Archives de Mai, 2011

Avec tout ce que j’entends depuis une semaine, personnellement, si c’est pour se faire dans de telles conditions, je n’en veux plus d’amphithéâtre. Qu’il soit multifonctionnel ou uniquement dédié au hockey. Et au diable les Nordiques, je deviendrai un fan des Remparts!

Non mais je rêve ou quoi? Dans certains pays, les gens sortent dans les rues, au péril de leurs vies, pour réclamer plus de justice, d’équité, de respect, de démocratie; remarquez que l’on pourrait débattre des réels intérêts derrière le printemps arabe, mais gardons ceci pour une autre chronique.

Ici, on est prêt à mettre tout ça de côté pour un colisée et une équipe de hockey. Au diable l’état de droit, au diable la démocratie parlementaire. Vive le populisme, le hockey et la pseudo-liberté! Du pain et des jeux!

Appelons un chat un chat, et un chien un chien: le projet de loi du maire Labeaume vient donner un cadre légal à ce qui ne l’est peut-être pas complètement. C’est une boîte de Pandore incroyable qui s’ouvre ici pour toutes les administrations municipales. Vous avez un projet rentable, mais qui fera chier des tas de gens… n’ayez crainte: faites-vous adopter une loi-Labeaume à l’Assemblée nationale et tout sera réglé. Que les préoccupations des citoyens soient légitimes ou pas, peu importe.

Et de grâce, lâchez-moi avec l’argument de l’agenda caché de De Belleval: que Bell, le syndicat des employés d’Expo-cité ou la reine d’Angleterre tirent les ficelles derrière, je m’en contre-fiche. Ce qui m’intéresse, ce sont les faits et les raisons invoquées. Et d’après ce que j’ai encore lu cette semaine, ces faits et raisons sont tout à fait valables.

Si le projet n’est pas rentable, et qu’il devient source de fierté pour la ville, je n’ai pas de problème avec ça. Mais je veux le savoir maintenant. Si mes taxes et mes impôts vont servir à enrichir quelqu’un qui méprise les travailleurs et l’accès à de l’information de qualité, je veux être certain que PKP ne démontre pas le même mépris envers celui qui le permettra d’engranger des profits, que ce soit directement avec le club de Hockey ou via ses plate-formes médias. Ce sera ensuite à nous de montrer ou pas notre accord lors des prochaines élections municipales, même s’il sera alors trop tard pour reculer: car c’est étrangement à nous d’assumer le risque. Encore un autre bel exemple de socialisation des coûts, et de capitalisation des profits.

En attendant, M. Labeaume peut-il au moins avoir la décence de montrer patte blanche, plutôt que d’exiger un chèque en blanc de notre part?

J’allais écrire un long billet sur le projet de loi du maire Labeaume, mais je vais y réfléchir encore davantage, maintenant qu’il a été déposé à l’Assemblée nationale (pris sur le blogue de Gilbert Lavoie du Soleil):

Projet de loi no 204 (Privé)

LOI CONCERNANT LE PROJET D’AMPHITHÉÂTRE MULTIFONCTIONNEL DE LA VILLE DE QUÉBEC

ATTENDU que la Ville de Québec a le projet de construire un amphithéâtre multifonctionnel dans le Parc de l’Exposition Provinciale;
Que l’amphithéâtre multifonctionnel est un édifice public financé par la Ville de Québec et le gouvernement du Québec;
Qu’il y a lieu de permettre la participation du secteur privé à ce projet d’amphithéâtre multifonctionnel;
Que Quebecor Media Inc. a déposé aux autorités de la Ville de Québec, le 26 février 2011, une proposition qui a été acceptée par la résolution CV-2011-0174 de son conseil de ville le 7 mars 2011;
Que ce projet revêt un caractère exceptionnel et qu’il est nécessaire d’assurer la sécurité juridique de la proposition déposée et des contrats à conclure à la
suite du dépôt de cette proposition;
Que l’intervention du législateur permettra le démarrage immédiat du projet;
LE PARLEMENT DU QUÉBEC DÉCRÈTE CE QUI SUIT :
1. Malgré toute disposition inconciliable, la Ville de Québec peut conclure tout contrat découlant de la proposition faite par Quebecor Media Inc., le 26 février 2011, et acceptée par la résolution CV-2011-0174 adoptée par le conseil de la ville le 7 mars 2011. Un tel contrat doit être substantiellement
conforme au contenu de la proposition. La mise en concurrence effectuée en vue d’obtenir la proposition visée au premier alinéa et l’octroi de tout contrat conclu en vertu de cet alinéa sont réputés ne pas contrevenir aux articles 573 à 573.4 de la Loi sur les cités et villes (L.R.Q., chapitre C-19) et à la politique adoptée en vertu de l’article 573.3.1.2 de cette loi.
2. La présente loi entre en vigueur le (indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).

