ai accepté d’être membre du Conseil d’établissement. Quelques semaines plus tard, je devenais le président de ce même conseil, mandat renouvelé à chaque année depuis, et pour une 5e fois il y a quelques semaines.

Disons que mon premier mandat n’a pas été de tout repos, avec une pseudo-consultation sur la fermeture de l’École des Grandes-Marées (on sait maintenant que les « dés étaient pipés » depuis belle lurette…). Les années qui suivirent m’ont amené à travailler sur le dossier de l’implantation de l’enseignement intensif de l’anglais en 6e année, mais aussi à surveiller quelques autres dossiers un peu plus épineux.

Ceux qui me connaissent savent que je suis généralement quelqu’un de consensus; qui croit aux compromis, à la discussion; qui est également optimiste de nature, et qui pense que l’on peut toujours améliorer les choses.

C’est également ces principes qui dictaient, il y a 4 ans, mon opinion sur les commissions scolaires. Monstres étatiques étaient certes un peu balourds, et méritaient probablement un bon coup de barre, mais pas qu’on y mette le feu comme voulait alors le faire l’ADQ.

Ceux qui me connaissent extrêmement bien savent maintenant que même si je demeure une personne très réformiste et « de consensus », je suis passé dans le camp des abolitionnistes des commissions scolaires.

La liste des griefs que j’ai envers les commissions scolaires (et surtout envers la Commission scolaire des Découvreurs) est très longue:

  • Manque flagrant de transparence: une lecture attentive des procès-verbaux des réunions du Conseil des commissaires montre d’ailleurs un taux anormalement élevé de discussions à huis clos.
  • Manque d’écoute et d’esprit de collaboration: la population de Cap-Rouge a longtemps réclamé des changements à l’École des Grandes-Marées, seule école offrant du secondaire à Cap-Rouge même, afin qu’elle demeure viable; les demandes ont toujours été refusées, voire mêmes ignorées.
  • Manque de proactivité: dans le dossier de l’anglais intensif, nous avons volontairement repoussé d’un an l’implantation de ce programme, afin que la CSDD nous aide à bien le préparer; c’est plutôt notre corps enseignant qui a tenu le projet à bout de bras, même au niveau de la macro-planification des programmes (transition 5e-6e).
  • Intimidation et désinformation: j’ai même su entre les branches que certains membres de l’exécutif répandaient de fausses rumeurs à mon sujet, et qu’il tentaient de semer la zizanie entre certains membres de notre Conseil d’établissement et des commissaires indépendants; plutôt impressionnant pour des élus, qui de surcroît, adoptent des programmes et mesures pour lutter contre l’intimidation dans les écoles.

Les élections scolaires

Avec un taux de participation moyen avoisinant les 8% en 2009, il ne fait nul doute que les commissaires élus ont peu ou pas de légitimité. Et qu’ils peuvent agir à leur guise, sans compter qu’avec un tel taux de participation, une équipe bien organisée peut facilement faire sortir le vote en sa faveur. Bref, le résultat est un pallier de « gouvernement » digne d’une république de bananes.

La dernière réforme a vu le nombre de commissaires diminuer de moitié, et l’apparition d’un suffrage universel pour l’élection du président. À défaut de voir les commissions scolaires disparaître, on pourrait s’attendre à ce qu’un vent de changement s’amène au sein des conseils de commissaires, ébranlant le statu quo et mettant fin aux pratiques obscures de certains présidents de commissions scolaires ayant souvent une trop grande proximité avec la direction générale.

Mais la clé d’un tel changement réside aussi dans une hausse du taux de participation, qui aurait été facile à obtenir en jumelant les élections scolaires avec les dernières élections municipales. On aurait aussi alors pu sauver des coûts. Le précédent gouvernement a raté cette belle occasion.

C’est pourquoi, depuis quelques semaines, j’invite tout mon entourage à voter. En grand nombre. Pour des candidats indépendants qui veulent changer les choses (car il y en a, croyez-moi…).

Mais il y a un os…

Le dilemme libéral

C’est archiconnu: le parti Libéral du Québec compte dans ses membres un grand nombre de commissaires et de directeurs de commissions scolaires. Les conseils de commissaires sont même vus, par certains, comme étant un « Boys Club » du parti, un tremplin vers un rôle de candidat et, éventuellement, de député ou même de ministre.

Le ministre Bolduc est toutefois conscient du manque de légitimité actuelle du processus d’élections scolaires. Mais plutôt que de proposer une abolition ou une réforme complète, il soumet la question à un « référendum », en quelque sorte: le taux de participation déterminera l’avenir des commissions scolaires. Comprenez-vous maintenant un peu mieux mon dilemme ?

Si je vote, j’encourage le maintien de la structure actuelle.

