Archives de novembre, 2011

J’ai vu cette semaine sur TOU.TV l’émission Enquête portant sur Québécor (QuébecOR) et même si je n’y ai pas appris beaucoup de choses, mon opinion  au sujet de Quebecor est encore plus négative qu’elle ne pouvait l’être auparavant. Plusieurs craintes que j’avais s’avère fondée et le portrait global tracé par Alain Gravel et son équipe m’inquiète au plus haut point.

D’abord, tout québécois devrait voir ce documentaire. Car comme s’en pète lui-même les bretelles ce cher Pierre-Karl Péladeau, Québécor est un fleuron de l’économie québécoise qui appartient à 40% aux québécois via la Caisse de dépôt et de placement du Québec. Et justement parce qu’elle m’appartient un tantinet, je n’hésiterai pas à exiger de ce groupe de médias un rehaussement des standards de qualité et plus de transparence.

Crevons d’abord l’abcès par rapport au biais de Radio-Canada dans le reportage, ainsi que des prétendus liens entre le groupe Gesca (La Presse, Le Soleil, La Tribune… tous des propriétés de Power Corporation, dirigée par la famille Desmarais, entre autres)… Évidemment, Radio-Canada peut difficilement faire un tel reportage sans se voir légèrement en conflit d’intérêt, et l’équipe d’Alain Gravel l’affirme sans équivoque. Par contre, l’enquête semble avoir été faite avec la rigueur habituelle à laquelle sont habitués les auditeurs de la chaîne nationale. Il y est aussi question de Gesca, et plusieurs reproches que le reportage fait à Québécor peuvent également être faits à Gesca, notamment au niveau de l’auto-promotion et des dangers de la concentration de presse. Quant aux liens entre Gesca et Radio-Canada, j’aimerais bien que Quebecor puisse en faire la démonstration, car mis à part la proximité connue entre le Parti Libéral du Canada (qui n’est plus au pouvoir) et la famille Desmarais, je n’ai jamais lu de preuves bien concrètes à ce sujet. Et cessez de voir des complots où il n’y en a pas: si la plupart des émissions produites par La Presse Télé trouvent preneurs chez Radio-Canada, c’est qu’elles sont systématique refusées chez le concurrent. Ce qui ne veut pas dire qu’il en faut pas garder un oeil sur Gesca…

La différence fondamentale entre les deux empires réside donc au niveau de la qualité de l’information (que Péladeau traite comme de la marchandise, avec pour seul objectif de faire du profit et pas nécessairement d’informer ), du cloisonnement des salles de nouvelles (qui communiquent entre elles comme jamais et ne se soumettent plus au Conseil de Presse) et de l’ingérence de la haute direction dans la diffusion de l’information (désinformation et acharnement ciblés au rendez-vous). Considérant les liens étroits entre PKP et Stephen Harper (entre autres via Sun Media, filiale canadienne-anglaise de l’empire), ainsi que le quasi monopole qu’exerce Quebecor au Québec au niveau médiatique (qui est heureusement contre-balancé par la société d’état canadienne, car Remstar (V) et Astral Media ne font pas le poids) , on ne peut qu’être inquiet de l’influence politique de l’empire qui semble maintenant craint par tous les politiciens des principaux partis provinciaux (voir « Projet de loi 204 »).

Voilà ce que j’en pense. Je vous laisse le soin d’en juger par vous-même, en regardant le reportage. Croyez-moi : c’est un 45 minutes bien investi.

Bien hâte de voir si Quebecor saura faire un reportage d’une aussi grande qualité et rigueur sur les prétendus liens entre Radio-Canada et le groupe Gesca…

Bon, c’est bien beau chiâler, mais on peut aussi passer en mode propositions et solutions. Je me lance donc, sous forme de questions… ça devrait donner des pistes de solutions au comité organisateur:

  • Pourquoi le groupe de gérance des Cowboys Fringants les a-t-il mis en candidature pour le Félix du groupe de l’année?
  • Pourquoi donne-t-on encore des prix aux humoristes à l’ADISQ, alors que le Gala des Oliviers s’en charge déjà amplement?
  • Si la révélation de l’année a été Brigitte Boisjoli, est-ce vraiment représentatif du bouillonnement et du renouvellement de la scène musicale québécoise?
  • Y a-t-il plus insignifiant que le prix du meilleur vendeur, considérant que l’artiste récipiendaire a probablement eu assez de retour sur son investissement en vendant le dit « produit »?
  • Pourquoi ne pas remettre un prix final et définitif à un artiste qui a déjà reçu assez de Félix, et les exclure de toute nomination pour les années suivantes? Ne serait-ce pas une manière polie de leur signaler qu’ils devraient laisser la place à la relève, pour vrai?

Lectures complémentaires: