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Déjà 4 ans que j’ai fait mon entrée dans le merveilleux monde de la politique scolaire. Mon fils aîné venait de faire son entrée à la maternelle et désirant m’impliquer dans son école, j’ai accepté d’être membre du Conseil d’établissement. Quelques semaines plus tard, je devenais le président de ce même conseil, mandat renouvelé à chaque année depuis, et pour une 5e fois il y a quelques semaines.

Disons que mon premier mandat n’a pas été de tout repos, avec une pseudo-consultation sur la fermeture de l’École des Grandes-Marées (on sait maintenant que les « dés étaient pipés » depuis belle lurette…). Les années qui suivirent m’ont amené à travailler sur le dossier de l’implantation de l’enseignement intensif de l’anglais en 6e année, mais aussi à surveiller quelques autres dossiers un peu plus épineux.

Ceux qui me connaissent savent que je suis généralement quelqu’un de consensus; qui croit aux compromis, à la discussion; qui est également optimiste de nature, et qui pense que l’on peut toujours améliorer les choses.

C’est également ces principes qui dictaient, il y a 4 ans, mon opinion sur les commissions scolaires. Monstres étatiques étaient certes un peu balourds, et méritaient probablement un bon coup de barre, mais pas qu’on y mette le feu comme voulait alors le faire l’ADQ.

Ceux qui me connaissent extrêmement bien savent maintenant que même si je demeure une personne très réformiste et « de consensus », je suis passé dans le camp des abolitionnistes des commissions scolaires.

La liste des griefs que j’ai envers les commissions scolaires (et surtout envers la Commission scolaire des Découvreurs) est très longue:

  • Manque flagrant de transparence: une lecture attentive des procès-verbaux des réunions du Conseil des commissaires montre d’ailleurs un taux anormalement élevé de discussions à huis clos.
  • Manque d’écoute et d’esprit de collaboration: la population de Cap-Rouge a longtemps réclamé des changements à l’École des Grandes-Marées, seule école offrant du secondaire à Cap-Rouge même, afin qu’elle demeure viable; les demandes ont toujours été refusées, voire mêmes ignorées.
  • Manque de proactivité: dans le dossier de l’anglais intensif, nous avons volontairement repoussé d’un an l’implantation de ce programme, afin que la CSDD nous aide à bien le préparer; c’est plutôt notre corps enseignant qui a tenu le projet à bout de bras, même au niveau de la macro-planification des programmes (transition 5e-6e).
  • Intimidation et désinformation: j’ai même su entre les branches que certains membres de l’exécutif répandaient de fausses rumeurs à mon sujet, et qu’il tentaient de semer la zizanie entre certains membres de notre Conseil d’établissement et des commissaires indépendants; plutôt impressionnant pour des élus, qui de surcroît, adoptent des programmes et mesures pour lutter contre l’intimidation dans les écoles.

Les élections scolaires

Avec un taux de participation moyen avoisinant les 8% en 2009, il ne fait nul doute que les commissaires élus ont peu ou pas de légitimité. Et qu’ils peuvent agir à leur guise, sans compter qu’avec un tel taux de participation, une équipe bien organisée peut facilement faire sortir le vote en sa faveur. Bref, le résultat est un pallier de « gouvernement » digne d’une république de bananes.

La dernière réforme a vu le nombre de commissaires diminuer de moitié, et l’apparition d’un suffrage universel pour l’élection du président. À défaut de voir les commissions scolaires disparaître, on pourrait s’attendre à ce qu’un vent de changement s’amène au sein des conseils de commissaires, ébranlant le statu quo et mettant fin aux pratiques obscures de certains présidents de commissions scolaires ayant souvent une trop grande proximité avec la direction générale.

Mais la clé d’un tel changement réside aussi dans une hausse du taux de participation, qui aurait été facile à obtenir en jumelant les élections scolaires avec les dernières élections municipales. On aurait aussi alors pu sauver des coûts. Le précédent gouvernement a raté cette belle occasion.

C’est pourquoi, depuis quelques semaines, j’invite tout mon entourage à voter. En grand nombre. Pour des candidats indépendants qui veulent changer les choses (car il y en a, croyez-moi…).

