Archives de septembre, 2011

Ce qui me dérange au plus haut point avec la position Charest, c’est qu’elle est le reflet d’une vision manichéenne de la société, comme quoi il y aurait des méchants et des gentils. Les méchants, on les trouvera avec des enquêtes policières et ils iront en prison. Les bons, c’est l’ensemble des membres de l’appareil policier, gouvernemental et judiciaire non trouvé coupables par des enquêtes policières. Bref, tout est blanc ou noir; pas de place pour le gris.

Dans la vraie vie, le problème est beaucoup plus gris et complexe. Et comme l’a si bien dit Jacques Duchesneau, on ne jugulera pas l’hémorragie simplement avec des enquêtes policières.

Faisons un peu de Commission d’enquête pour les nuls, en faisant une analogie avec une banque qui se ferait voler à tous les mois. À quoi bon faire des enquêtes pour arrêter les voleurs, à tous les mois, si on ne découvre pas que le gérant de la banque laisse volontairement la porte du coffre ouverte à ses amis, qui lui donnent une part lorsqu’ils arrivent à ne pas se faire prendre? Cela ne veut pas dire qu’ils ne faut pas mettre les voleurs en prison; mais il faut s’assurer que le gérant ne puisse agir de la sorte, en bon facilitateur.

L’enquête de l’UPAC, avec un personnel minimaliste, a permis d’apprendre des choses troublantes sur le fonctionnement d’un système qui doit être réformé. Il faut impérativement appréhender ceux qui abusent de ce système de manière illégale, avec des enquêtes policières, mais surtout colmater les failles pour qu’il ne soit plus aussi facile d’en abuser, par le biais d’une commission d’enquête et de recommandations à appliquer (et non à mettre sur une tablette). Sans compter que les enquêtes policières ont parfois très peu d’emprise sur la main qui les nourrit (lire « le gouvernement »).

La nécessité d’une commission d’enquête apparaît assez évidente, vous ne trouvez pas?

Alors expliquez-moi comment notre cher Premier Ministre peut-il prétendre le contraire, si ce n’est parce qu’il veut pas que lui et/ou son parti et/ou ses proches ne soient éclaboussés? Peut-être croit-il encore au paradis et à l’enfer, ainsi qu’au Père Noël et à la Fée des dents…

Le vote sur le projet de loi 204 a donc eu lieu. Et le résultat est honteux pour la démocratie.

Lors du vote libre, la députée Agnès Maltais a invoqué une citation de René Lévesque, hors contexte, pour justifier sa démarche:

Je me méfie des gens qui affirment aimer le peuple, mais qui détestent ce que le peuple aime.

Avouez que l’on ne parle pas ici d’un projet de pays, d’une infrastructure déterminante pour un « peuple » : on parle d’un immeuble qui servira à du divertissement collectif, et qui sera principalement géré et rentabilisé par une entreprise privée (Quebecor, pour ne pas la nommer).

En passant, notez que tous les députés sans exception sont en faveur de la construction de l’amphithéâtre et du retour des Nordiques : c’est vraiment ce projet de loi anti-démocratique et un contrat de gestion qui ne semble pas nécessairement si gagnant-gagnant, qui est en cause.

Puis, les indépendants ont pris la parole. C’est là que j’ai entendu cette phrase de Marc Picard, qui m’a fait froncer les sourcils: il a affirmé qu’en « digne représentant des citoyens », il allait se rallier à ces concitoyens et voter en faveur du projet.

Quoi? Parce que la majorité de ses citoyens veulent un amphithéâtre à tout prix, pour des raisons principalement émotives, il doit faire de l’aplaventrisme et accepter qu’on enlève à la minorité, qui est contre, de pouvoir contester l’entente? N’aurait-il pas pu invoquer de vraies bonnes raisons, objectives, qui le convainquent, sans l’ombre d’un doute, qu’un tel projet de loi était vraiment nécessaire?

La dignité, c’est de savoir rester debout, humble, et fier. Si le peuple est aveuglé par l’émotivité, ce n’est pas lui rendre service que de le suivre dans cette vague émotive. Je m’attends d’un digne député qu’il soit comme un père, qu’il soit prêt à agir contre ma volonté parce qu’il sait ce qui est bien pour moi, et de me convaincre du bien-fondé de la chose; sinon, il doit agir en bon conseiller et révéler les raisons qui l’amènent à abonder dans le même sens que le peuple.