En attendant, vos opinions et commentaires sont les bienvenus… 🙂

Je suis un peu en panne d’inspiration ces temps-ci, alors parlons d’un sujet qui me tient à coeur, même si la dernière fois qu’il a fait la manchette remonte à près de 2 mois: les frais de scolarité!

C’est un sujet qui soulève assurément les passions. Et pour cause: si certains débats se font sur un seul axe (social ou économique), l’éducation ne peut être abordé autrement que sur les deux.

Je ne cacherai pas que je prône la gratuité scolaire. Tant de subventions sont données à gauche et à droite, autant pour les plus riches que les plus pauvres. Ce qu’il y a d’intéressant avec la question des frais de scolarité, c’est qu’elle préoccupe d’abord et avant tout la classe moyenne. Et je crois qu’il s’agit du plus bel investissement qu’un état puisse faire dans sa population.

Les gens instruits sont habituellement (et je vais ici peser mes mots) plus préoccupés par leur santé. Ils sont habituellement plus informés. Plus impliqués dans leur milieu et la société en général. Leur apport économique est indéniable, qu’il s’agisse des professionnels de l’économie du savoir ou des travailleurs manuels qui sont essentiels dans toutes les sphères du travail.

Bien sûr, au Québec, nous sommes gâtés: les frais de scolarité étaient gelés depuis belle lurette. Mais est-ce que cela devrait être la seule raison d’une hausse? Les frais sont plus hauts ailleurs, alors il faut aussi les monter… bel exemple de nivelage vers le bas (même si « bas » et « hausse » ne vont pas de prime abord dans la bonne direction).

On invoque aussi souvent l’argument que tout le monde doit faire sa part. Faites-moi rire! Les plus riches qui ne paient pas d’impôt la font-elle, leur part? Et les plus pauvres? Qui écopera, encore, d’une hausse de frais de scolarité? Encore la classe moyenne, assurément. Et en réduisant l’accès à l’éducation supérieure, on prend le risque d’obtenir moins de gens compétents pour nos entreprises et institutions, ce qui ne peut que nous appauvrir davantage; sans compter l’effet collatéral d’une augmentation de l’écart entre les plus riches et les plus pauvres, en réduisant la richesse moyenne de cette même classe moyenne.

Tout le monde à gauche n’est pas de mon avis. Lisée, de son côté, ne croit pas que la gratuité soit viable dans le contexte économique actuel, et propose plusieurs solutions dans son essai « Pour une gauche efficace ». Celle qui m’a semblé la plus intéressante est celle d’un contrat de citoyenneté, et vient principalement s’attaquer au supposé exode des cerveaux. Je me permet ici une petite parenthèse: si des gens instruits quittent la province pour revenir plus tard, avec un meilleur bagage et des idées nouvelles, c’est d’après moi très bénéfique pour tout le monde, pour autant que cet exode ne soit pas permanent.

Je reviens donc à la proposition de Lisée: deux niveaux de tarification, soit la tarification actuelle (avec quelques ajustements, j’y viens), et une tarification majorée, indexée pour se comparer à celles des autres provinces canadiennes. La tarification actuelle serait indexée pour tenir compte des perspectives d’emploi. Car on s’entend qu’un baccalauréat en philosophie ne donnera pas le même taux de placement et les mêmes conditions salariales qu’un ingénieur, un notaire ou un médecin. Si Lisée parle d’un contrat de citoyenneté, c’est qu’il propose qu’un étudiant puisse profiter des tarifs actuels s’il s’engage à passer au Québec 10 des 15 années suivant ses études; il peut donc partir pour 5 ans, dès la fin de son cours, et revenir pour les 10 suivantes; ou encore faire 10 ans de loyaux services au Québec, pour ensuite aller voir si l’herbe est plus verte chez nos voisins canadiens ou américains. Si nos amis libertariens ne veulent pas signer un tel contrat, libre à eux: mais ils doivent payer des frais de scolarité semblables à ce qui se paie ailleurs.