Mais il y a un os…

Le dilemme libéral

C’est archiconnu: le parti Libéral du Québec compte dans ses membres un grand nombre de commissaires et de directeurs de commissions scolaires. Les conseils de commissaires sont même vus, par certains, comme étant un « Boys Club » du parti, un tremplin vers un rôle de candidat et, éventuellement, de député ou même de ministre.

Le ministre Bolduc est toutefois conscient du manque de légitimité actuelle du processus d’élections scolaires. Mais plutôt que de proposer une abolition ou une réforme complète, il soumet la question à un « référendum », en quelque sorte: le taux de participation déterminera l’avenir des commissions scolaires. Comprenez-vous maintenant un peu mieux mon dilemme ?

Si je vote, j’encourage le maintien de la structure actuelle.

Si je ne vote pas, je risque fort de maintenir en place des ardents défenseurs de la structure actuelle.

N’ayant pas trop confiance en une abolition par les libéraux et sachant qu’un tel processus pourrait prendre du temps, je vais donc voter le 26 octobre par anticipation (ou le 2 novembre), pour des candidats indépendants.

Un dernier mot sur les candidats indépendants

Bien qu’on mette souvent tous les commissaires dans le même panier, sachez qu’il en existe encore qui sont là pour les vraies raisons: le bien-être des élèves, et une bonne gestion des taxes scolaires payées par tous les citoyens propriétaires. Et que parmi ces commissaires (et candidats) indépendants, nombreux sont ceux qui souhaitent ardemment une réforme complète, voire même l’abolition des commissions scolaires.

Si vous recevez la visite ou un téléphone d’un candidat indépendant, veuillez l’accueillir avec respect: il veut comme vous améliorer les choses, maximiser les services offerts aux élèves, et alléger la structure. Et allez voter le 2 novembre.

Je suis de ceux qui croient, malgré tout le cynisme ambiant, qu’une majeure partie des gens qui s’en vont en politique y vont d’abord et avant tout pour de bonnes raisons. Bien sûr, tous ne s’entendent pas sur la notion de bien commun; sur ce qui est mieux pour le Québec et les québécois; sur le niveau d’interventionnisme que doit exercer l’état; etc. Mais leur démarche est habituellement sincère et empreinte de bonne foi.

Tel que prévu, j’ai cassé la croûte hier midi avec M. Mario Asselin, le candidat de la CAQ dans la circonscription de Louis-Hébert. Et même si je ne peux affirmer encore être sûr à 100% de la décision que je prendrai dans l’isoloir le 7 avril, je ne crois pas que mon instinct me trompe en croyant que M. Asselin fait partie de ces gens de bonne foi qui veulent faire de la politique pour les bonnes raisons.

Ce fut une rencontre brève (environ 1 heure, top chrono), mais bien remplie. L’éducation, comme vous pouvez vous en douter, a occupé la majeure partie de nos discussions. Et ce dossier, croyez-moi, il le maîtrise très bien. Contrairement à ce que peuvent prétendre ses adversaires dans ce dossier (et les dirigeants des commissions scolaires), la CAQ a un plan bien précis pour l’abolition des commissions scolaires (et aussi des directions régionales, qui n’ont apparemment que des fonctions administratives sans impact direct sur le service donné aux élèves). Pas question de saborder le tout sans avoir un plan de remplacement concret, qui ne consiste pas en l’ajout d’une nouvelle couche de structures: on parle ici d’abolir deux niveaux de structures (les commissions scolaires et les directions régionales), pour donner plus de pouvoir (mais aussi de responsabilités et d’imputabilité) aux directions d’école et aux conseils d’établissement; bref, à ceux qui sont les plus près de la réalité et des besoins des élèves. Et ce n’est ici qu’un bref résumé de notre discussion.

Nous avons manqué de temps pour discuter des enjeux locaux, mais M. Asselin semblait avoir fait ses devoirs. Louis-Hébert est un large comté aux besoins divers, s’étendant de la Pointe-Ste-Foy à St-Augustin, en passant bien entendu par Cap-Rouge. Et son expérience acquise en tant que Conseiller senior dans l’aile parlementaire de la CAQ semble l’avoir bien préparé pour un rôle de député, et qui sait, peut-être de ministre.

