Archives de juillet, 2012

Plusieurs réactions, sur ma page Facebook, suite à mon dernier billet qui traitait du possible aménagement de boîtes de scrutin dans les cégeps et les universités.

D’abord, pour ceux qui en doutent, sachez que le DGEQ aménage déjà des boîtes de scrutins dans les centres d’hébergement pour personnes âgées; accommoder les  étudiants de manière similaire ne serait donc pas une « première ».

Faudrait-il aussi faire de même dans certaines grandes entreprises où le nombre le justifierait? Le nombre, ce n’est pas tout: encore faut-il prouver que les employés des dites entreprises votent peu, et donc qu’ils sont sous-représentés dans les résultats électoraux; ce qui est le cas des jeunes.

L’idée derrière cette initiative est donc d’augmenter le taux de participation chez les jeunes, non seulement en leur facilitant la vie, mais surtout en donnant de la visibilité à cette action citoyenne. Et pour se faire, il faut rejoindre les jeunes non-politisés, désintéressés; pas ceux qui suivent l’actualité politique 7 jours sur 7, car ces derniers trouveront le moyen de voter d’une manière ou d’une autre.

On m’a aussi soulevé l’argument que ce genre d’initiative ne vise qu’à aider le PQ à augmenter son suffrage dans les grands centres urbains, prétextant que les jeunes votent traditionnellement plus PQ et qu’il ferait mieux de s’inscrire dans leur circonscription d’origine. Deux choses à ce sujet:

  • Si les jeunes votent traditionnellement plus PQ, peut-être que c’est aux autres partis de faire des efforts pour plaire à l’ensemble de l’électorat, plutôt qu’à ne viser que les personnes plus âgées (message peu subtil au PLQ);
  • Les jeunes qui étudient « à l’extérieur » n’y font pas qu’étudier: ils y vivent, et doivent « subir » les conséquences des décisions de leurs élus, bien davantage dans leur ville d’adoption (d’études) que dans leur patelin d’origine.

Le réel problème : le manque de représentativité

Toutes ces questions soulèvent une faiblesse évidente de notre système démocratique: le manque de représentativité découlant d’un mode de scrutin désuet. Il faut prendre le virage d’un mode de scrutin proportionnel mixte le plus vite possible , qui permettrait à tous de se sentir bien représentés, quel que soit leur âge, leur lieu de résidence, ou leur ville d’adoption.

Présentement, cette réforme du mode de scrutin n’est établie en tant que priorité que pour deux partis, Québec Solidaire et Option Nationale; le PQ l’a tout récemment retiré de son programme (René Lévesque a dû alors se retourner dans sa tombe, cette initiative étant si chère à ses yeux…); c’était également dans le programme de l’ADQ, jusqu’à ce que le parti atteigne l’opposition officielle,et la CAQ n’en pas fait mention jusqu’à présent; pour des raisons évidentes, le PLQ n’en parle pas non plus.

À mon humble avis, le passage vers un mode de scrutin proportionnel mixte serait le meilleur premier pas à faire pour combattre le cynisme des citoyens à l’égard de la chose politique. Il faut donc exiger de nos candidats locaux qu’ils prennent l’engagement de mettre de l’avant une telle réforme, et qu’ils convainquent l’establishment de leurs partis respectifs qu’il s’agirait d’une mesure positive pour tous les politiciens honnêtes et soucieux de bien représenter la majeure partie de l’électorat.

Dans un article paru dans la Presse canadienne, on apprend que les fédérations étudiantes ont plaidé une nouvelle fois pour l’aménagement de bureaux de vote dans les cégeps et les universités en prévision du prochain scrutin, et qu’elles ont d’ailleurs écrit à ce sujet, aujourd’hui, au Directeur général des élections du Québec (DGEQ), ainsi qu’aux principaux partis politiques.

Ce qu’il faut se rappeler, c’est que cette idée est d’abord venue du DGEQ le printemps dernier. Elle n’a pas été retenue parce que (Ô surprise!) le Parti Libéral du Québec s’y est opposé.

D’un côté, certains prétendent que cette suggestion n’est pas souhaitable, puisqu’elle n’amène pas les jeunes à se responsabiliser par eux-mêmes; qu’on tient trop cette génération par la main, comme des enfants. Les plus cyniques vont même jusqu’à proposer toute une série de groupes d’individus qui mériteraient ce genre d’accomodement.

Personnellement, je ne vois pas en quoi cette mesure diffère de l’aménagement de boîte de scrutins dans les résidences pour personnes âgées, l’objectif étant ici d’augmenter le taux de participation d’un groupe d’âge ciblé qui demeure sous-représenté actuellement. Bien sûr, cette mesure ne devrait être que temporaire, le temps d’obtenir un taux de participation des jeunes décent et représentatif.