Populisme rime rarement avec dignité. Mais on n’est visiblement pas dans l’ère de la dignité, n’est-ce pas M. Charest?

Prétexte invoqué par le président de l’Assemblée nationale, le libéral Jacques Chagnon, pour réduire le temps de parole des indépendants, dont les redoutables Éric Caire et Amir Khadir: il y a maintenant trop d’indépendants !

Pas question d’amputer le temps de parole des péquistes, non… l’occasion est trop belle de fermer le clapet aux députés les plus efficaces en chambre présentement, ceux qui réussissent le mieux à mettre des bâtons dans les roues de ce gouvernement qui devient de plus en plus risible et désespérant.

Et dire que dans certains pays, on se bat pour obtenir un système démocratique… nous, on assiste, complice par notre inaction, à un véritable cirque!

Terriblement désolant et pathétique!

Difficile de passer à côté d’une telle nouvelle quand on a un blogue qui traite à la fois de musique et de politique.

Le nom de domaine « teaparty.com » n’appartient pas au célèbre groupe politique américain, mais plutôt au groupe rock ontarien « The Tea Party », qui accueille ses visiteurs avec un slogan sans équivoque :

No politics… Just Rock and Roll

Ce que le Guardian nous apprend aujourd’hui, c’est que le groupe (de musique), séparé depuis 2005 mais réuni depuis peu pour une tournée de spectacles, y voit une occasion d’affaires intéressante. Certains analystes pensent que le nom de domaine pourrait se vendre plus d’un million de dollars américains.

Bien que les membres du groupe aimeraient davantage vendre le site à des humoristes américains, ou tout autre acheteur non-partisan de la célèbre organisation de droite qui permet à Palin, Bachmann et les autres de nous faire bien marrer, il risque d’aller au plus offrant. « We’ve got families. », aurait mentionné le bassiste Stuart Chatwood. (c’est le cas de misère de la semaine…)

En espérant que le groupe puisse tirer un maximum de fric de cette vente, et qu’il puisse alors se payer les services d’un vrai bon réalisateur, puisque la dernière galette produite par Bob Rock (Seven Circles) ne m’avait franchement pas épatée…

Que s’est empressé de dire l’ex-président Georges Bush au lendemain du 11 septembre 2001 ? N’arrêtez surtout pas d’aller magasiner!

Cette navrante recommandation est répétée ad nauseam depuis 10 ans, comme un mantra, pour inciter les américains à dépenser et ainsi, à faire fonctionner l’économie américaine le plus possible. Le hic, c’est que les Américains n’ont pas tous un porte-feuille aussi garni que Warren Buffett. C’est donc via le crédit que les Américains ont maintenu leur économie à flot, et ça n’a pas duré; car ils sont maintenant pris à la gorge, tout comme leur propre gouvernement, qui a englouti des sommes gargantuesques dans deux guerres coûteuses, en Afghanistan et en Irak.

Résultat : les États-Unis sont dans une situation financière précaire, et rien ne semble montrer qu’ils vont s’en sortir rapidement. Sans compter que de telles mesures n’ont d’impact que sur la production intérieure (ou celles des pays étrangers qui exportent aux USA), et qu’elles ne résultent pas en de l’argent neuf.

De ce côté de la frontière, le même danger nous guette. Bien que nos institutions financières soient mieux gérées et protégées qu’au sud, le niveau d’endettement des ménages canadiens semble avoir dépassé celui des ménages américains. Ce qui est le plus inquiétant, c’est le changement de ton de la Banque du Canada, comme le rapportait cette semaine sur son blogue Gérald Fillion :

Alors que l’économie a brutalement changé de direction cet été, la Banque du Canada indiquait dans son communiqué du 7 septembre dernier que «la nécessité de réduire la détente monétaire a diminué ». Autrement dit, il n’est peut-être plus nécessaire d’augmenter les taux d’intérêt.
Bien que la réaction de la Banque du Canada, dans le contexte économique actuel, soit normale, le problème demeure le même : les Canadiens sont endettés et ça ne s’améliore pas.
On apprenait mardi que le ratio d’endettement par rapport au revenu disponible s’élevait maintenant à 148,7 % au pays. Pour chaque tranche de 100 $ de revenu disponible, les Canadiens ont, en moyenne, une dette de 148,70 $, y compris le crédit à la consommation et la dette hypothécaire. C’est un record.
Indirectement, avec un taux directeur inchangé à 1 %, l’action de la banque centrale a pour effet de ne pas entraver la consommation à crédit au pays et ainsi, d’éviter de ralentir davantage l’économie. La banque se fait moins pressante dans son message de prudence.
Mais ne serait-il pas contradictoire de demander aux Canadiens de soutenir la reprise par leur consommation, alors qu’on ne cesse de les avertir depuis deux ans des dangers de leur niveau d’endettement?