Mes amis me croyant un peu fou de pencher vers un parti « de droite », je lui ai posé la question qui tue: « la CAQ, vous la placez où sur l’échiquier politique ? » Sa réponse un peu longue (mais franche et complète, comme je les aime) débute par ce qui distingue fondamentalement la CAQ du PQ et du PLQ: cette trêve sur la question nationale, qui fait en sorte que souverainistes et fédéralistes (mais tous nationalistes) reportent de 10 ans tout débat sur cette question. Il insiste sur le fait que le parti ne se ferme à aucune des deux options (signature de la constitution ou souveraineté); mais que tous les candidats se sont engagés à demeurer neutre dans ce débat pour 10 ans.

Ce qui, selon lui, définit le mieux la CAQ, c’est la prépondérance du pragmatisme dans leur approche. Lorsqu’il fait face à un problème, M. Asselin ne se demande pas s’il doit réagir avec une solution de gauche ou de droite;  il tente de trouver la meilleure solution dans les circonstances, indépendamment de l’étiquette qui y sera par la suite attachée. Réponse de politicien ? Peut-être. Mais la réponse est sincère et sentie, et je suis prêt à le croire sur parole.

Sur son blogue, il se définit comme étant à droite économiquement, et à gauche socialement. Mais de son propre aveu, certains des changements économiques que lui-même et son parti prônent sont autant à gauche qu’à droite.

En conclusion, je crois me reconnaître beaucoup dans ce candidat; un idéaliste, certes, mais dont l’expérience et la sagesse l’oblige à faire preuve de plus de réalisme et moins d’utopisme (que moi). Dans un monde idéal, je voterais donc probablement pour Mme David en tant que Première Ministre, mais pour M. Asselin en tant que mon député; le mode de scrutin actuel ne le permet malheureusement pas.

À la lumière de cette rencontre, ceux qui me connaissent bien comprendront pourquoi, plus que jamais, mon cœur balance entre la société idéale que j’entrevois pour le Québec (celle prônée par Québec Solidaire), et sur ce que l’on pourra en faire à court et moyen terme.

Mon choix se précise… Plus que que 5 jours…

Pendant que Janette a peur de l’intégrisme, Philippe a peur de la grande conspiration péquiste

Pendant ce temps, les autres partis tentent de rehausser le niveau du débat, et de nous faire connaître leur programme.

Entre deux choix, mon cœur balance

Pour la première fois depuis belle lurette, je n’aurai pas voté par anticipation. Car mon cœur balance entre de profondes convictions (principalement représentées par Québec Solidaire) et des enjeux plus terre à terre, près de mon quotidien. Car dans ma circonscription de Louis-Hébert, c’est un candidat caquiste qui attire mon attention.

Ceux qui me connaissent bien savent à quel point l’éducation est une question qui me préoccupe grandement. Président d’un Conseil d’établissement depuis bientôt 4 ans, mon implication m’a permis de mieux connaître les Commissions scolaires. J’avais entendu bien des choses à leur sujet, mais rien ne m’avait préparé au constat que je fais aujourd’hui: je crois malheureusement qu’il sera impossible de les réformer et de les rendre plus efficace. Ce palier de gouvernement est non seulement inefficace, mais il est en plus totalement sclérosé et contrôlé par une trop grande majorité de commissaires qui, malgré le fait qu’ils affichent une certaine indépendance, ont une trop grande proximité avec le pouvoir en place. Le taux de participation de 7% aux élections scolaires n’est pas tout à fait étranger à cet état de fait.

Je reviens donc à Louis-Hébert et le candidat caquiste qui y demande un mandat de député auprès de la population. Mario Asselin est un ancien directeur d’école, et un ardent partisan de l’école autonome. Je l’ai contacté pour en savoir plus, et il m’a référé à un ancien billet de son blogue, en plus de m’offrir de le rencontrer pour en discuter.

C’est ainsi que je laisserai « courtiser » par la CAQ demain midi, dans un petit restaurant près de chez moi, tout en apprenant davantage sur l’alternative caquiste aux commissions scolaires.

