Articles Tagués ‘Commissions scolaires’

Déjà 4 ans que j’ai fait mon entrée dans le merveilleux monde de la politique scolaire. Mon fils aîné venait de faire son entrée à la maternelle et désirant m’impliquer dans son école, j’ai accepté d’être membre du Conseil d’établissement. Quelques semaines plus tard, je devenais le président de ce même conseil, mandat renouvelé à chaque année depuis, et pour une 5e fois il y a quelques semaines.

Disons que mon premier mandat n’a pas été de tout repos, avec une pseudo-consultation sur la fermeture de l’École des Grandes-Marées (on sait maintenant que les « dés étaient pipés » depuis belle lurette…). Les années qui suivirent m’ont amené à travailler sur le dossier de l’implantation de l’enseignement intensif de l’anglais en 6e année, mais aussi à surveiller quelques autres dossiers un peu plus épineux.

Ceux qui me connaissent savent que je suis généralement quelqu’un de consensus; qui croit aux compromis, à la discussion; qui est également optimiste de nature, et qui pense que l’on peut toujours améliorer les choses.

C’est également ces principes qui dictaient, il y a 4 ans, mon opinion sur les commissions scolaires. Monstres étatiques étaient certes un peu balourds, et méritaient probablement un bon coup de barre, mais pas qu’on y mette le feu comme voulait alors le faire l’ADQ.

Ceux qui me connaissent extrêmement bien savent maintenant que même si je demeure une personne très réformiste et « de consensus », je suis passé dans le camp des abolitionnistes des commissions scolaires.

La liste des griefs que j’ai envers les commissions scolaires (et surtout envers la Commission scolaire des Découvreurs) est très longue:

  • Manque flagrant de transparence: une lecture attentive des procès-verbaux des réunions du Conseil des commissaires montre d’ailleurs un taux anormalement élevé de discussions à huis clos.
  • Manque d’écoute et d’esprit de collaboration: la population de Cap-Rouge a longtemps réclamé des changements à l’École des Grandes-Marées, seule école offrant du secondaire à Cap-Rouge même, afin qu’elle demeure viable; les demandes ont toujours été refusées, voire mêmes ignorées.
  • Manque de proactivité: dans le dossier de l’anglais intensif, nous avons volontairement repoussé d’un an l’implantation de ce programme, afin que la CSDD nous aide à bien le préparer; c’est plutôt notre corps enseignant qui a tenu le projet à bout de bras, même au niveau de la macro-planification des programmes (transition 5e-6e).
  • Intimidation et désinformation: j’ai même su entre les branches que certains membres de l’exécutif répandaient de fausses rumeurs à mon sujet, et qu’il tentaient de semer la zizanie entre certains membres de notre Conseil d’établissement et des commissaires indépendants; plutôt impressionnant pour des élus, qui de surcroît, adoptent des programmes et mesures pour lutter contre l’intimidation dans les écoles.

Les élections scolaires

Avec un taux de participation moyen avoisinant les 8% en 2009, il ne fait nul doute que les commissaires élus ont peu ou pas de légitimité. Et qu’ils peuvent agir à leur guise, sans compter qu’avec un tel taux de participation, une équipe bien organisée peut facilement faire sortir le vote en sa faveur. Bref, le résultat est un pallier de « gouvernement » digne d’une république de bananes.

La dernière réforme a vu le nombre de commissaires diminuer de moitié, et l’apparition d’un suffrage universel pour l’élection du président. À défaut de voir les commissions scolaires disparaître, on pourrait s’attendre à ce qu’un vent de changement s’amène au sein des conseils de commissaires, ébranlant le statu quo et mettant fin aux pratiques obscures de certains présidents de commissions scolaires ayant souvent une trop grande proximité avec la direction générale.

Mais la clé d’un tel changement réside aussi dans une hausse du taux de participation, qui aurait été facile à obtenir en jumelant les élections scolaires avec les dernières élections municipales. On aurait aussi alors pu sauver des coûts. Le précédent gouvernement a raté cette belle occasion.

C’est pourquoi, depuis quelques semaines, j’invite tout mon entourage à voter. En grand nombre. Pour des candidats indépendants qui veulent changer les choses (car il y en a, croyez-moi…).

Mais il y a un os…

Le dilemme libéral

C’est archiconnu: le parti Libéral du Québec compte dans ses membres un grand nombre de commissaires et de directeurs de commissions scolaires. Les conseils de commissaires sont même vus, par certains, comme étant un « Boys Club » du parti, un tremplin vers un rôle de candidat et, éventuellement, de député ou même de ministre.