Je pourrais écrire sur le sujet encore davantage, mais je préfère vous lire là-dessus, question de ne pas faire de débat à sens unique. 🙂

Je vous laisse en terminant sur deux lettres ouvertes publiées au début avril sur Cyberpresse: la première applaudissait la hausse des frais de scolarité, et la seconde répliquait fort bien à la première. Je vous laisse sur la finale de la dernière lettre, signée par des étudiants universitaires de premier cycle:

Mais là où, à notre sens, M. McSween dépasse les bornes, c’est dans sa tendance à appliquer la logique du marché au monde de l’éducation. L’éducation n’est pas un panier de bleuets du marché Jean-Talon ou un four à micro-ondes de chez Brault & Martineau: sa valeur ne peut être chiffrée pour la simple et bonne raison qu’elle dépasse (et de beaucoup) ce qu’un marché boursier peut évaluer.

L’éducation est bien plus qu’un «investissement» ou un simple service. Ce n’est pas un REER ou une police d’assurance. L’éducation est ce qui fait la différence entre une société éveillée et une société aliénée, entre un citoyen et un simple engrenage du système. L’éducation est ce qui fait que des générations entières ont pu, à travers l’Histoire, s’émerveiller du savoir cumulé par l’humanité au fil des âges, et d’avoir la capacité et le courage d’y contribuer à leur tour.

L’éducation, de l’enfance à l’âge adulte, n’est pas un privilège. C’est un droit et un devoir pour chacun d’entre nous. Vouloir la monnayer, en faire un vulgaire produit pour les centres d’achats de la nation, est une insulte contre l’espèce humaine et l’idée même de progrès.

Ai-je besoin d’en écrire davantage?

Ce que j’aime moins de Labeaume, c’est son abnégation de la démocratie. Sa conception à lui, c’est qu’en votant pour lui, on lui fait un chèque en blanc pour 4 ans.

C’est donc sans surprise qu’arrive ce projet de loi privé visant à faire taire ceux qui posent des questions au sujet de l’entente conclue avec Quebecor pour le nouvel amphithéâtre à Québec.

Personnellement, je suis pas mal en faveur de la construction de cet édifice, tout comme de son financement partiellement public. Par contre, je suis de ceux qui doutent fortement que l’on a vraiment obtenu le meilleur « deal » possible. Alors je crois qu’il est tout à fait légitime que des citoyens posent des questions et exigent des réponses. Après tout, c’est notre fric, pas seulement celui de Labeaume et de PKP qui va servir à financer tout ça.

Pour plus de détails sur les chiffres, voir le site de MM. De Belleval et Miville-Dechêne.

Je proposais dans mon billet de prendre du recul dans nos vies respectives, par rapport à nos priorités de vie, suite à la grande couverture médiatique de l’affaire Turcotte.

Un enseignant et père de deux jeunes enfants, Martin Dubé a fait mieux : il a mis le doigt sur une partie du bobo, et a écrit une lettre ouverte très pertinente et intéressante sur l’estime de soi, surtout celle que l’on doit inculquer à nos garçons.

Je vous invite à la lire, mais si le temps vous manque, l’essentiel se trouve dans les deux derniers paragraphes:

À mon sens, pour sauver les hommes d’eux-mêmes, il faut arrêter d’attendre que de telles catastrophes se produisent. En tant que parent, mais surtout en tant qu’être humain, nous devons inculquer à nos garçons une meilleure estime d’eux-mêmes. Pas au niveau académique ou sportif, mais au niveau des sentiments. Il faut les faire parler de ce qu’ils ressentent, les laisser pleurer, ne pas les juger, et leur faire comprendre que l’amour d’une femme est une chose formidable, mais qu’ils demeurent des êtres à part entière quand celui-ci disparaît.

Alors au lieu d’écouter la télé nous raconter les horreurs sur lesquelles nous n’avons aucune emprise, prenons quelques minutes pour leur montrer que parler de ses émotions, c’est aussi un truc de gars.

Voilà ce que j’appelle de la réflexion positive et constructive, malgré un drame si horrible. La nature humaine, c’est aussi ça. Un pouvoir de réflexion, et un désir d’évolution. L’homme est capable du pire… mais aussi parfois du meilleur.