Si je ne vote pas, je risque fort de maintenir en place des ardents défenseurs de la structure actuelle.

N’ayant pas trop confiance en une abolition par les libéraux et sachant qu’un tel processus pourrait prendre du temps, je vais donc voter le 26 octobre par anticipation (ou le 2 novembre), pour des candidats indépendants.

Un dernier mot sur les candidats indépendants

Bien qu’on mette souvent tous les commissaires dans le même panier, sachez qu’il en existe encore qui sont là pour les vraies raisons: le bien-être des élèves, et une bonne gestion des taxes scolaires payées par tous les citoyens propriétaires. Et que parmi ces commissaires (et candidats) indépendants, nombreux sont ceux qui souhaitent ardemment une réforme complète, voire même l’abolition des commissions scolaires.

Si vous recevez la visite ou un téléphone d’un candidat indépendant, veuillez l’accueillir avec respect: il veut comme vous améliorer les choses, maximiser les services offerts aux élèves, et alléger la structure. Et allez voter le 2 novembre.

Je suis de ceux qui croient, malgré tout le cynisme ambiant, qu’une majeure partie des gens qui s’en vont en politique y vont d’abord et avant tout pour de bonnes raisons. Bien sûr, tous ne s’entendent pas sur la notion de bien commun; sur ce qui est mieux pour le Québec et les québécois; sur le niveau d’interventionnisme que doit exercer l’état; etc. Mais leur démarche est habituellement sincère et empreinte de bonne foi.

Tel que prévu, j’ai cassé la croûte hier midi avec M. Mario Asselin, le candidat de la CAQ dans la circonscription de Louis-Hébert. Et même si je ne peux affirmer encore être sûr à 100% de la décision que je prendrai dans l’isoloir le 7 avril, je ne crois pas que mon instinct me trompe en croyant que M. Asselin fait partie de ces gens de bonne foi qui veulent faire de la politique pour les bonnes raisons.

Ce fut une rencontre brève (environ 1 heure, top chrono), mais bien remplie. L’éducation, comme vous pouvez vous en douter, a occupé la majeure partie de nos discussions. Et ce dossier, croyez-moi, il le maîtrise très bien. Contrairement à ce que peuvent prétendre ses adversaires dans ce dossier (et les dirigeants des commissions scolaires), la CAQ a un plan bien précis pour l’abolition des commissions scolaires (et aussi des directions régionales, qui n’ont apparemment que des fonctions administratives sans impact direct sur le service donné aux élèves). Pas question de saborder le tout sans avoir un plan de remplacement concret, qui ne consiste pas en l’ajout d’une nouvelle couche de structures: on parle ici d’abolir deux niveaux de structures (les commissions scolaires et les directions régionales), pour donner plus de pouvoir (mais aussi de responsabilités et d’imputabilité) aux directions d’école et aux conseils d’établissement; bref, à ceux qui sont les plus près de la réalité et des besoins des élèves. Et ce n’est ici qu’un bref résumé de notre discussion.

Nous avons manqué de temps pour discuter des enjeux locaux, mais M. Asselin semblait avoir fait ses devoirs. Louis-Hébert est un large comté aux besoins divers, s’étendant de la Pointe-Ste-Foy à St-Augustin, en passant bien entendu par Cap-Rouge. Et son expérience acquise en tant que Conseiller senior dans l’aile parlementaire de la CAQ semble l’avoir bien préparé pour un rôle de député, et qui sait, peut-être de ministre.

Mes amis me croyant un peu fou de pencher vers un parti « de droite », je lui ai posé la question qui tue: « la CAQ, vous la placez où sur l’échiquier politique ? » Sa réponse un peu longue (mais franche et complète, comme je les aime) débute par ce qui distingue fondamentalement la CAQ du PQ et du PLQ: cette trêve sur la question nationale, qui fait en sorte que souverainistes et fédéralistes (mais tous nationalistes) reportent de 10 ans tout débat sur cette question. Il insiste sur le fait que le parti ne se ferme à aucune des deux options (signature de la constitution ou souveraineté); mais que tous les candidats se sont engagés à demeurer neutre dans ce débat pour 10 ans.

Ce qui, selon lui, définit le mieux la CAQ, c’est la prépondérance du pragmatisme dans leur approche. Lorsqu’il fait face à un problème, M. Asselin ne se demande pas s’il doit réagir avec une solution de gauche ou de droite;  il tente de trouver la meilleure solution dans les circonstances, indépendamment de l’étiquette qui y sera par la suite attachée. Réponse de politicien ? Peut-être. Mais la réponse est sincère et sentie, et je suis prêt à le croire sur parole.

Sur son blogue, il se définit comme étant à droite économiquement, et à gauche socialement. Mais de son propre aveu, certains des changements économiques que lui-même et son parti prônent sont autant à gauche qu’à droite.