On peut par contre facilement comprendre l’opposition du PLQ à une telle mesure, considérant que le vote des jeunes penche rarement en faveur de ce parti…

Alors que se pointe à l’horizon des élections estivales au Québec, il demeure important de garder en tête certains enjeux qui ne seront peut-être pas énoncés de manière claire et explicite, autant par les partis politiques en présence que par les médias assurant la couverture de la campagne.

L’enjeu principal : la légitimité gouvernementale

Le cynisme qui règne sur le plan politique depuis plusieurs années a résulté en des taux de participation anémiques, ce qui affecte grandement la crédibilité et la légitimité des gouvernements élus. On a également été à même de le constater lors du printemps érable: jamais il n’y aurait eu autant de monde dans la rue si les gens avaient considéré ce gouvernement comme étant légitime, et si la hausse des frais de scolarité découlaient d’une promesse électorale ferme.

Le principal enjeu selon moi est donc de faire augmenter le taux de participation de manière significative, afin que le prochain gouvernement élu, qu’il soit majoritaire ou constitué d’une coalition de partis, puisse aller de l’avant avec des mesures appuyées par une majorité, à défaut de faire l’unanimité.

Autrement, imaginez le désastre d’une gouvernement libéral minoritaire avec un taux de participation anémique: on serait pas sorti du bois…

Le futur du Québec… à long terme

Le Plan Nord. Les frais de scolarités. Deux éléments parmi d’autres qui seront amplement débattus lors de cette campagne. Mais probablement surtout dans une optique de court terme. Quel genre de Québec voulons-nous à long terme ?

Qu’adviendra-t-il du territoire Québécois lorsque le Nord aura été pillé de ses ressources ? Aurons-nous reçu des redevances suffisantes pour ces ressources, et des engagements de la part des compagnies de préserver au maximum l’environnement et de nettoyer les sites suite à leur départ ?

L’éducation est-elle un bien de consommation comme un autre, ou un droit fondamental ? L’éducation universitaire est-elle un luxe ? Le modèle utilisateur-payeur est-il souhaitable, mais surtout profitable pour qui ? Manquons-nous vraiment d’argent pour se payer nos services, ou est-ce simplement que cet argent est mal réparti ? Si on crée de la richesse, va-t-on réussir à bien la répartir et à en faire profiter un maximum de citoyens ?

Derrière toutes ces questions se cache un choix très important : veut-on simplement réformer le modèle social-démocrate actuel pour le rendre plus efficace et encore plus équitable pour tous, ou veut-on se tourner vers un modèle néo-libéral « d’au-plus-fort-la-poche » où l’individu est plus important que la collectivité ?

L’identité québécoise

Ce que le Québec manque cruellement, c’est d’un projet de société. Un fil conducteur qui pourrait rassembler une majorité de droitistes et de gauchistes, de fédéralistes et de souverainistes. Bref, il faut que l’identité québécoise reprenne de la vigueur, que ce soit pour une éventuelle indépendance du Québec, ou simplement pour renforcer l’influence de la province au sein du Canada, au lieu de laisser cette influence s’éroder au profit des provinces de l’Ouest.

Ce ne sera pas facile. À chaque fois que cette question est soulevée en campagne électorale, les débats se concentrent au niveau d’un éventuel référendum, au détriment des autres questions sous-jacentes telles que la langue, la culture, l’immigration, etc. On peut espérer que ce sera différent cette fois, mais comptez sur les Libéraux pour brandir la menace du référendum dès qu’ils seront un tantinet en recul dans les sondages durant la campagne.

Un vote crucial

J’ai bien l’intention de faire tout mon possible pour faire sortir le vote autour de moi. De convaincre tous et chacun de l’importance de ce vote qui déterminera le futur du Québec pour les 4 à 5 prochaines années. La crise de 2008 a passé sans trop nous affecter, mais ce ne sera visiblement pas le cas pour la prochaine qui se pointe à l’horizon.

Si nous n’avons pas un projet de société clair et des objectifs précis à long terme, le Québec sera, comme d’autres nations à travers le monde, à la merci des intérêts des grandes banques et autres puissances économiques. Et nous goûterons, nous aussi, aux mesures d’austérité qui font grincer des dents et qui pourraient causer des perturbations encore plus grandes que le récent printemps érable.

Alors, chers amis, tenez-vous informés: lisez les programmes des partis, mais aussi ceux de vos candidats locaux. Puis votez: votez bleu, votez jaune, votez orange, votez vert… ou votez rouge si le coeur vous en dit. Mais bon Dieu, votez !