La suite dans quelques jours…

Rien ne sert d’être chauvin ou partisan : il est clair que le PQ a marqué le premier grand coup de cette campagne électorale, avec la candidature de Pierre-Karl Péladeau dans St-Jérôme (André Pratte parle même d’une « candidature exceptionnelle », c’est peu dire !). Ce qui est moins évident, c’est l’impact réel que cette annonce aura sur le résultat final de ces élections.

Un PQ plus à droite (ou tout simplement « bas les masques »)

Si ce fut une surprise pour plusieurs, l’arrivée de PKP dans l’arène politique pour le PQ ne me surprend guère. On aura beau ressortir les chiffres des contributions politiques de celui-ci (qui ont majoritairement été dans les coffres du PLQ ces dernières années, alors que ce parti était au pouvoir), le fils de Pierre Péladeau a toujours montré un certain penchant nationaliste comme son défunt paternel. Ses fréquentations récentes sont également sans équivoque à cet égard (Julie Snyder est une souverainiste reconnue, tout comme Régis Labeaume qui a déjà brigué une investiture péquiste).

Si d’autres s’étonnent du « virage à droite » du PQ, ça ne fait que confirmer l’impression que j’aie depuis un bon moment : le PQ et le PLQ, c’est blanc-bonnet bonnet-blanc, sauf peut-être sur la question nationale (surtout depuis l’ère Charest) et au niveau des principaux groupes corporatistes influençant ces partis (entreprises et professionnels pour le PLQ; corporations syndicales pour le PQ, bien que plusieurs « syndicaleux » ont probablement déchiré leur carte de membre du PQ le weekend dernier).

Il est peut-être un peu tôt pour confirmer l’élection d’un gouvernement péquiste (minoritaire ou majoritaire), mais les autres partis auront besoin d’un sérieux électrochoc pour briser cette tendance. Et il peut se passer beaucoup de choses dans les 30 prochains jours…

Un PLQ qui se cherche et en mode « réaction »

Le PLQ n’a visiblement pas encore réussi à se trouver un thème fort pour sa campagne. Son slogan des « vraies affaires » a rapidement été tourné en dérision par ses adversaires et semble si populiste qu’il semble avoir été volé à la CAQ. Le dévoilement du trio « santé » n’a pas eu l’effet escompté, et la présence du vire-capot Barrette n’y est pas étrangère. Le trio « économique » du PLQ est solide, mais les « projecteurs économiques » se sont rapidement détournés vers PKP.

À mon avis, le problème du PLQ est structurel : Philippe Couillard est un nationaliste (et non un souverainiste, nuance!), mais c’est encore l’arrière-garde (fédéraliste) de Charest qui est aux commandes du parti. Ceci expliquerait pourquoi Couillard a paru si bancal depuis qu’il a été nommé chef.

Est-il trop tard pour le PLQ ? Dans ces circonstances, je vois mal comment Couillard pourra aller rechercher le vote francophone et de régions qui pourrait ramener le parti au pouvoir. Il devra cesser de réagir et tenter d’imposer son propre agenda s’il espère l’emporter.

La CAQ mangera la claque !

À mon humble avis, c’est la CAQ qui ressortira perdante de toute cette histoire. Comment maintenant se démarquer du PQ et du PLQ, en plein centre de l’échiquier politique ? Les anciens adéquistes doivent présentement se mordre les doigts. Car la droite québécoise continue d’être orpheline de parti, et celle-ci est plus grande que certains peuvent le croire, constituant probablement la majeure partie des abstentionnistes. Je suis sûr que ceux-ci auraient préféré voter pour un ADQ fort que d’avoir à tout reconstruire avec le Parti Conservateur du Québec. Dur dur pour l’égo de Legault, qui voulait qu’on se donne Legault, mais qui va manger une go…

Une autre étape pour Québec Solidaire ?

L’arrivée du plus intransigeant employeur québécois au PQ est un cadeau inespéré pour Québec Solidaire qui risque de faire le plein de votes progressistes et syndicalistes. Bien que plusieurs d’entre eux avaient déjà fait leur deuil du PQ (et j’en suis!), la grande migration risque d’atteindre son apogée lors du prochain scrutin, et cela pourrait aider Québec Solidaire à dépasser grandement son score de 2012. Peut-être pas au point de former l’opposition officielle, mais peut-être de battre la CAQ comme elle l’a fait au niveau de son financement.