En conclusion, je crois me reconnaître beaucoup dans ce candidat; un idéaliste, certes, mais dont l’expérience et la sagesse l’oblige à faire preuve de plus de réalisme et moins d’utopisme (que moi). Dans un monde idéal, je voterais donc probablement pour Mme David en tant que Première Ministre, mais pour M. Asselin en tant que mon député; le mode de scrutin actuel ne le permet malheureusement pas.

À la lumière de cette rencontre, ceux qui me connaissent bien comprendront pourquoi, plus que jamais, mon cœur balance entre la société idéale que j’entrevois pour le Québec (celle prônée par Québec Solidaire), et sur ce que l’on pourra en faire à court et moyen terme.

Mon choix se précise… Plus que que 5 jours…

J’en ai lu des vertes et des pas mûres depuis le début du conflit qui oppose les étudiants  au gouvernement sur la question des frais de scolarité, et qui s’est littéralement transformé en grand mouvement social. Je sais qu’il y a eu des débordements argumentaires et émotifs (pour ne pas dire démagogiques) dans les deux camps. L’objectif de ce billet n’est pas d’en faire l’énumération, ou de faire la démonstration que les « verts » ont été plus ignobles que les « rouges » (ou vice-versa). Je tiens seulement à démonter un cheval de bataille de plusieurs détracteurs du mouvement de protestation actuel, à l’effet que celui-ci soit dirigé et essentiellement constitué d’adeptes du statu quo.

Les manifestants du statu quo?!

Ainsi, d’après André Pratte et Alain Dubuc (La Presse), Martin Coiteux, Joseph Facal (JdQ/JdM), Richard Martineau (TVA, JdM, JdQ), les manifestants et protestataires sont des tenants du statu quo. Ce sont des bébés gâtés qui veulent uniquement préserver les acquis actuels sans aucun ajustement ou changement. Que les manifestants croient (c’est du moins la prétention de ces chroniqueurs) qu’il soit possible de maintenir les frais de scolarité bas, sinon de les abolir, sans aller chercher de l’argent neuf pour nos universités ailleurs. Et qu’il en est de même pour pas mal tous les services publics. Et bien sûr, les manifestants veulent toutes ces choses aveuglément, étant manipulés et à la merci des grandes et méchantes centrales syndicales qui sont la cause réelle de tous les problèmes du Québec. Car après tout, les problèmes dans l’industrie de la construction sont manifestement la preuve que tout ce qui tourne pas rond au Québec est la faute du syndicalisme et l’État Providence, non? (sarcasme)

Je suis POUR le changement

Je ne parlerai pas au nom de tous les manifestants. Je crois que nul n’a le droit de le faire, puisque nous sommes pas un bloc homogène. Je parlerai en mon nom propre et j’inviterai d’autres à y joindre leur voix et à manifester leurs propres différences s’ils le désirent.

Je ne suis pas un partisan du statu quo. C’est bien mal me connaître que de croire que je suis allergique au changement. Je suis, comme tout être humain, naturellement résistant au changement, à l’inconfort qu’il apporte à mon quotidien. Mais je ne m’y oppose pas fondamentalement, pour autant qu’il soit pour le bien de la collectivité. Je suis donc un partisan du changement.

Mais contrairement aux chroniqueurs et éditorialistes susmentionnés, je crois qu’il est possible de réformer le système actuel vers la gauche, plutôt que vers le centre ou la droite. Ce qui ne veut pas dire de gaspiller davantage. Ni de donner plus de pouvoirs aux centrales syndicales qui font preuve du même esprit de corporatisme que certaines grandes entreprises. Aller vers la gauche ne veut pas dire non plus d’augmenter la dette à l’infini, ni de transformer le Québec en bastion communiste.

(Petite parenthèse en passant…. Pour ceux qui l’ignorent, le communisme n’a jamais réussi à s’implanter en Russie, qui s’est contenté de faire dérailler un régime socialiste à grands coups de totalitarisme et de corruption); et en Chine, actuellement, on a davantage affaire à une dictature capitaliste, qu’à un régime en bonne et due forme; et pour ce qui est de Cuba, il n’y a de communiste que le parti au pouvoir, mais on a plutôt affaire à un régime socialiste. Tout ça pour dire que le communisme est une vue de l’esprit inatteignable, et probablement non souhaitable. Alors n’ayez crainte: si c’est le communisme qui vous fait vraiment peur, c’est pas demain la veille que le Québec se tournera vers ce modèle de gouvernance…)