Le piège est tendu, et il ne faut évidemment pas tomber dedans : les Canadiens doivent effectivement « régler leurs affaires » et ne profiter des bas taux que pour l’essentiel et du durable; ce n’est pas le temps de s’endetter pour partir en voyage dans le sud, ou pour s’acheter un nouveau cinéma maison, mais pour faire des rénovations, et encore… ne faire que le strict minimum, surtout si la marge de crédit commence à être bien garnie. Tout en pensant à rembourser les plus gros emprunts rapidement, avant que les taux ne remontent.

Je suis par contre d’accord avec la plupart des analystes qui pensent que les taux ne remonteront pas de si tôt (du moins, pas avant un an et demi), et que lorsque cela se produira, qu’ils ne remonteront pas plus de 2 ou 3%. Autrement, il y aura pas mal de monde à la rue. Mais, la Banque du Canada n’aura éventuellement pas le choix, et devra monter les taux de manière substantielle. Lorsque cela se produira, nous aurons probablement intérêt à avoir un peu d’épargne de côté, ou à tout le moins, un peu de marge de manoeuvre dans nos budgets pour amortir ces hausses.

En terminant, je vous propose une excellente (et courte) analyse sur l’état des finances publiques à travers le monde, que présente François Barrière, sur son blogue Barrière Sans Frontière. Je porte votre attention sur le dernier paragraphe de son premier constat :

En 1995 le Canada dépassait les 100% d’endettement brut, puis décida de faire un nettoyage pour finalement se retrouver à 68% au début de la crise actuelle. Nos gouvernements n’avaient plus le choix de réagir, mais surtout et heureusement, ils en avaient la capacité. En à peine dix ans, nous sommes passés de cancre à premier de classe. Aujourd’hui nous sommes revenus au milieu du rang.

Au milieu du rang? Avec les conservateurs qui se vantent (à tort), d’êtres les champions de l’économie?

Vraiment pas surpris…

La catastrophe appréhendée par plusieurs (moi le premier), suite au départ de John Frusciante, ne s’est finalement pas matérialisée: les Red Hot Chili Peppers sont plus vivants que jamais! Comme le soulignent les critiques les plus favorables, I’m with You pourrait s’avérer être un énième renouveau réussi pour le groupe.

« Dance, Dance Dance »

Ce qui frappe le plus sur cet album, c’est la domination de la section rythmique. Chad Smith offre son meilleur jeu à la batterie depuis le mal-aimé (mais tant adoré par votre humble critique) One Hot Minute. Et Flea prend le plancher sur la plupart des pièces. Ce qui résulte en un album très dansant, comme le témoigne Monarchy of Roses, Factory of Faith, Did I Let You Know et l’énergique Dance, Dance, Dance qui termine l’album en beauté.

Le retour d’Anthony le rappeur

Anthony Kiedis continue de montrer qu’il sait chanter, même si l’on s’entend qu’il n’a pas la plus belle voix du showbiz. Mais son rap est aussi aiguisé et saccadé que sur Blood Sugar Sex Magic, opus ultime qui célèbre cette année son 20ième anniversaire (tout comme Nevermind de Nirvana et Atchung Baby de U2, entre autres… méchante cuvée!).

Des guitares omniprésentes, mais plus subtiles

Les fans attendaient Josh Klinghoffer avec une brique et un fanal. Même s’il existe un noyau de fans de la première heure qui considèrent Hillel Slovak comme étant le meilleur guitariste de l’histoire du groupe, la majorité d’entre eux croient que la palme revient à John Frusciante. Nul surprise de voir les fans de Frusciante tomber à bras raccourcis sur l’album, le jeu de Klinghoffer étant très subtil et placé volontairement en arrière-plan par le producteur Rick Rubin. Mais il faut être de mauvaise foi pour prétendre que les guitares ont disparues, et que cela en fait un mauvais album: les guitares sont omniprésentes sur l’album, et Klinghoffer reprend le flambeau des choeurs avec brio, avec son propre style vocal.

Un peu de piano pour compléter le tout

Autre nouveauté : Flea a ajouté le piano à son arsenal qui comptait déjà basse et trompette, lui qui suit des cours de musique à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). La théorie acquise par ce surdoué auto-didacte a visiblement donné un nouveau souffle au groupe, notamment sur Happiness Loves Company et Even You Brutus?.

Mon verdict : plaisir auditif garanti!

Voilà donc un excellent album d’été qui n’a pour seul défaut que d’arriver trop tard, avec l’automne qui est à nos portes. Bien sûr, le groupe s’est assagi, a pris en maturité. Mais comme un bon vin, il s’améliore d’année en année, et visiblement, n’a pas fini de nous surprendre.

I’m with You a en fait un second défaut: le son de l’album est vraiment trop compressé, comme tous les albums du groupe depuis Californication. Là-dessus, mention de blâme au réalisateur Rick Rubin: ce dernier devrait comprendre que le groupe a aussi des audiophiles parmi ses adeptes, qui ne font pas qu’écouter leurs albums en mp3 de faible qualité.

Je lisais dans le Soleil d’hier les propos d’un proche d’une victime du 11 septembre:

Je suis fâché parce que les choses n’ont pas changé. Ça peut encore arriver. Nous avons trop de libertés.

Pardon? Trop de libertés? Sans être libertarien, je crois pouvoir affirmer sans me tromper que nous sommes moins libres aujourd’hui que nous l’étions le matin du 11 septembre 2001. À certains égards, on pourrait dire même que les terroristes ont gagné la partie.

J’éprouve une certaine compassion pour les victimes du 11 septembre 2001 et leurs proches. Mais je ne sens pas qu’on leur rend justice convenablement.

La citation du haut contient une part de vérité. Oui, les choses n’ont pas changé. Et ce n’est pas parce que nous avons trop de libertés, mais plutôt parce que nous, occidentaux, voyons encore le reste du monde de haut. Trop haut.

La politique étrangère américaine ne s’est guère améliorée en 10 ans. Toujours les mêmes interventions et discours qui cachent divers agendas visant à assurer la suprématie des plus riches parmi les riches. Faut-il alors se surprendre qu’il y ait encore autant de conspirationnistes prétendant que les attentats du 11 septembre ont été organisés par des intérêts américains, voire même par le gouvernement américain?

Oui, les dirigeants américains ont utilisé l’effet 9/11 comme un levier pour mener certaines de leurs activités, mais de là à dire qu’ils ont volontairement tué plusieurs milliers de leurs concitoyens, faudrait quand même pas charrier. De toute façon, je partage l’avis de chroniqueurs pensant que si c’était bel et bien le cas, l’information se rendrait assurément vers la salle de rédaction d’un grand quotidien américain, et que le l’éditeur en chef se ferait une fierté de faire publier LE scoop qui battrait tous les records de vente dans une industrie des quotidiens en plein déclin.

La politique étrangère canadienne se calquant de plus en plus sur celle du voisin américain, faudra-t-il se surprendre si un attentat se produit éventuellement au nord de la frontière? Pour ma part, je ne le serais pas.

Non, les choses n’ont pas changé 10 ans après. Toujours autant d’incompréhension, de préjugés, de racisme, d’oppression, d’inégalités, d’exploitation. Et pas seulement par des islamistes radicaux.

Ce n’est qu’en s’attaquant réellement à ces problèmes, de vrais problèmes, que l’on honorera toutes ces victimes.  Et qu’on s’assurera qu’elles ne sont pas mortes en vain.

Pour ceux qui l’ignorent, je suis rédacteur technique de profession. Ingénieur de formation, mais dont la carrière a bifurqué il y a de cela près de 4 ans, vers la rédaction technique.

Qu’est-ce que ça mange en hiver, un rédacteur technique, m’écrirez-vous? Eh bien, tout dépend du domaine. Mais en gros, l’essentiel du travail de rédacteur technique en est un de vulgarisation. Les fameux manuels que personne ne lit jamais sont rédigés par des rédacteurs techniques. Même les instructions d’assemblage d’Ikea sont probablement conçus par des rédacteurs techniques, même si plusieurs graphistes y apportent sûrement leur contribution.

