Archives de juin, 2012

Sur un point, Amir Khadir fait l’unanimité: il ne laisse personne indifférent. Il soulève les passions à gauche comme à droite du spectre politique provincial, et ses frasques font davantage les manchettes que ses bons coups.

La question que je pose aujourd’hui est la suivante: Amir Khadir est-il un extrémiste? Pour plusieurs, ça ne fait aucun doute. Pour ma part, je crois plutôt que la ligne est parfois très mince entre la passion et l’extrémisme.

C’est peut-être un peu pour ça que je m’identifie à Khadir. Je suis moi-même un être passionné. Et le propre des êtres passionnés est de s’investir à fond, de donner le maximum. Bien sûr, cette passion qui m’anime fait en sorte que je me mets parfois le pied dans la bouche (ou dans les plats, c’est selon). Que je fais des erreurs. Que je dois m’expliquer, m’excuser, me rétracter. L’erreur est humaine, et nous l’oublions souvent de nos jours, dans notre société axée sur la performance et allant à la vitesse « Grand V ».

Super Amir serait donc un être humain? Oui, humain et passionné, un authentique humaniste. Animé par de profondes convictions, comme ses nombreux modèles cités abondamment dans les médias (Gandhi et Luther King, entre autres), et qui le discréditent aux yeux de plusieurs chroniqueurs.

Il peut être difficile pour nous de comprendre ses convictions. Après tout, nous vivons dans une société de droit. Pas vraiment opprimée sur la plan de la qualité de vie, même si dans les faits, notre société laisse encore trop d’enfants mourir de faim, par exemple. Pas vraiment opprimée au niveau des libertés individuelles, même si certains libertariens en voudraient encore davantage. Mais Amir et sa famille ont vécu l’oppression, dans leur Iran d’origine. Il peut donc craindre davantage que vous et moi une possible dérive démocratique menant à un état policier.

Tout ça pour dire que je me reconnais beaucoup dans Amir Khadir. Je partage son caractère passionné, son humanité, sa propension à faire des gaffes justement à cause de ce caractère et de cette humanité. Et je partage aussi ses convictions, et sa perception que le monde d’aujourd’hui est drôlement mal foutu et franchement pas équitable. Et il faut reconnaître que Khadir sait se faire humble, s’expliquant ou s’excusant lorsque nécessaire.

Si on regarde parmi ses détracteurs habituels, on trouve Richard Martineau. Celui-ci ne souffre-t-il pas de ce même caractère passionné, voire même encore plus bouillant et dépassant souvent encore plus les bornes ?

Si on revient à la question initiale, en la bonifiant quelque peu: Khadir et Martineau sont-ils des extrémistes? Ou plutôt des passionnés empêcheurs de tourner en rond, chacun à sa façon?

Et en complémentaire: pourquoi tant d’acharnement sur un seul homme, qu’il se nomme Amir Khadir ou Richard Martineau ? Sont-ils à ce point dangereux pour notre société ? Notre attention et notre regard sont-ils portés vers le vrai danger, ou tente-t-on ici de faire diversion sur les réels enjeux ?

C’était soir d’élections partielles dans les comtés d’Argenteuil et de Lafontaine hier. Il faut bien sûr toujours prendre les résultats de ce genre d’élections avec un grain de sel, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de leçons à en tirer pour les différents chefs des partis.

J’y vais donc ce matin, à chaud, d’une humble analyse.

La grande gagnante: Pauline

Contre toute attente et à la surprise de tous, Argenteuil est maintenant passé dans le camp péquiste. Bien malin celui qui pouvait prédire une victoire du PQ dans ce château fort libéral, d’autant plus que la CAQ y présentait un candidat vedette issu du Bloc. Or, il semblerait (comme je l’ai déjà mentionné sur ce blogue) que la CAQ puisse faire aussi mal au vote libéral que péquiste, et même peut-être plus encore suite au conflit étudiant.

Tout n’est quand même pas gagné pour Marois: Charest a déjà ressorti l’épouvantail souverainiste pour Legault hier soir et il le fera aussi pour le PQ dès qu’il en aura l’occasion.

