Sur un point, Amir Khadir fait l’unanimité: il ne laisse personne indifférent. Il soulève les passions à gauche comme à droite du spectre politique provincial, et ses frasques font davantage les manchettes que ses bons coups.
La question que je pose aujourd’hui est la suivante: Amir Khadir est-il un extrémiste? Pour plusieurs, ça ne fait aucun doute. Pour ma part, je crois plutôt que la ligne est parfois très mince entre la passion et l’extrémisme.
C’est peut-être un peu pour ça que je m’identifie à Khadir. Je suis moi-même un être passionné. Et le propre des êtres passionnés est de s’investir à fond, de donner le maximum. Bien sûr, cette passion qui m’anime fait en sorte que je me mets parfois le pied dans la bouche (ou dans les plats, c’est selon). Que je fais des erreurs. Que je dois m’expliquer, m’excuser, me rétracter. L’erreur est humaine, et nous l’oublions souvent de nos jours, dans notre société axée sur la performance et allant à la vitesse « Grand V ».
Super Amir serait donc un être humain? Oui, humain et passionné, un authentique humaniste. Animé par de profondes convictions, comme ses nombreux modèles cités abondamment dans les médias (Gandhi et Luther King, entre autres), et qui le discréditent aux yeux de plusieurs chroniqueurs.
Il peut être difficile pour nous de comprendre ses convictions. Après tout, nous vivons dans une société de droit. Pas vraiment opprimée sur la plan de la qualité de vie, même si dans les faits, notre société laisse encore trop d’enfants mourir de faim, par exemple. Pas vraiment opprimée au niveau des libertés individuelles, même si certains libertariens en voudraient encore davantage. Mais Amir et sa famille ont vécu l’oppression, dans leur Iran d’origine. Il peut donc craindre davantage que vous et moi une possible dérive démocratique menant à un état policier.
Tout ça pour dire que je me reconnais beaucoup dans Amir Khadir. Je partage son caractère passionné, son humanité, sa propension à faire des gaffes justement à cause de ce caractère et de cette humanité. Et je partage aussi ses convictions, et sa perception que le monde d’aujourd’hui est drôlement mal foutu et franchement pas équitable. Et il faut reconnaître que Khadir sait se faire humble, s’expliquant ou s’excusant lorsque nécessaire.
Si on regarde parmi ses détracteurs habituels, on trouve Richard Martineau. Celui-ci ne souffre-t-il pas de ce même caractère passionné, voire même encore plus bouillant et dépassant souvent encore plus les bornes ?
Si on revient à la question initiale, en la bonifiant quelque peu: Khadir et Martineau sont-ils des extrémistes? Ou plutôt des passionnés empêcheurs de tourner en rond, chacun à sa façon?
Et en complémentaire: pourquoi tant d’acharnement sur un seul homme, qu’il se nomme Amir Khadir ou Richard Martineau ? Sont-ils à ce point dangereux pour notre société ? Notre attention et notre regard sont-ils portés vers le vrai danger, ou tente-t-on ici de faire diversion sur les réels enjeux ?