Bon, je crois être maintenant prêts pour une analyse à froid des dernières élections canadiennes. Plutôt que de faire un long billet ennuyeux, je vais essayer de garder ça court et ouvert à la discussion.

Les grands gagnants: Stephen Harper et le Parti Conservateur

Nul besoin de vous faire un dessin… Harper et sa bande ont réussi ce que plusieurs croyaient impossible: ils ont obtenu leur majorité en respectant leur plan de match. Ils ont gagné les circonscriptions qu’ils visaient, et c’est qui a fait la différence. Ça, et le fait que les journalistes ait embarqué dans leur jeu, en couvrant leurs activités même s’ils ne répondaient pas à leurs questions.

Autres gagnants: la droite et le ROC en général

Bien sûr, avec les conservateurs au pouvoir, les lobbys de droite pourront s’en donner à coeur joie. Par contre, on peut s’attendre à ce que Harper se garde une petite gêne, ne voulant probablement pas passer à l’histoire comme étant celui qui aura séparé le Canada.

Aussi, le Rest of Canada (ROC) pourra enfin faire valoir ses enjeux au Parlement, souvent éclipsé par les questions référendaires et les questions québécoises. À l’exception de gauche progressiste canadienne, celle-là même qui a divisé son vote entre le PLC, le NPD et les verts, et pour qui le lendemain de veille a été aussi brutal que pour les députés libéraux et bloquistes. Eux aussi doivent espérer qu’Harper ne séparera pas le pays.

Statu Quo: Les options fédéralistes et souverainistes, et le NPD

Si certains pensent que la mort annoncée du Bloc veut également dire la mort du mouvement souverainiste, c’est qu’ils sont de bien piètres analystes. Par contre, tout mouvement trop anti-québécois de la part du gouvernement ou du ROC se traduira par une montée du nationalisme québécois. À mon avis, aucune des deux options n’a progressé lors de cette élection et ce n’était pas un enjeu: c’est du moins le message qu’a envoyé le Québec au Bloc et au PLC.

La victoire du NPD est à double-tranchant pour le parti de Jack Layton. Ils ont moins de pouvoir aujourd’hui qu’ils en auraient eu dans une coalition contre un gouvernement minoritaire. Mais en devenant l’opposition officielle, ils ont assurément pris du gallon. Reste à voir si c’est du solide, d’autant plus que la majorité de leur députation vient d’un vote de contestation, celui du Québec.

Les perdants: les Québécois, les Libéraux et le Bloc

Oui, la démocratie a parlé. Oui, le Bloc a été presque anéanti. Et oui, la presque totalité de la province a voté contre Harper.  Mais il s’agit encore d’un rendez-vous raté entre le ROC et le Québec. Et la voix qu’ils ont choisi ne sera malheureusement pas encore celle du Parlement. Sur le plan politique, car le truc rassurant, c’est de voir que seulement 17% des Québécois voulaient un gouvernement conservateur.

Pas besoin de vous expliquer pourquoi les Libéraux et le Bloc ont subi une sérieuse raclée. Je crois que le PLC saura rebondir, mais pas le Bloc. De toute façon, j’ai toujours crié haut et fort que la souveraineté se ferait au Québec, pas à Ottawa. Alors tant mieux si ça peut recentrer le débat sur l’axe gauche-droite, plutôt que sur la question référendaire.

Ce vent de changement qui n’est jamais venu

J’étais de ceux qui croyaient que le temps était venu pour un réel changement. Niet. Nada. Et seulement 61% de taux de participation.

Un autre gouvernement minoritaire, plus faible que le précédent, avec un taux de votation réellement plus élevé, aurait pu ramener à l’avant-scène la question de la réforme du mode de scrutin. Avec l’arrivée d’un gouvernement majoritaire conservateur, qui veut en prime abolir le financement aux partis politiques, cette possible réforme va aller aux calendes grecques. À moins que la population ne puisse être mobilisée convenablement, et que le tout devienne un enjeu de la prochaine campagne fédérale. Mais quatre ans, c’est vraiment, vraiment, vraiment long en politique.

Mettons tout de suite les choses au clair: mon intention derrière ce billet n’est pas de banaliser le crime horrible et sordide qu’a commis Guy Turcotte lorsqu’il a tué ses enfants et tenté vainement de mettre fin à ses jours. Mais c’est plus fort que moi: dans mon incessant désir de devenir une meilleure personne, j’essaie souvent d’aller au-delà des faits triviaux, des évidences, des trucs superficiels. Je veux comprendre. Ce qui ne veut pas dire endosser ou approuver. Aussi, loin de moi l’idée de mettre le blâme sur la femme adultère, ce qui serait simpliste, grossier et indécent.