Les temps sont durs pour Option Nationale

Le début de ce nouveau cycle référendaire au PQ, combiné au récent départ de Jean-Martin Aussant est une bien mauvaise nouvelle pour Option Nationale. Mince consolation pour ON : la souveraineté est bel et bien revenue à l’avant plan de la scène politique québécoise !

Plus qu’une journée avant que je cesse de vous casser les oreilles avec ça (au bureau, à la maison, dans nos partys), ou que je vous fasse saigner des yeux avec mes textes (sur mon blogue, sur Facebook, ou sur Twitter). « Que voulez-vous », la politique… j’en mange ! Juste à penser à la soirée électorale qui vient, je suis aussi enthousiaste et impatient que les fans de Madonna qui faisaient la queue pour voir le spectacle de samedi sur les Plaines. Et nul doute que je serai devant mon téléviseur et mon ordinateur le « skat » septembre au soir, avec des amis et de la bière québécoise.

Si vous êtes aussi politisé que je ne le suis, je présume que votre idée est déjà faite. Que vous avez même déjà voté. Si c’est le cas, ce billet n’est pas pour vous. Mais si ça vous chante, vous pouvez quand même poursuivre votre lecture, rien de vous en empêche !

Vous êtes encore là ? Fort probablement, vu le haut taux d’indécision (ou de discrétion…) que nous révèlent les trop nombreux sondages qui paraissent presque quotidiennement depuis une semaine.  Et pour la plupart d’entre vous, ce n’est pas vraiment votre faute, entre autres à cause de notre désuet mode de scrutin.

J’ai donc une suggestion à vous faire, et qui n’est pas de voter stratégique. Je pourrais vous dire de voter pour vos convictions, mais vous me direz peut-être que vous êtes fédéralistes et/ou de droite; alors je dois vous concéder qu’il n’y a pas beaucoup de partis qui sont basés sur vos convictions, mis à part des vieux modèles usés jusqu’à l’os.

(P.S. Si vous croyez que la CAQ est un « nouveau  » parti, vous croyez probablement que le père Noël existe, ou que la Chine est un pays communiste… dans le premier cas, je vous suggère de valider l’information auprès de votre maman; dans le second, je relirais la définition de ce qu’est le communisme pour constater que cette bonne vieille république de Chine n’est rien d’autre qu’une dictature capitaliste…)

Ce que je vous propose, ce n’est pas de voter CONTRE (Charest ou Marois), ni de voter pour le moins pire; mais bien de voter POUR. De voter POUR le parti qui VOUS représente le mieux.

Démocratie représentative 101

Trop souvent lors de cette campagne, j’ai lu certains chroniqueurs écrire qu’ils allaient se résigner à voter pour le moins pire; qu’ils allaient se pincer le nez pour aller voter. Je crois qu’ils ont plutôt une mauvaise vision de ce qu’est la démocratie représentative; je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils la confondent avec la démocratie participative, mais je crois que ce doit être le cas de plusieurs personnes.

La démocratie participative, c’est une utopie. En voici une possiblement implémentation: vous vous levez le matin, prenez votre café et votre petit déjeuner. Vous lisez le journal, regardez les infos à la télé. Puis, vous ouvrez votre boîte de courriels, et consultez les divers projets de lois devant être adoptés aujourd’hui. Vous en prenez dûment connaissance, puis vous votez: pour ou contre. Vous consultez ensuite les projets de lois actuellement à l’étude, et soumettez vos propres commentaires et suggestions. Une fois votre devoir citoyen complété, vous allez travailler, vous amuser… ou quoi que ce soit d’autre qui correspond à vos activités actuelles. Wow ! (entk, moi, ça me brancherait…)

Bien sûr, la démocratie participative requiert un incroyable dévouement, une bonne connaissance de dossiers complexes, ainsi que d’une bonne capacité d’analyse et de recul. Nul besoin de vous dire que plusieurs citoyens me semblent inaptes à participer à une telle démocratie. (désolé pour la petite charge élitiste ici, mais je l’assume entièrement!)

