Le vote sur le projet de loi 204 a donc eu lieu. Et le résultat est honteux pour la démocratie.
Lors du vote libre, la députée Agnès Maltais a invoqué une citation de René Lévesque, hors contexte, pour justifier sa démarche:
Je me méfie des gens qui affirment aimer le peuple, mais qui détestent ce que le peuple aime.
Avouez que l’on ne parle pas ici d’un projet de pays, d’une infrastructure déterminante pour un « peuple » : on parle d’un immeuble qui servira à du divertissement collectif, et qui sera principalement géré et rentabilisé par une entreprise privée (Quebecor, pour ne pas la nommer).
En passant, notez que tous les députés sans exception sont en faveur de la construction de l’amphithéâtre et du retour des Nordiques : c’est vraiment ce projet de loi anti-démocratique et un contrat de gestion qui ne semble pas nécessairement si gagnant-gagnant, qui est en cause.
Puis, les indépendants ont pris la parole. C’est là que j’ai entendu cette phrase de Marc Picard, qui m’a fait froncer les sourcils: il a affirmé qu’en « digne représentant des citoyens », il allait se rallier à ces concitoyens et voter en faveur du projet.
Quoi? Parce que la majorité de ses citoyens veulent un amphithéâtre à tout prix, pour des raisons principalement émotives, il doit faire de l’aplaventrisme et accepter qu’on enlève à la minorité, qui est contre, de pouvoir contester l’entente? N’aurait-il pas pu invoquer de vraies bonnes raisons, objectives, qui le convainquent, sans l’ombre d’un doute, qu’un tel projet de loi était vraiment nécessaire?
La dignité, c’est de savoir rester debout, humble, et fier. Si le peuple est aveuglé par l’émotivité, ce n’est pas lui rendre service que de le suivre dans cette vague émotive. Je m’attends d’un digne député qu’il soit comme un père, qu’il soit prêt à agir contre ma volonté parce qu’il sait ce qui est bien pour moi, et de me convaincre du bien-fondé de la chose; sinon, il doit agir en bon conseiller et révéler les raisons qui l’amènent à abonder dans le même sens que le peuple.
Populisme rime rarement avec dignité. Mais on n’est visiblement pas dans l’ère de la dignité, n’est-ce pas M. Charest?