Je crois en un État fort, mais efficace, où tous les employés seraient fiers et adeptes de l’amélioration continue; pas pour travailler plus, mais pour en venir à améliorer constamment les services livrés à la population, et à en réduire progressivement les coûts, en éliminant le gaspillage. Je crois en une exploitation juste et équitable de nos ressources naturelles, qui considérerait l’environnement au même niveau que l’économie. Je crois en la modernisation du mouvement syndical, qui jadis fut  un modèle à l’international, et qui gagnerait à s’inspirer de ce qui se fait maintenant dans les pays scandinaves. Je crois en l’entrepreneuriat et l’innovation, et à la participation de tous les citoyens à la croissance d’une économie nouvelle, basée sur le savoir et le développement durable. Et je crois que TOUS les québécois devraient en bénéficier de manière juste et équitable, à la hauteur des efforts qu’ils voudront y mettre. Je vois mal en quoi ceci incarne le statu quo…

Chasser le statu quo et il revient au galop

Et si, au contraire, faire la promotion du statu quo était en fait de se taire et de laisser choses empirer? De laisser la corruption gangrener la société québécoise au point de devenir une nouvelle Grèce? De laisser nos dirigeants transférer le fardeau de la dette et de la fiscalité sur les épaules des jeunes travailleurs, plutôt que de répartir le tout convenablement entre les jeunes et les moins jeunes, les entreprises et les travailleurs? De conserver ce système parlementaire britannique qui alimente le cynisme citoyen, plutôt que d’opter pour un système proportionnel mixte, voire même à deux tours? De… (ah non, fait pas ça Math… c’est pas une bonne idée… et tant pis, je me lance…) … de demeurer au sein d’un pays qui nous ressemble de moins en moins, exempt de projet de société et dans lequel nous ne voulons pas que nos enfants grandissent?

Et si c’était ça le statu quo, en quoi les manifestants de ce printemps érable en serait-ils les plus farouches défenseurs? Je crois que l’on devrait relancer la balle à tous ces chroniqueurs mentionnés précédemment, leur dire de se regarder dans le miroir, puis d’aller se faire voir ailleurs! (j’aimais mieux la mouture originale de cette phrase, mais c’était vraiment beaucoup moins poli…)

Peut-être bien que je suis un rêveur. Peut-être aussi que je suis légèrement idéaliste, voire même utopiste. Ça me convient et je sais porter le chapeau lorsqu’il me va. Mais adepte du statu quo, ah ça, pas du tout!

Depuis le début du conflit, j’analyse, j’explique, j’argumente, je décrie, je débat. Je crois l’avoir fait avec respect, avec tous mes amis, collègues de travail et membres de ma famille. Et jamais, au grand jamais, il ne me serait venu à l’idée d’imposer mes idées aux autres; de restreindre leur droit à la liberté d’expression.

Je crois l’avoir fait avec respect. Mais je m’apprête ici à franchir la ligne pour une catégorie de personnes: celles qui croient tellement en la hausse de frais de scolarité qu’ils sont prêts à accepter une loi aussi anti-démocratique et anti-constitutionnelle. Car il faut être soit stupide, soit égocentrique, soit totalement inconscient pour accepter que des droits démocratiques aussi fondamentaux puissent être brimés, alors d’autres moyens sont actuellement à la disposition du gouvernement et des forces de l’ordre pour ramener la paix sociale et faire respecter certaines libertés individuelles qui semblent brimer.

Que l’on soit pour ou contre la hausse de frais de scolarité, il faut effectivement être stupide pour jouer le jeu d’un Premier Ministre (qui lui ne l’est pas) si imbu de lui-même et accroché au pouvoir qu’il est prêt à diviser, mentir, salir, et ridiculiser toute une frange de la population, tout en brimant leurs droits les plus élémentaires, au nom d’une prétendue démocratie dont il ne mérite plus d’en être le représentant.

Car Charest est en train de gagner son pari. Misant sur l’inculture et la stupidité d’une frange de la population, il est en train de convaincre ceux qui étaient jusqu’à tout récemment insatisfaits de sa vision et gestion du Québec, qu’une seule cause mérite soudainement qu’il fasse le plein de vote. Qu’on lui redonne notre confiance, alors qu’il ne la mérite pas. Et il la mérite encore moins, en tant que Ministre de la Jeunesse, de les museler à ce point, sans même avoir pris le temps de discuter avec eux.

J’ai honte aujourd’hui. Hier, j’avais honte en mon gouvernement. Aujourd’hui, à la lecture des sondages, j’ai honte des québécois. Un mélange de honte de dégoût.

Je le redis: j’ai honte de voir certains de mes concitoyens aveuglés à ce point par le conflit qu’ils en soient rendu à accepter des conditions démocratiques dignes de pays totalitaires; j’ai honte de voir une aussi faible auto-défense intellectuelle de mes concitoyens; j’ai honte de voir qu’ils leur reste si peu d’intelligence et de sens critique.