Le ministre Bolduc est toutefois conscient du manque de légitimité actuelle du processus d’élections scolaires. Mais plutôt que de proposer une abolition ou une réforme complète, il soumet la question à un « référendum », en quelque sorte: le taux de participation déterminera l’avenir des commissions scolaires. Comprenez-vous maintenant un peu mieux mon dilemme ?

Si je vote, j’encourage le maintien de la structure actuelle.

Si je ne vote pas, je risque fort de maintenir en place des ardents défenseurs de la structure actuelle.

N’ayant pas trop confiance en une abolition par les libéraux et sachant qu’un tel processus pourrait prendre du temps, je vais donc voter le 26 octobre par anticipation (ou le 2 novembre), pour des candidats indépendants.

Un dernier mot sur les candidats indépendants

Bien qu’on mette souvent tous les commissaires dans le même panier, sachez qu’il en existe encore qui sont là pour les vraies raisons: le bien-être des élèves, et une bonne gestion des taxes scolaires payées par tous les citoyens propriétaires. Et que parmi ces commissaires (et candidats) indépendants, nombreux sont ceux qui souhaitent ardemment une réforme complète, voire même l’abolition des commissions scolaires.

Si vous recevez la visite ou un téléphone d’un candidat indépendant, veuillez l’accueillir avec respect: il veut comme vous améliorer les choses, maximiser les services offerts aux élèves, et alléger la structure. Et allez voter le 2 novembre.

Pendant que Janette a peur de l’intégrisme, Philippe a peur de la grande conspiration péquiste

Pendant ce temps, les autres partis tentent de rehausser le niveau du débat, et de nous faire connaître leur programme.

Entre deux choix, mon cœur balance

Pour la première fois depuis belle lurette, je n’aurai pas voté par anticipation. Car mon cœur balance entre de profondes convictions (principalement représentées par Québec Solidaire) et des enjeux plus terre à terre, près de mon quotidien. Car dans ma circonscription de Louis-Hébert, c’est un candidat caquiste qui attire mon attention.

Ceux qui me connaissent bien savent à quel point l’éducation est une question qui me préoccupe grandement. Président d’un Conseil d’établissement depuis bientôt 4 ans, mon implication m’a permis de mieux connaître les Commissions scolaires. J’avais entendu bien des choses à leur sujet, mais rien ne m’avait préparé au constat que je fais aujourd’hui: je crois malheureusement qu’il sera impossible de les réformer et de les rendre plus efficace. Ce palier de gouvernement est non seulement inefficace, mais il est en plus totalement sclérosé et contrôlé par une trop grande majorité de commissaires qui, malgré le fait qu’ils affichent une certaine indépendance, ont une trop grande proximité avec le pouvoir en place. Le taux de participation de 7% aux élections scolaires n’est pas tout à fait étranger à cet état de fait.

Je reviens donc à Louis-Hébert et le candidat caquiste qui y demande un mandat de député auprès de la population. Mario Asselin est un ancien directeur d’école, et un ardent partisan de l’école autonome. Je l’ai contacté pour en savoir plus, et il m’a référé à un ancien billet de son blogue, en plus de m’offrir de le rencontrer pour en discuter.

C’est ainsi que je laisserai « courtiser » par la CAQ demain midi, dans un petit restaurant près de chez moi, tout en apprenant davantage sur l’alternative caquiste aux commissions scolaires.

La suite dans quelques jours…

J’ai assisté hier à une séance spéciale du comité de parents de la Commission scolaire des Découvreurs (CSDD), à laquelle étaient conviés les présidents des conseils d’établissement de la commission scolaire.

Pour faire un petit cours de commission scolaire 101, sachez que dans chaque commission scolaire, il y a plusieurs écoles, toutes sous la supervision d’un ou plusieurs directeurs et directeurs adjoints; mais qu’il existe aussi un conseil d’établissement par école (ou école institutionnelle, j’y arrive…), constitué de parents et de membres du personnel, qui doit être consulté par la direction et qui a un certain pouvoir d’adoption et de résolution. Je suis actuellement président du conseil d’établissement de l’école institutionnelle des Grandes-Marées / Marguerite-d’Youville, soit le regroupement de deux écoles en une seule entité. Il y a également un comité de parents, constitué d’un parent par école, institutionnelle ou pas, et délégué par le conseil d’établissement.