Avant d’aller plus loin, je vous recommande la lecture de deux articles. Le premier, un éditorial de Yves Boisvert, explique en long et en large pourquoi un procès est nécessaire dans toute cette affaire; le second, une chronique de Pierre Foglia, présente Guy Turcotte en tant que monstre, mais en essayant de nous amener sur une piste de réflexion intéressante: il est un monstre certes, comme nous le sommes tous un peu au fond de nous.

La nature humaine étant ce qu’elle est, l’homme (et la femme) est capable du meilleur et du pire. C’est souvent programmé dès la naissance, dans nos gènes. À cela s’ajoute l’éducation reçue de nos parents ou tuteurs, de nos enseignants et mentors; l’expérience vécue auprès de nos amis; des leçons tirées de nos victoires et défaites, de nos succès et échecs. Le résultat est ce que nous sommes, et ce résultat sera en constante évolution, jusqu’à notre mort.

Je n’ai pas la prétention d’être parfait. Je n’ai pas non plus la prétention de n’avoir jamais commis le moindre petit larcin ou mauvais coup, jeune ou moins jeune. Je crois donc devoir me garder une petite gêne, une certaine humilité face aux criminels. D’autant plus que je considère avoir été gâté par la vie, avec des parents géniaux, une bonne santé, de bons amis, une femme merveilleuse et des enfants formidables. J’adore mon boulot (même si ce n’était pas le cas il y a 4 ans), et mon expérience de vie m’a toujours permis de grandir et devenir une meilleure personne (il me semble).

C’est donc avec cette même humilité que j’approche le cas Turcotte, et que j’abonde dans le sens de Foglia. Turcotte est un monstre, y’a pas à dire; mais il y a aussi un monstre tapi dans le for intérieur de tout être humain.

On ne doit pas plaindre Guy Turcotte. On peut en avoir pitié si ça nous chante. Mais il faut d’abord et avant tout se questionner sur ce que l’on est devenu au fil des années. Sur nos priorités, dans la vie. Accordons-nous trop d’importance à notre travail, à l’argent, à la consommation de biens matériels? Donnons-nous suffisamment de temps à nos enfants, à notre couple, à nous-même en temps qu’individus? Sommes-nous honnêtes, respectueux et sincères dans nos relations amoureuses?

Je crois que ce crime odieux devrait à tout le moins nous faire réfléchir. Et nous rappeler que nous sommes tous imparfaits… et humains.

J’ai assisté hier à une séance spéciale du comité de parents de la Commission scolaire des Découvreurs (CSDD), à laquelle étaient conviés les présidents des conseils d’établissement de la commission scolaire.

Pour faire un petit cours de commission scolaire 101, sachez que dans chaque commission scolaire, il y a plusieurs écoles, toutes sous la supervision d’un ou plusieurs directeurs et directeurs adjoints; mais qu’il existe aussi un conseil d’établissement par école (ou école institutionnelle, j’y arrive…), constitué de parents et de membres du personnel, qui doit être consulté par la direction et qui a un certain pouvoir d’adoption et de résolution. Je suis actuellement président du conseil d’établissement de l’école institutionnelle des Grandes-Marées / Marguerite-d’Youville, soit le regroupement de deux écoles en une seule entité. Il y a également un comité de parents, constitué d’un parent par école, institutionnelle ou pas, et délégué par le conseil d’établissement.

Bref, la direction-générale s’est invitée à la réunion mensuelle du comité de parents pour nous présenter les nouvelles règles budgétaires applicables aux commissions scolaires en 2011-2012. Et c’est là que ça devient intéressant.

La priorité en éducation

Il y a 2 mois, le gouvernement Charest sortait en grande pompe un budget mettant l’éducation en tête de liste des priorités: tableaux blancs interactifs, anglais intensif à l’école primaire, réduction du nombre d’élèves dans les classes, portables pour les enseignants… bref, beaucoup de tape-à-l’oeil, de nananes électorales pour le petit peuple peu informé. Rapidement, les syndicats  et la fédération des commissions scolaires ont indiqué que tout ça, c’était bien beau, mais que ce n’était pas dans leurs priorités, et que ce n’était pas ce qui était demandé.