J’ai honte. Tellement, tellement, tellement honte…

I Wish I Had a Schilling
(For Each Senseless Killing)
For Every Senseless Killing
I’d Buy a Government
America’s for Sale
And You Can Get a Good Deal on It
(A Good Deal on It)
And Make a Healthy Profit
Or Maybe, Tear It Apart
Start With Assumption
That a Million People are Smart
Smarter Than One

– NoFX, The Decline (1999)

C’est triste de voir que même 13 ans plus tard, l’intégralité des paroles de cet opus de 18 minutes du groupe NoFX est totalement d’actualités. Et que ce déclin s’accélère également chez nous, au nord de la frontière.

Vous ne connaissez pas? Voici votre chance:

Ce qu’il y a de bien avec le fait de manifester une certaine ouverture d’esprit, c’est que nos idées peuvent évoluer.

Il y a une quinzaine d’années, j’étais un étudiant du cégep, le regard un peu trop posé sur mon nombril, curieux, mais peu instruit sur les affaires du monde, et qui n’avait pour seule source d’information qu’une certaine radio de Québec, où sévissait déjà à l’époque un dénommé Fillion au micro de son monde parallèle. Dans mes discussions, je versais donc dans le même argumentaire mal appuyé que je reproche aujourd’hui à certains auditeurs de CHOI, ne faisant que répéter tout haut ce que j’entendais à la radio tout fort, sans trop y réfléchir. Et je m’insurgeais ensuite contre ceux qui n’étaient pas d’accord avec moi, prétextant qu’ils ne comprenaient rien à rien, etc.

Déjà après quelques années d’université, avec un accès plus grand à de l’information provenant de sources variées (entre autres grâce à internet), et une certaine maturité de ma part, mon discours était déjà plus nuancé, plus ouvert à une vraie discussion: celle qui se base sur des arguments solides et défendables, mais qui concède aussi les erreurs factuelles et balaye de la main les propos démagogues et empreints de préjugés. Le genre de discussions que l’on retrouve moins aujourd’hui, avec des opinions toujours plus polarisées et de plus en plus démagogues

Enfin… lors d’une de ces discussions avec des collègues de travail, il fut alors question des assistés sociaux, de ces « maudits BS qui vivent au crochet de la société ». J’avais lancé l’idée qu’un assisté social ne devrait peut-être pas dépenser son chèque à fumer, à prendre de la bière ou à acheter un billet de loterie. La réponse d’un collègue: « Ah oui? Ainsi, le BS doit être parfait? Le riche, lui, peut se permettre tous les vices, toutes les luxures, tandis que le BS, lui, devrait vivre la vie parfaite d’un saint reclus? Devra-t-il suivre ce régime vertueux jusqu’à sa mort, même si malgré tous ses efforts il n’arrive pas à ce sortir de sa condition? » Cette idée m’avait fait grandement réfléchir.

La vertu n’est pas l’exclusivité des pauvres

Bien sûr, certains assistés sociaux abusent de ces petits luxes, vivent des problèmes de dépendances à certaines substances, et omettent même de prendre soin de leurs proches en dilapidant ce précieux chèque que nous tous citoyens payeurs de taxes et d’impôts leur donnons chaque mois. Mais pour les autres, pour qui l’aide sociale est un point de non-retour; pour ceux qui travaillent au salaire minimum comme des dingues: n’ont-ils pas eux aussi droit à leur p’tite frette du vendredi, qui apporte un baume sur leurs plaies vives?

La vertu démagogique

Vous vous demandez probablement pourquoi, après plusieurs mois d’inactivité, mon premier billet de blogue en est un sur la pauvreté. D’abord, parenthèse: on ne parlera JAMAIS assez d’inégalités sociales, qu’elle soit intergénérationnelles ou reliées aux classes sociales. Mais non, ce n’est pas pour cette raison que je reprends aujourd’hui ma plume (ou devrais-je dire, mon clavier).

Depuis que le gouvernement Charest a annoncé la hausse des frais de scolarité à l’université, j’entends ce même argument fallacieux sur plusieurs tribunes; cet argument qui semble issu de la même pensée monolithique que j’avais lorsque j’étais endoctriné dans la secte radiophonique de Québec, et qui s’appliquait alors aux assistés sociaux: les étudiants n’ont qu’à prendre deux bières de moins par fin de semaine; ou à ne pas s’acheter d’iPhone; ou à ne pas voyager dans le Sud, etc. Ainsi, à l’instar des assistés sociaux, l’étudiant devrait être un modèle de vertu?

Le citoyen (et le parent) en guise de modèle

Qu’en est-il des citoyens enragés, qui traitent les étudiants de tous les noms en leur enjoignant de reprendre leurs cours en cessant de se prendre pour des enfants gâtés? Et qui pendant ce temps, emplissent leurs marges et cartes de crédits pour aller dans le Sud deux fois par année; pour s’acheter plusieurs télés de 55 pouces à plasma, un iPhone, un iPad, un système cinéma maison; qui dépensent une partie de leur paye en bière, vin, et sorties ?