Victoire partielle ou défaite partielle pour Jean ?

Dans le climat social actuel, les militants libéraux vous diront qu’il s’agit d’une victoire que d’avoir conservé Lafontaine et de n’avoir perdu que par 500 voix dans Argenteuil. Ils n’ont pas tout à fait tort. J’aimerais par contre porter votre attention sur les taux de participation: 42% dans Argenteuil, ce qui est énorme pour une partielle; et 25% dans Lafontaine, ce qui est correct, mais sans plus, dans les circonstances. Faut-il en comprendre que plus le vote sortira fort, plus les chances de défaite des Libéraux seront grandes aux prochaines élections? Il y a un pas ici que je n’oserai franchir.

Le grand perdant: François

Fallait voir François Legault commenter les résultats d’hier, à chaud, mais surtout visiblement gêné. Car ce devait être un grand jour pour la CAQ. Tout le contraire s’est produit: troisième place dans les deux comtés, et de loin dans Argenteuil où se présentait pourtant un candidat vedette. Legault expliquait donc hier soir que ce n’était pas facile lorsqu’on présentait des solutions audacieuses et difficiles, une réponse malhabile et peu subtile d’un chef qui doit faire le constat suivant: la CAQ doit cesser de faire ce qu’elle reproche aux « vieux partis » depuis son arrivée sur la scène politique, soit d’aligner son programme et sa plate-forme électorale sur les sondages. 2 millions d’absentionnistes n’attendent que ça, un vrai « nouveau parti », et non une vulgaire copie qui ne fait que mettre en veille la question référendaire. Et Legault peut aller chercher le vote des fédéralistes déçus par Charest, même si François Rebello ne lui a visiblement pas simplifié la vie dans les derniers mois…

La division de la gauche souverainiste

Quelques mots sur Québec Solidaire et Option Nationale. Dans le coin orange, les frasques de Khadir ont peut-être fait mal à Québec Solidaire. Certes, on peut blâmer les médias québécois de focaliser davantage sur les faux pas d’Amir que sur les bonnes idées du parti, mais il faudra si faire. C’est un peu le cas de tout le monde, et il se devra, en tant que porte-parole, d’être plus prudent. Et de se rappeler que la ville de Québec (et ses policiers) est beaucoup moins sensible à ses idées…

Du côté d’Option Nationale, les deux sixièmes places d’hier renforcent l’opinion que j’ai du nouveau parti de Jean-Martin Aussant: il s’agit du seul parti qui n’a pas vraiment sa place actuellement sur la scène électorale provinciale. Aussant aurait probablement mieux fait de joindre Québec Solidaire, pour unir la gauche souverainiste, plutôt que de créer un PQ 2.0. Quitte à convaincre Québec Solidaire de parler davantage de son propre projet souverainiste, Pays de projets; mais ces deux partis partagent tellement d’atomes crochus qu’ils ne peuvent mettre l’idée d’une fusion de côté. Sans le PQ, bien sûr.

Ceci étant dit, des élections partielles veulent rarement dire quelque chose pour d’aussi jeunes partis. Et tous seront probablement d’accord sur le fait qu’il ne s’agissait pas de terrains fertiles pour leurs plate-formes électorales respectives (et semblables).

Des élections à l’automne? De moins en moins sûr…

Charest  aurait probablement préféré une double victoire hier. La défaite dans Argenteuil doit compliquer encore davantage sa réflexion par rapport à la date du prochain scrutin, d’autant plus à la lumière des résultats par rapport aux taux de participation. On peut donc comprendre la nervosité du Premier Ministre lorsque le Directeur-général des élections propose de mettre des boîtes de scrutins dans les cégeps et les universités, même si cela s’apparaît logique considérant la présence de telles boîtes dans des foyers de personnes âgées, et le fait que le taux de participation des jeunes doit être rehaussé pour assurer une représentation plus juste de cette tranche de la population dans l’électorat.