Récemment, certains enseignants critiquaient fortement la politique visant à faire compter un élève en difficulté pour 3, mais en enlevant les ressources additionnelles prévues pour supporter l’enseignant principal. En gros, on enlève au prof l’éducateur spécialisé qui pouvait l’aider avec le jeune en problème, mais on lui donne deux chaises vides autour du dit élève; en prime, la commission scolaire doit faire plus de groupes, donc payer plus d’enseignants… bref, on a simplement déplacé le problème ailleurs. Non pas que de réduire le nombre d’élèves par classe soit une mauvaise chose. Mais ça, ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Des compressions… prioritaires

Le gouvernement Charest a récemment adopté la loi 20, qui force les commissions scolaires à faire des compressions administratives relativement importantes. Même si l’éducation est une priorité, on peut comprendre que tout le monde soit appelé à faire sa part. Le hic, c’est que de nouvelles compressions supplémentaires ont été annoncées aux commissions scolaires tout récemment, au moment où celles-ci doivent boucler leurs budgets d’effectifs. Et on leur demande en prime de le faire sans que ce soit au détriment des services aux élèves. Si je me fie aux chiffres présentées par la CSDD, ce sera pour eux une mission impossible.

Les chiffres de la CSDD

On s’entend que je n’ai pour l’instant qu’une version de l’histoire. Mais en voici les grandes lignes:

  • Le budget de la CSDD est de 131 millions de dollars, soit 27 millions provenant des taxes scolaires et 104 millions en subventions gouvernementales; ces subventions dépendent du nombre d’élèves inscrits à l’une ou l’autre des écoles de la CSDD. Les taxes perçues sont à la limite de ce qui est prescrit par la loi.
  • Sur ce montant, des compressions supplémentaires de l’ordre de 1,5 millions sont demandées, soit 1,1%.
  • Les activités administratives de la CSDD représentent environ 7 millions de dollars, soit 5.3% du budget total. Ceci veut dire que pour chaque dollar géré par la CSSD, 0,95$ revient en services à l’élève. Toujours selon la CSDD, peu d’instances politiques peuvent se vanter d’un tel niveau d’efficacité, citant à titre d’exemples plusieurs villes, dont celles de Montréal (26% du budget passé en dépenses administratives).
  • Sur le 7 millions, 1 millions de dollars sont attribués à des dépenses incompressibles, de par la loi.
  • À défaut de couper  1,5 millions sur les activités administratives, soit 21% de cette enveloppe budgétaire, les services aux élèves risquent d’être affectés.

Donner d’une main pour reprendre de l’autre

Je retiens deux choses de cette présentation de la CSDD.

La première est que le gouvernement Charest est très habile à donner d’une main pour reprendre de l’autre. D’autant plus qu’il augmente le budget d’investissement, mais oblige les commissions scolaires à couper dans le budget de fonctionnement. Le gouvernement finance donc ses mesures bonbons en coupant les vivres aux commissions scolaires. Et puisque les commissions scolaires ont mauvaise presse, ils s’attendent probablement à ce que ça passe comme une lettre à la poste.

La deuxième, c’est que si les commissions scolaires sont aussi inefficaces que le prétendent les tenants de la droite, est-ce que la CSDD est l’exception à la règle, ou est-ce que 5% est un taux vraiment si élevé de frais administratifs?

Maintenant que le citron des commissions scolaires est totalement pressé, le gouvernement pourrait-il plutôt aller voir ce qui se passe dans les bureaux du Ministère de l’éducation, des loisirs et du sport (MELS) ?

Depuis que j’ai lancé ce blogue, j’ai un sujet qui me trotte en tête. Je cherchais la meilleure façon de l’aborder, jusqu’à aujourd’hui. C’est un échange entre Jean-François Lisée, blogueur pour l’Actualité et stratège péquiste bien connu, et Éric Duhaime, l’une des têtes dirigeantes du groupe de réflexion de droite Réseau Liberté-Québec, qui m’ a donné l’angle d’attaque.

Pour vous remettre en contexte, M. Duhaime a fait publier dans plusieurs quotidiens une lettre de réjouissance (si l’on peut la qualifier ainsi) concernant la défaite du Bloc Québécois aux dernières élections fédérales. L’échange est relaté ici par Lisée. Libre à vous de trouver la version complète de Duhaime si ça vous chante; mais personnellement, j’accorde autant de crédibilité à cet homme qu’à son regroupement et sa co-porte-parole, Mme Johanne Marcotte, c’est-à-dire peu ou pas du tout.