Contrairement à ceux-ci, qui incluent probablement leurs propres parents, les étudiants devraient faire preuve d’une vertu sans faille? « Faites ce que je dis et non ce que je fais. Et fermez vos gueules! »

Je ne dis pas qu’il est normal pour un étudiant de se payer tout se luxe. Moi-même, en tant qu’étudiant, je faisais preuve de retenue. Mais ça ne m’empêchait pas d’avoir du plaisir. Je me doutais bien qu’une fois mes études terminées, dans le tourbillon du 8 à 4, des enfants, et des comptes à payer, j’aurais probablement beaucoup moins de temps pour mon petit nombril.

Combattre l’endettement, je veux bien, mais tout le monde alors a un examen de conscience à faire. TOUT le monde, pas seulement les étudiants. Mais ceci est un autre sujet.

La hausse: la solution?

Est-ce que la hausse des frais de scolarité est une solution? Est-ce que les étudiants vont vraiment changer leurs habitudes, devenir sages (et ennuyeux) comme des images, et consacrer la majeure part de leur budget à leurs études? Je ne prétends pas détenir la vérité absolue, mais mon petit doigt me dit qu’ils s’endetteront simplement davantage, comme leurs parents, comme leurs concitoyens.

Mais je ne réponds pas à la question: est-ce que la hausse des frais de scolarité est une solution? Euh…une solution à quoi? Au sous-financement des universités? Le problème est-il une question de financement ou plutôt de gestion des sommes actuellement investies dans le système ? Comment peut-on proposer une solution à un problème, si on n’est pas tout à fait sûr de la nature même du problème ? La suite dans un prochain billet…

Je suis un peu en panne d’inspiration ces temps-ci, alors parlons d’un sujet qui me tient à coeur, même si la dernière fois qu’il a fait la manchette remonte à près de 2 mois: les frais de scolarité!

C’est un sujet qui soulève assurément les passions. Et pour cause: si certains débats se font sur un seul axe (social ou économique), l’éducation ne peut être abordé autrement que sur les deux.

Je ne cacherai pas que je prône la gratuité scolaire. Tant de subventions sont données à gauche et à droite, autant pour les plus riches que les plus pauvres. Ce qu’il y a d’intéressant avec la question des frais de scolarité, c’est qu’elle préoccupe d’abord et avant tout la classe moyenne. Et je crois qu’il s’agit du plus bel investissement qu’un état puisse faire dans sa population.

Les gens instruits sont habituellement (et je vais ici peser mes mots) plus préoccupés par leur santé. Ils sont habituellement plus informés. Plus impliqués dans leur milieu et la société en général. Leur apport économique est indéniable, qu’il s’agisse des professionnels de l’économie du savoir ou des travailleurs manuels qui sont essentiels dans toutes les sphères du travail.

Bien sûr, au Québec, nous sommes gâtés: les frais de scolarité étaient gelés depuis belle lurette. Mais est-ce que cela devrait être la seule raison d’une hausse? Les frais sont plus hauts ailleurs, alors il faut aussi les monter… bel exemple de nivelage vers le bas (même si « bas » et « hausse » ne vont pas de prime abord dans la bonne direction).

On invoque aussi souvent l’argument que tout le monde doit faire sa part. Faites-moi rire! Les plus riches qui ne paient pas d’impôt la font-elle, leur part? Et les plus pauvres? Qui écopera, encore, d’une hausse de frais de scolarité? Encore la classe moyenne, assurément. Et en réduisant l’accès à l’éducation supérieure, on prend le risque d’obtenir moins de gens compétents pour nos entreprises et institutions, ce qui ne peut que nous appauvrir davantage; sans compter l’effet collatéral d’une augmentation de l’écart entre les plus riches et les plus pauvres, en réduisant la richesse moyenne de cette même classe moyenne.

Tout le monde à gauche n’est pas de mon avis. Lisée, de son côté, ne croit pas que la gratuité soit viable dans le contexte économique actuel, et propose plusieurs solutions dans son essai « Pour une gauche efficace ». Celle qui m’a semblé la plus intéressante est celle d’un contrat de citoyenneté, et vient principalement s’attaquer au supposé exode des cerveaux. Je me permet ici une petite parenthèse: si des gens instruits quittent la province pour revenir plus tard, avec un meilleur bagage et des idées nouvelles, c’est d’après moi très bénéfique pour tout le monde, pour autant que cet exode ne soit pas permanent.