Bref, la direction-générale s’est invitée à la réunion mensuelle du comité de parents pour nous présenter les nouvelles règles budgétaires applicables aux commissions scolaires en 2011-2012. Et c’est là que ça devient intéressant.

La priorité en éducation

Il y a 2 mois, le gouvernement Charest sortait en grande pompe un budget mettant l’éducation en tête de liste des priorités: tableaux blancs interactifs, anglais intensif à l’école primaire, réduction du nombre d’élèves dans les classes, portables pour les enseignants… bref, beaucoup de tape-à-l’oeil, de nananes électorales pour le petit peuple peu informé. Rapidement, les syndicats  et la fédération des commissions scolaires ont indiqué que tout ça, c’était bien beau, mais que ce n’était pas dans leurs priorités, et que ce n’était pas ce qui était demandé.

Récemment, certains enseignants critiquaient fortement la politique visant à faire compter un élève en difficulté pour 3, mais en enlevant les ressources additionnelles prévues pour supporter l’enseignant principal. En gros, on enlève au prof l’éducateur spécialisé qui pouvait l’aider avec le jeune en problème, mais on lui donne deux chaises vides autour du dit élève; en prime, la commission scolaire doit faire plus de groupes, donc payer plus d’enseignants… bref, on a simplement déplacé le problème ailleurs. Non pas que de réduire le nombre d’élèves par classe soit une mauvaise chose. Mais ça, ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Des compressions… prioritaires

Le gouvernement Charest a récemment adopté la loi 20, qui force les commissions scolaires à faire des compressions administratives relativement importantes. Même si l’éducation est une priorité, on peut comprendre que tout le monde soit appelé à faire sa part. Le hic, c’est que de nouvelles compressions supplémentaires ont été annoncées aux commissions scolaires tout récemment, au moment où celles-ci doivent boucler leurs budgets d’effectifs. Et on leur demande en prime de le faire sans que ce soit au détriment des services aux élèves. Si je me fie aux chiffres présentées par la CSDD, ce sera pour eux une mission impossible.

Les chiffres de la CSDD

On s’entend que je n’ai pour l’instant qu’une version de l’histoire. Mais en voici les grandes lignes:

  • Le budget de la CSDD est de 131 millions de dollars, soit 27 millions provenant des taxes scolaires et 104 millions en subventions gouvernementales; ces subventions dépendent du nombre d’élèves inscrits à l’une ou l’autre des écoles de la CSDD. Les taxes perçues sont à la limite de ce qui est prescrit par la loi.
  • Sur ce montant, des compressions supplémentaires de l’ordre de 1,5 millions sont demandées, soit 1,1%.
  • Les activités administratives de la CSDD représentent environ 7 millions de dollars, soit 5.3% du budget total. Ceci veut dire que pour chaque dollar géré par la CSSD, 0,95$ revient en services à l’élève. Toujours selon la CSDD, peu d’instances politiques peuvent se vanter d’un tel niveau d’efficacité, citant à titre d’exemples plusieurs villes, dont celles de Montréal (26% du budget passé en dépenses administratives).
  • Sur le 7 millions, 1 millions de dollars sont attribués à des dépenses incompressibles, de par la loi.
  • À défaut de couper  1,5 millions sur les activités administratives, soit 21% de cette enveloppe budgétaire, les services aux élèves risquent d’être affectés.

Donner d’une main pour reprendre de l’autre

Je retiens deux choses de cette présentation de la CSDD.

La première est que le gouvernement Charest est très habile à donner d’une main pour reprendre de l’autre. D’autant plus qu’il augmente le budget d’investissement, mais oblige les commissions scolaires à couper dans le budget de fonctionnement. Le gouvernement finance donc ses mesures bonbons en coupant les vivres aux commissions scolaires. Et puisque les commissions scolaires ont mauvaise presse, ils s’attendent probablement à ce que ça passe comme une lettre à la poste.

La deuxième, c’est que si les commissions scolaires sont aussi inefficaces que le prétendent les tenants de la droite, est-ce que la CSDD est l’exception à la règle, ou est-ce que 5% est un taux vraiment si élevé de frais administratifs?

Maintenant que le citron des commissions scolaires est totalement pressé, le gouvernement pourrait-il plutôt aller voir ce qui se passe dans les bureaux du Ministère de l’éducation, des loisirs et du sport (MELS) ?