J’arrive donc au vif du sujet, celle de la crédibilité de la droite québécoise. Je suis donc à la recherche de vrais bons défenseurs de la droite québécoise. Car j’aime bien voir les deux côtés de la médaille, les deux versions de l’histoire avant de prendre position. Mais malheureusement, je n’ai pas encore trouvé un vrai bon éditorialiste de droite qui m’intéresse, qui ne tombe pas si facilement dans le populisme et les préjugés. Je suis donc malheureusement presque toujours pris avec la version gauchiste des événements qui font l’actualité.

Le plus à droite que je lis sur une base quasi-régulière (et dont j’ai lu l’un des essais) est Joseph Facal. Mais il n’est à droite que sur le plan économique et encore: il est plus souvent qu’autrement au centre. Pour le reste, c’est dans l’ensemble un social-démocrate, mais avec un diplôme d’économiste. Par surcroît, il est souverainiste, alors même s’il n’est pas toujours d’accord avec Lisée, ils se rejoignent sur plusieurs points. André Pratte est plus au centre qu’à droite; et franchement fédéraliste: c’est au moins ça de gagner, de lire des points de vue divergents sur le fédéralisme. Alain Dubuc est peut-être un peu plus à droite, mais quand même. Et puisque les médias du groupe Gesca (comme La Presse et Le Soleil) ont la réputation d’être de gauche…

Les radios de Québec sont à droite probablement plus pour des raisons d’argent que de convictions. Bouchard (FM93), Arthur, Fillion font d’abord et avant tout de la cote d’écoute. La plupart du temps, leurs arguments sont grossiers; leurs solutions, simplistes; et ils font d’abord et avant tout un spectacle. Je trouve rarement matière à réflexion dans leurs pétages de coches démagogiques. Il en est de même pour Richard Martineau.

Legault avait été identifié comme un possible leader pour cette droite brouillonne et peu crédible en duel contre les intellectuels du centre et de la droite. Mais les droitistes ont rapidement déchanté lorsqu’ils ont constaté que Legault était d’abord et avant tout un social-démocrate las de la cause souverainiste, qui crèchait davantage au centre qu’à droite. Alors oui, les travaux de la Coalitation pour l’avenir du Québec m’intéressent, mais tout autant que ceux du GÉDI, deux excellents  et crédibles « think thanks » apolitiques (pour le moment).

Parlant de think thank, on pourrait bien parler de l’Institut Économique de Montréal (IEDM), qui en a lui aussi pris pour son rhume cette semaine, avec un éditorial peu étoffé d’une de ses porte-étendards, Mme Natalie Elgraby-Lévy, dit éditorial qui s’est fait taillé en pièces par de simples chroniqueurs du milieu artistique. Un peu comme pour le Réseau Liberté-Québec, les sorties des membres de l’IEDM ne survivent habituellement que très rarement lorsqu’analysées et critiquées par les tenants de la gauche.

Bref, j’avais écrit sur ce blogue que les électeurs de droite étaient plutôt mal pris au niveau fédéral, puisqu’il n’avait d’autre choix que de voter pour un parti galvaude, qui contient à la fois des idées qui leurs tiennent à coeur, et d’autres qui leur répugnent probablement autant qu’au gens de gauche. Je crois qu’ils le sont aussi au Québec; non pas parce que les médias sont à gauche, qu’ils les démonisent, et qu’ils leur laissent peu de place, comme le prétend Duhaime et Marcotte. Mais surtout parce que lorsque les médias leurs donnent la chance de s’exprimer, ils exposent la faiblesse de leurs arguments peu réfléchis, populistes et démagogues.

L’avis de recherche est donc lancé: je cherche un bon chroniqueur-analyste-intellectuel-débatteur-de-droite. Quelqu’un de solide, avec qui je serai probablement rarement d’accord, mais qui pourra susciter des doutes dans mes idées, mes valeurs, et mes convictions. Et peut-être même me faire changer d’avis, et me rapprocher du centre, voire même de la droite. Car, seuls les fous ne changent pas d’idée; et je cherche un droitiste qui saura me prouver que je ne suis pas fou.