Je reviens donc à la proposition de Lisée: deux niveaux de tarification, soit la tarification actuelle (avec quelques ajustements, j’y viens), et une tarification majorée, indexée pour se comparer à celles des autres provinces canadiennes. La tarification actuelle serait indexée pour tenir compte des perspectives d’emploi. Car on s’entend qu’un baccalauréat en philosophie ne donnera pas le même taux de placement et les mêmes conditions salariales qu’un ingénieur, un notaire ou un médecin. Si Lisée parle d’un contrat de citoyenneté, c’est qu’il propose qu’un étudiant puisse profiter des tarifs actuels s’il s’engage à passer au Québec 10 des 15 années suivant ses études; il peut donc partir pour 5 ans, dès la fin de son cours, et revenir pour les 10 suivantes; ou encore faire 10 ans de loyaux services au Québec, pour ensuite aller voir si l’herbe est plus verte chez nos voisins canadiens ou américains. Si nos amis libertariens ne veulent pas signer un tel contrat, libre à eux: mais ils doivent payer des frais de scolarité semblables à ce qui se paie ailleurs.

Je pourrais écrire sur le sujet encore davantage, mais je préfère vous lire là-dessus, question de ne pas faire de débat à sens unique. 🙂

Je vous laisse en terminant sur deux lettres ouvertes publiées au début avril sur Cyberpresse: la première applaudissait la hausse des frais de scolarité, et la seconde répliquait fort bien à la première. Je vous laisse sur la finale de la dernière lettre, signée par des étudiants universitaires de premier cycle:

Mais là où, à notre sens, M. McSween dépasse les bornes, c’est dans sa tendance à appliquer la logique du marché au monde de l’éducation. L’éducation n’est pas un panier de bleuets du marché Jean-Talon ou un four à micro-ondes de chez Brault & Martineau: sa valeur ne peut être chiffrée pour la simple et bonne raison qu’elle dépasse (et de beaucoup) ce qu’un marché boursier peut évaluer.

L’éducation est bien plus qu’un «investissement» ou un simple service. Ce n’est pas un REER ou une police d’assurance. L’éducation est ce qui fait la différence entre une société éveillée et une société aliénée, entre un citoyen et un simple engrenage du système. L’éducation est ce qui fait que des générations entières ont pu, à travers l’Histoire, s’émerveiller du savoir cumulé par l’humanité au fil des âges, et d’avoir la capacité et le courage d’y contribuer à leur tour.

L’éducation, de l’enfance à l’âge adulte, n’est pas un privilège. C’est un droit et un devoir pour chacun d’entre nous. Vouloir la monnayer, en faire un vulgaire produit pour les centres d’achats de la nation, est une insulte contre l’espèce humaine et l’idée même de progrès.

Je proposais dans mon billet de prendre du recul dans nos vies respectives, par rapport à nos priorités de vie, suite à la grande couverture médiatique de l’affaire Turcotte.

Un enseignant et père de deux jeunes enfants, Martin Dubé a fait mieux : il a mis le doigt sur une partie du bobo, et a écrit une lettre ouverte très pertinente et intéressante sur l’estime de soi, surtout celle que l’on doit inculquer à nos garçons.

Je vous invite à la lire, mais si le temps vous manque, l’essentiel se trouve dans les deux derniers paragraphes:

À mon sens, pour sauver les hommes d’eux-mêmes, il faut arrêter d’attendre que de telles catastrophes se produisent. En tant que parent, mais surtout en tant qu’être humain, nous devons inculquer à nos garçons une meilleure estime d’eux-mêmes. Pas au niveau académique ou sportif, mais au niveau des sentiments. Il faut les faire parler de ce qu’ils ressentent, les laisser pleurer, ne pas les juger, et leur faire comprendre que l’amour d’une femme est une chose formidable, mais qu’ils demeurent des êtres à part entière quand celui-ci disparaît.

Alors au lieu d’écouter la télé nous raconter les horreurs sur lesquelles nous n’avons aucune emprise, prenons quelques minutes pour leur montrer que parler de ses émotions, c’est aussi un truc de gars.

Voilà ce que j’appelle de la réflexion positive et constructive, malgré un drame si horrible. La nature humaine, c’est aussi ça. Un pouvoir de réflexion, et un désir d’évolution. L’homme est capable du pire… mais aussi parfois du meilleur.

J’ai assisté hier à une séance spéciale du comité de parents de la Commission scolaire des Découvreurs (CSDD), à laquelle étaient conviés les présidents des conseils d’établissement de la commission scolaire.