Dans la vraie vie, on a donc plutôt affaire à une démocratie représentative: on élit des représentants, qui eux, se chargent de faire ce travail à notre place et dans le meilleur intérêt de tous. (du moins, on l’espère!)

Qui représente ne remplace pas

Quand on appuie un candidat, ce n’est pas qu’on est à 100% d’accord avec lui. C’est que l’on considère que la majeure partie des idées qu’il défend nous rejoint. Ou que les priorités de ce candidat sont les mêmes que nous. Et c’est à nous d’en juger, pas à Richard Martineau ou André Pratte.

Croyez-vous que je bois chacune des paroles de celui pour qui j’ai voté par anticipation, comme s’il s’agissait de la Sainte Évangile ? Bien sûr que non ! Mais je juge que si ce cher Guillaume Boivin est élu député de Louis-Hébert, je suis convaincu qu’il saurait, la plupart du temps, bien me représenter à l’Assemblée Nationale. Et qu’il serait à l’écoute de TOUS ses concitoyens.

Un candidat ne nous remplace pas: il nous représente. Autrement, on n’est jamais mieux servi que par soi-même, et faudrait alors penser à se présenter soi-même comme candidat. Encore faudrait-il que notre comté ne soit peuplé que par des clones de nous-mêmes… (et là je sens que je commence à divaguer… passons au point suivant…)

Voter POUR un représentant

Si on prend pour acquis que l’on est dans une démocratie représentative (et non participative) et que l’on vote pour un représentant (et non un remplaçant), pourquoi focaliser essentiellement sur ce qui ne nous plaît pas des candidats, plutôt que ce qui nous plaît ? Pourquoi tant de pessimisme, de mauvaise foi, et de cynisme ?

La souveraineté vous dérange jusqu’au plus profond de vos tripes, mais vous croyez au progressisme et à la justice fiscale? Pourquoi ne pas voter pour Québec Solidaire ? Parce qu’ils sont souverainistes? Parce qu’ils risquent d’appuyer un gouvernement péquiste minoritaire?

Après tout, le PQ ne tient pas (plus?) d’élection référendaire (ON le fait, par contre): ils vont assurément tenir un référendum avant d’enclencher le processus de souveraineté. Vous n’avez donc rien à craindre et pourrez alors voter NON lors du référendum. Et faudra encore que le fruit soit mûr, car je doute que le PQ se relance dans une telle aventure sans être sûr de l’emporter (jamais deux sans trois, oui, mais. Si la souveraineté est donc visiblement incertaine à court terme, pourquoi alors vous pincez le nez et votez pour Charest ou Legault?

Supposons que vous êtes progressistes, mais pas trop. Que Legault ne vous inspire pas confiance et qu’il vous semble un peu trop radical. Pourquoi ne pas voter PQ ? Parce que Pauline parle mal anglais? Je suis entièrement d’accord avec vous, et j’avoue que je vais ressentir une petite honte si elle ne vient pas à bout d’accélérer son apprentissage de cette langue. Mais ce serait quand même cool que notre province ait pu enfin élire une femme comme Première Ministre, non ? Et tout le reste de ce que le PQ propose, c’est donc si mauvais ?

Voici donc ce que je vous propose, si vous êtes encore indécis.

Allez lire ce que chaque parti propose. Et faites une liste exhaustive de ce qui vous semble intéressant. Si possible, regardez aussi ce que propose vos candidats locaux. Et tentez de faire la somme de ce qui semble le mieux à votre avis, en prenant soin d’éliminer tout ce qui vous apparaît farfelu ou irréalisable.

Quoi ? Il ne reste plus rien dans la liste? Allons… un peu de sérieux, et un peu moins de cynisme… vous pouvez y arriver. Et vous pouvez voter POUR.

Votez rouge, bleu, orange ou vert, mais votez !

Je l’ai trop souvent dit, mais je le redis à nouveau: (et je vais même conclure la campagne là-dessus…)

Si vous votez, peu importe votre choix, vous ne vous serez pas trompé sur une chose: vous aurez bien agi. Restera à voir si ceux qui auront reçu vos votes sauront se montrer digne de l’acte important que vous aurez accompli.