En fait, les utilisateurs ne lisent les manuels que lorsqu’ils ont de sérieux problèmes que leur système D ne peux résoudre. Ils bénissent alors le ciel pour la qualité de l’information trouvée, ou maudissent le fabricant en contactant le service d’assistance technique.

Pourquoi je vous parle de rédaction technique? Parce qu’il s’avère que mon domaine d’expertise est celui de l’énergie, tout particulièrement des systèmes de modernisation des postes électriques et des réseaux de distribution d’énergie. Je crois donc être parfaitement qualifié pour vous parler de ces fameux compteurs en or d’Hydro-Québec.

Si vous écoutez un peu la télévision, vous avez sûrement vu la publicité en question. Autrement, vous pouvez avoir vu l’équivalent dans un journal, ou sur un site web. Si vous ne savez toujours pas de quoi il est question, je vous invite à visiter le site web qui présente de long en large ce qui s’avère être une campagne syndicale peu subtile visant d’abord et avant tout la préservation d’un rapport de force.

Qui se cache derrière la campagne?

D’abord, le site web demeure vague à ce sujet, mais pas complètement. En fouillant un peu, on voit rapidement qu’il a été conçu par (ou pour) le Syndicat des employé-e-s de techniques professionnelles et de bureau d’Hydro-Québec, la section locale 2000 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-2000). Le site a donc un biais évident, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il ne contient que de la propagande syndicale. Il présente également des éléments factuels, mais ceux-ci survivent-ils à l’épreuve des faits?

Le remplacement des compteurs actuels

Je n’entrerai pas les détails économiques, n’étant pas économique de formation. J’assumerai donc que les chiffres fournis par le SCFP-2000 sont valides. Par contre, ce que le site omet de préciser, c’est l’autre côté de la médaille. Les dirigeants d’Hydro-Québec ne sont quand même pas des abrutis. Et bien que le cynisme ambiant nous a habitué au copinage, je doute que la haute direction de notre chère société d’état soit entièrement acoquinée avec ceux de Landys+Gyr, le fabricant de compteurs intelligents qui a été sélectionné pour approvisionner le Québec en cet élément de controverse.

Alors pourquoi donc remplacer les compteurs mécaniques actuels par des compteurs dits intelligents, qui peuvent être lus à distance et automatiquement ? La lecture en temps-réel de la consommation électrique des ménages québécois va s’avérer fort utile pour gérer la crise énergitique qui pointe à l’horizon.

Vers la crise énergitique

Non seulement la consommation électrique mondiale est en forte croissante, avec le nombre grandissant d’appareils énergivores dans nos foyers, mais l’arrivée prochaine de la voiture électrique va faire bondir cette consommation de manière phénoménale. Imaginez : toutes ces voitures arrivant à la maison sur l’heure du souper, rapidement mises en mode chargement. Vous vous demandez qu’est-ce que ça a à voir avec les compteurs intelligents? J’y viens…

Le plus gros sujet de recherche dans le domaine électrique est au niveau de la conservation de l’énergie électrique, à l’aide de batteries de haute capacité. C’est d’ailleurs le point faible des énergies vertes: on ne décide pas de la force du vent et de l’intensité du soleil; étant difficilement stockable, il faut utiliser l’énergie éolienne et solaire dès qu’elle est produite. L’hydro-électricité est plus facilement gérable à ce niveau: on peut augmenter ou réduire le débit d’eau dans les barrages, selon la demande.

Ainsi, il se gaspille une quantité impressionnante d’énergie: car le réseau est conçu pour répondre à la demande des périodes maximales de consommation. Comme l’heure du souper l’hiver, où se font aller les chauffe-eau, les fours, le chauffage, l’éclairage, etc. Hydro-Québec recommande toujours à ses utilisateurs de faire fonctionner leurs lave-vaisselles, laveuses et sécheuses en dehors des périodes maximales de consommation.