Pour faire un petit cours de commission scolaire 101, sachez que dans chaque commission scolaire, il y a plusieurs écoles, toutes sous la supervision d’un ou plusieurs directeurs et directeurs adjoints; mais qu’il existe aussi un conseil d’établissement par école (ou école institutionnelle, j’y arrive…), constitué de parents et de membres du personnel, qui doit être consulté par la direction et qui a un certain pouvoir d’adoption et de résolution. Je suis actuellement président du conseil d’établissement de l’école institutionnelle des Grandes-Marées / Marguerite-d’Youville, soit le regroupement de deux écoles en une seule entité. Il y a également un comité de parents, constitué d’un parent par école, institutionnelle ou pas, et délégué par le conseil d’établissement.

Bref, la direction-générale s’est invitée à la réunion mensuelle du comité de parents pour nous présenter les nouvelles règles budgétaires applicables aux commissions scolaires en 2011-2012. Et c’est là que ça devient intéressant.

La priorité en éducation

Il y a 2 mois, le gouvernement Charest sortait en grande pompe un budget mettant l’éducation en tête de liste des priorités: tableaux blancs interactifs, anglais intensif à l’école primaire, réduction du nombre d’élèves dans les classes, portables pour les enseignants… bref, beaucoup de tape-à-l’oeil, de nananes électorales pour le petit peuple peu informé. Rapidement, les syndicats  et la fédération des commissions scolaires ont indiqué que tout ça, c’était bien beau, mais que ce n’était pas dans leurs priorités, et que ce n’était pas ce qui était demandé.

Récemment, certains enseignants critiquaient fortement la politique visant à faire compter un élève en difficulté pour 3, mais en enlevant les ressources additionnelles prévues pour supporter l’enseignant principal. En gros, on enlève au prof l’éducateur spécialisé qui pouvait l’aider avec le jeune en problème, mais on lui donne deux chaises vides autour du dit élève; en prime, la commission scolaire doit faire plus de groupes, donc payer plus d’enseignants… bref, on a simplement déplacé le problème ailleurs. Non pas que de réduire le nombre d’élèves par classe soit une mauvaise chose. Mais ça, ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Des compressions… prioritaires

Le gouvernement Charest a récemment adopté la loi 20, qui force les commissions scolaires à faire des compressions administratives relativement importantes. Même si l’éducation est une priorité, on peut comprendre que tout le monde soit appelé à faire sa part. Le hic, c’est que de nouvelles compressions supplémentaires ont été annoncées aux commissions scolaires tout récemment, au moment où celles-ci doivent boucler leurs budgets d’effectifs. Et on leur demande en prime de le faire sans que ce soit au détriment des services aux élèves. Si je me fie aux chiffres présentées par la CSDD, ce sera pour eux une mission impossible.

Les chiffres de la CSDD

On s’entend que je n’ai pour l’instant qu’une version de l’histoire. Mais en voici les grandes lignes:

  • Le budget de la CSDD est de 131 millions de dollars, soit 27 millions provenant des taxes scolaires et 104 millions en subventions gouvernementales; ces subventions dépendent du nombre d’élèves inscrits à l’une ou l’autre des écoles de la CSDD. Les taxes perçues sont à la limite de ce qui est prescrit par la loi.
  • Sur ce montant, des compressions supplémentaires de l’ordre de 1,5 millions sont demandées, soit 1,1%.
  • Les activités administratives de la CSDD représentent environ 7 millions de dollars, soit 5.3% du budget total. Ceci veut dire que pour chaque dollar géré par la CSSD, 0,95$ revient en services à l’élève. Toujours selon la CSDD, peu d’instances politiques peuvent se vanter d’un tel niveau d’efficacité, citant à titre d’exemples plusieurs villes, dont celles de Montréal (26% du budget passé en dépenses administratives).
  • Sur le 7 millions, 1 millions de dollars sont attribués à des dépenses incompressibles, de par la loi.
  • À défaut de couper  1,5 millions sur les activités administratives, soit 21% de cette enveloppe budgétaire, les services aux élèves risquent d’être affectés.

Donner d’une main pour reprendre de l’autre

Je retiens deux choses de cette présentation de la CSDD.

La première est que le gouvernement Charest est très habile à donner d’une main pour reprendre de l’autre. D’autant plus qu’il augmente le budget d’investissement, mais oblige les commissions scolaires à couper dans le budget de fonctionnement. Le gouvernement finance donc ses mesures bonbons en coupant les vivres aux commissions scolaires. Et puisque les commissions scolaires ont mauvaise presse, ils s’attendent probablement à ce que ça passe comme une lettre à la poste.

La deuxième, c’est que si les commissions scolaires sont aussi inefficaces que le prétendent les tenants de la droite, est-ce que la CSDD est l’exception à la règle, ou est-ce que 5% est un taux vraiment si élevé de frais administratifs?

Maintenant que le citron des commissions scolaires est totalement pressé, le gouvernement pourrait-il plutôt aller voir ce qui se passe dans les bureaux du Ministère de l’éducation, des loisirs et du sport (MELS) ?