Plusieurs réactions, sur ma page Facebook, suite à mon dernier billet qui traitait du possible aménagement de boîtes de scrutin dans les cégeps et les universités.

D’abord, pour ceux qui en doutent, sachez que le DGEQ aménage déjà des boîtes de scrutins dans les centres d’hébergement pour personnes âgées; accommoder les  étudiants de manière similaire ne serait donc pas une « première ».

Faudrait-il aussi faire de même dans certaines grandes entreprises où le nombre le justifierait? Le nombre, ce n’est pas tout: encore faut-il prouver que les employés des dites entreprises votent peu, et donc qu’ils sont sous-représentés dans les résultats électoraux; ce qui est le cas des jeunes.

L’idée derrière cette initiative est donc d’augmenter le taux de participation chez les jeunes, non seulement en leur facilitant la vie, mais surtout en donnant de la visibilité à cette action citoyenne. Et pour se faire, il faut rejoindre les jeunes non-politisés, désintéressés; pas ceux qui suivent l’actualité politique 7 jours sur 7, car ces derniers trouveront le moyen de voter d’une manière ou d’une autre.

On m’a aussi soulevé l’argument que ce genre d’initiative ne vise qu’à aider le PQ à augmenter son suffrage dans les grands centres urbains, prétextant que les jeunes votent traditionnellement plus PQ et qu’il ferait mieux de s’inscrire dans leur circonscription d’origine. Deux choses à ce sujet:

  • Si les jeunes votent traditionnellement plus PQ, peut-être que c’est aux autres partis de faire des efforts pour plaire à l’ensemble de l’électorat, plutôt qu’à ne viser que les personnes plus âgées (message peu subtil au PLQ);
  • Les jeunes qui étudient « à l’extérieur » n’y font pas qu’étudier: ils y vivent, et doivent « subir » les conséquences des décisions de leurs élus, bien davantage dans leur ville d’adoption (d’études) que dans leur patelin d’origine.

Le réel problème : le manque de représentativité

Toutes ces questions soulèvent une faiblesse évidente de notre système démocratique: le manque de représentativité découlant d’un mode de scrutin désuet. Il faut prendre le virage d’un mode de scrutin proportionnel mixte le plus vite possible , qui permettrait à tous de se sentir bien représentés, quel que soit leur âge, leur lieu de résidence, ou leur ville d’adoption.

Présentement, cette réforme du mode de scrutin n’est établie en tant que priorité que pour deux partis, Québec Solidaire et Option Nationale; le PQ l’a tout récemment retiré de son programme (René Lévesque a dû alors se retourner dans sa tombe, cette initiative étant si chère à ses yeux…); c’était également dans le programme de l’ADQ, jusqu’à ce que le parti atteigne l’opposition officielle,et la CAQ n’en pas fait mention jusqu’à présent; pour des raisons évidentes, le PLQ n’en parle pas non plus.

À mon humble avis, le passage vers un mode de scrutin proportionnel mixte serait le meilleur premier pas à faire pour combattre le cynisme des citoyens à l’égard de la chose politique. Il faut donc exiger de nos candidats locaux qu’ils prennent l’engagement de mettre de l’avant une telle réforme, et qu’ils convainquent l’establishment de leurs partis respectifs qu’il s’agirait d’une mesure positive pour tous les politiciens honnêtes et soucieux de bien représenter la majeure partie de l’électorat.

C’était soir d’élections partielles dans les comtés d’Argenteuil et de Lafontaine hier. Il faut bien sûr toujours prendre les résultats de ce genre d’élections avec un grain de sel, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de leçons à en tirer pour les différents chefs des partis.

J’y vais donc ce matin, à chaud, d’une humble analyse.

La grande gagnante: Pauline

Contre toute attente et à la surprise de tous, Argenteuil est maintenant passé dans le camp péquiste. Bien malin celui qui pouvait prédire une victoire du PQ dans ce château fort libéral, d’autant plus que la CAQ y présentait un candidat vedette issu du Bloc. Or, il semblerait (comme je l’ai déjà mentionné sur ce blogue) que la CAQ puisse faire aussi mal au vote libéral que péquiste, et même peut-être plus encore suite au conflit étudiant.