C’est bien beau la sensibilisation, mais ça ne fonctionne jamais assez. Il faut viser le consommateur là où ça fait mal: pas dans les couilles, mais dans sa poche. Il faut donc pouvoir facturer l’énergie à un taux plus élevé durant les périodes de pointe, et à un taux plus faible aux périodes de faible consommation, en espérant que ça le fera davantage changer ses habitudes et que l’on gaspillera moins d’énergie. Vous voyez où je veux en venir? Les compteurs intelligents permettent la facturation variable, car ils permettent la lecture en tout temps de la consommation, ce qui n’est bien sûr pas possible lorsqu’un employé doit en faire la lecture manuelle.

Plusieurs services publics d’énergie américain utilisent déjà les compteurs intelligents à cette fin. Hydro One en Ontario a déjà un projet pilote en marche. Hydro-Québec, qui est habituellement un leader en la matière, traîne un peu de la patte à ce niveau. Et c’est sans compter les programmes de réponse à la demande, qui permet aux compagnies d’énergie du même genre qu’Hydro-Québec d’offrir des tarifs réduits à ces clients pour pouvoir arrêter temporairement à distance leur air climatisé en milieu de journée, lorsque ceux-ci ne sont pas à la maison, afin de réduire le gaspillage.

Tous ses efforts permettront, à terme, d’exporter toute l’énergie économisée aux américains. Donc, en plus des économies réalisées par les québécois, ceux-ci récolteront plus de bénéfices par l’entremise des ventes extérieures de leur société d’état chérie. Je doute que ces chiffres soient inclus dans les estimés du SCFP-2000.

Le vrai problème, s’ils en est un

L’arrivée des compteurs intelligents est donc inévitable, et l’ensemble des bénéfices apportés ont volontairement été omis dans la campagne publicitaire des compteurs en or, ce qui constitue à mon avis une tactique malhonnête. Un peu plus de transparence aurait été souhaitable, même si on s’entend que le sujet est quand même très complexe, surtout pour le commun des mortels. Du moins, ce n’est pas avec ce genre de campagne que les syndicats vont redorer leur blason, fortement mis à mal par les groupes de droite et les abus d’une poignée de ces membres qui sont rapportés à grands coups d’éclat dans certains médias.

Le vrai problème, s’il en est un, est celui de la confidentialité du consommateur. Le compteur intelligent peut être vu comme un autre pas qu’effectue Big Brother pour pénétrer dans votre demeure, afin de tout savoir sur votre consommation d’énergie, sur l’utilisation de vos appareils, bref… des activités que vous faites chez vous, en privé. Mais encore faut-il qu’Hydro-Québec obtienne les autorisations pour se rendre jusqu’à ce niveau de détail dans sa cueillette de données… et que le reste des appareils que vous possédez à la maison soit capable de les lui fournir. Il faut donc maintenir la vigilance, mais on s’entend qu’on est encore loin du compte.

Pour ce qui est des pertes d’emplois, j’éprouve de la sympathie pour les membres du SCFP-2000, mais je crois qu’ils devraient plutôt prendre exemple sur leurs homologues scandinaves, qui essaieraient plutôt de s’entendre avec l’employeur pour donner à ces employés une seconde carrière, plutôt que de préserver un métier un peu archaïque en cette deuxième décennie du 21ème siècle, celui de releveur de compteur.

Je n’ai pas l’intention de partir un débat. Je veux seulement vous présenter une donnée intéressante que j’ai vu passée sur Twitter récemment (via @ChroniquesTrad):

L’ADQ, qui prêche la gestion » lucide », a une dette de 710 703$. Québec Solidaire a un surplus de 114 919$.

Les chiffres viennent d’Antoine Robitaille, du Devoir. Je n’ai rien d’autre à ajouter votre honneur.

Non seulement le changement de position de M. Sam Hamad vers le Ministère du Développement économique, Innovation et Exportation n’est pas un désaveu, mais l’ex-ministre aux Transports a fait un travail impeccable.

Cet avis n’est pas le mien, mais bien celui de notre Premier Ministre lui-même!

Oui, oui… vous avez bien lu: ce même ministre qui a affirmé que « toutes les routes du Québec qui étaient ouvertes étaient sécuritaires » a fait un travail impeccable.

Ichhh… pas hâte de voir ce qu’il va faire au développement économique, mais surtout à l’innovation. Ça en dit long sur les priorités de Jean Charest : vendons nos ressources naturelles à bas pris aux étrangers, mais surtout, n’essayons de devenir plus intelligents, innovateurs, et de nous tourner vers l’économie du savoir comme dans les riches pays scandinaves.

Misère…