Tout n’est quand même pas gagné pour Marois: Charest a déjà ressorti l’épouvantail souverainiste pour Legault hier soir et il le fera aussi pour le PQ dès qu’il en aura l’occasion.

Victoire partielle ou défaite partielle pour Jean ?

Dans le climat social actuel, les militants libéraux vous diront qu’il s’agit d’une victoire que d’avoir conservé Lafontaine et de n’avoir perdu que par 500 voix dans Argenteuil. Ils n’ont pas tout à fait tort. J’aimerais par contre porter votre attention sur les taux de participation: 42% dans Argenteuil, ce qui est énorme pour une partielle; et 25% dans Lafontaine, ce qui est correct, mais sans plus, dans les circonstances. Faut-il en comprendre que plus le vote sortira fort, plus les chances de défaite des Libéraux seront grandes aux prochaines élections? Il y a un pas ici que je n’oserai franchir.

Le grand perdant: François

Fallait voir François Legault commenter les résultats d’hier, à chaud, mais surtout visiblement gêné. Car ce devait être un grand jour pour la CAQ. Tout le contraire s’est produit: troisième place dans les deux comtés, et de loin dans Argenteuil où se présentait pourtant un candidat vedette. Legault expliquait donc hier soir que ce n’était pas facile lorsqu’on présentait des solutions audacieuses et difficiles, une réponse malhabile et peu subtile d’un chef qui doit faire le constat suivant: la CAQ doit cesser de faire ce qu’elle reproche aux « vieux partis » depuis son arrivée sur la scène politique, soit d’aligner son programme et sa plate-forme électorale sur les sondages. 2 millions d’absentionnistes n’attendent que ça, un vrai « nouveau parti », et non une vulgaire copie qui ne fait que mettre en veille la question référendaire. Et Legault peut aller chercher le vote des fédéralistes déçus par Charest, même si François Rebello ne lui a visiblement pas simplifié la vie dans les derniers mois…

La division de la gauche souverainiste

Quelques mots sur Québec Solidaire et Option Nationale. Dans le coin orange, les frasques de Khadir ont peut-être fait mal à Québec Solidaire. Certes, on peut blâmer les médias québécois de focaliser davantage sur les faux pas d’Amir que sur les bonnes idées du parti, mais il faudra si faire. C’est un peu le cas de tout le monde, et il se devra, en tant que porte-parole, d’être plus prudent. Et de se rappeler que la ville de Québec (et ses policiers) est beaucoup moins sensible à ses idées…

Du côté d’Option Nationale, les deux sixièmes places d’hier renforcent l’opinion que j’ai du nouveau parti de Jean-Martin Aussant: il s’agit du seul parti qui n’a pas vraiment sa place actuellement sur la scène électorale provinciale. Aussant aurait probablement mieux fait de joindre Québec Solidaire, pour unir la gauche souverainiste, plutôt que de créer un PQ 2.0. Quitte à convaincre Québec Solidaire de parler davantage de son propre projet souverainiste, Pays de projets; mais ces deux partis partagent tellement d’atomes crochus qu’ils ne peuvent mettre l’idée d’une fusion de côté. Sans le PQ, bien sûr.

Ceci étant dit, des élections partielles veulent rarement dire quelque chose pour d’aussi jeunes partis. Et tous seront probablement d’accord sur le fait qu’il ne s’agissait pas de terrains fertiles pour leurs plate-formes électorales respectives (et semblables).

Des élections à l’automne? De moins en moins sûr…

Charest  aurait probablement préféré une double victoire hier. La défaite dans Argenteuil doit compliquer encore davantage sa réflexion par rapport à la date du prochain scrutin, d’autant plus à la lumière des résultats par rapport aux taux de participation. On peut donc comprendre la nervosité du Premier Ministre lorsque le Directeur-général des élections propose de mettre des boîtes de scrutins dans les cégeps et les universités, même si cela s’apparaît logique considérant la présence de telles boîtes dans des foyers de personnes âgées, et le fait que le taux de participation des jeunes doit être rehaussé pour assurer une représentation plus juste de cette tranche de la population dans l’électorat.