Archives de mars, 2014

Pendant que Janette a peur de l’intégrisme, Philippe a peur de la grande conspiration péquiste

Pendant ce temps, les autres partis tentent de rehausser le niveau du débat, et de nous faire connaître leur programme.

Entre deux choix, mon cœur balance

Pour la première fois depuis belle lurette, je n’aurai pas voté par anticipation. Car mon cœur balance entre de profondes convictions (principalement représentées par Québec Solidaire) et des enjeux plus terre à terre, près de mon quotidien. Car dans ma circonscription de Louis-Hébert, c’est un candidat caquiste qui attire mon attention.

Ceux qui me connaissent bien savent à quel point l’éducation est une question qui me préoccupe grandement. Président d’un Conseil d’établissement depuis bientôt 4 ans, mon implication m’a permis de mieux connaître les Commissions scolaires. J’avais entendu bien des choses à leur sujet, mais rien ne m’avait préparé au constat que je fais aujourd’hui: je crois malheureusement qu’il sera impossible de les réformer et de les rendre plus efficace. Ce palier de gouvernement est non seulement inefficace, mais il est en plus totalement sclérosé et contrôlé par une trop grande majorité de commissaires qui, malgré le fait qu’ils affichent une certaine indépendance, ont une trop grande proximité avec le pouvoir en place. Le taux de participation de 7% aux élections scolaires n’est pas tout à fait étranger à cet état de fait.

Je reviens donc à Louis-Hébert et le candidat caquiste qui y demande un mandat de député auprès de la population. Mario Asselin est un ancien directeur d’école, et un ardent partisan de l’école autonome. Je l’ai contacté pour en savoir plus, et il m’a référé à un ancien billet de son blogue, en plus de m’offrir de le rencontrer pour en discuter.

C’est ainsi que je laisserai « courtiser » par la CAQ demain midi, dans un petit restaurant près de chez moi, tout en apprenant davantage sur l’alternative caquiste aux commissions scolaires.

La suite dans quelques jours…

Des exemples de mauvaises raisons de voter pour un candidat/parti donné:

  • Voter contre, plutôt que pour. Si on gagne, on n’obtient pas notre premier choix; si on perd, c’est la plupart du temps une double défaite.
  • Voter en suivant les sondages. On donne alors raison aux sondages commandés par certains médias ou partis, et en prime, on est parfois surpris de voir que ces mêmes sondages ne reflètent pas la réalité.
  • Voter pour des raisons historiques. Je sais que vais ici toucher une corde sensible chez certains de mes proches, mais voter pour un parti parce que la mère, le grand-père ou l’oncle était dans ce parti et qu’il a fait de bonnes choses pour le Québec à ce moment-là, c’est une mauvaise raison. Il est où, le PQ de René Lévesque ? Le PLQ de Jean Lesage ? Je regrette, mais le PLQ de l’ère Charest a peu à voir avec celui de l’ère Lesage ou Bourassa. Et le PQ de Pauline n’a plus grand chose à voir avec celui de Lévesque…
  • Voter avec la peur au ventre. Vous avez peur de la souveraineté ? De PKP ? De la montée de la droite ? De l’intégrisme ? Il ne faut pas nier ces peurs, mais les canaliser et tenter de les rationnaliser. Quel est le risque que la chose appréhendée se produise réellement ? Quel serait son impact ? Combien pèse-t-il dans la balance par rapport au reste ? (Soyons sérieux: le prochain référendum sera visiblement le dernier; faudra donc le gagner, alors je doute qu’on ait droit à un référendum dans un avenir rapproché si vous voulez mon avis…)
  • Voter sans s’informer. Je ne comprendrai jamais pourquoi l’un des comtés les moins bien nantis de Québec (Vanier) a été le premier de la région à élire un candidat de l’ADQ (parti qui à l’époque n’était pas très tendre et généreux envers les assistés sociaux, et pour qui les politiques sociales n’étaient clairement pas une priorité). Visiblement, certains électeurs devraient prendre plus de temps pour analyser les programmes des partis et les enjeux privilégiés par leurs candidats locaux, plutôt que de se concentrer sur les chefs partis, leurs lignes « punchées » qui passent au bulletin de nouvelles et l’opinion du gars à la radio (désolé, j’pouvais pas m’en empêcher…). On pourrait aussi parler de tous ces progressistes qui avalent des couleuvres à chaque année pour éviter d’élire un gouvernement souverainiste…

Quelques suggestions pour un vote juste et éclairé :

  • s’informer en utilisant des sources variées de diverses provenances (le Journal de Québec et le TVA Nouvelles étant un exemple de source variées, mais pas de « provenances diverses »…)
  • débattre avec des amis, des proches et idéalement des personnes qui ne partagent pas les mêmes opinions que vous, toujours dans le respect; ne pas avoir peur de changer d’idée (seuls les fous ne changent pas d’idée, semble-t-il…)
  • se rappeler qu’on élit d’abord et avant tout un candidat qui va nous représenter à l’Assemblée Nationale sur des enjeux provinciaux, certes, mais aussi locaux
  • voir une élection comme une bonne occasion de se remettre en question, par rapport à nos valeurs et convictions
  • ne pas hésiter, dans tout ce processus rationnel et réfléchit, à laisser un peu de place pour son coeur…

Vous n’êtes pas tannés de vous faire dire pour qui voter, à coup de sondages aux questions tendancieuses et aux résultats non-probabilistes ?

De vous faire dire une chose et son contraire par l’un et par l’autre ? Qu’on vous fasse peur avec des épouvantails et des chimères ? D’assister à des campagnes de salissage mutuel qui ne font qu’abaisser le niveau des débats ?

Vous ne vous trouvez pas encore assez caves ?

Allez-y, votez pour ces vieux dinosaures que sont le PQ et le PLQ et rien de changera, encore ! Ne venez pas vous lamenter durant les 4 prochaines années, par contre! Et ne vous plaignez pas du manque d’alternatives !

Cessez seulement de voir les élections comme un examen à lequel il faut donner LA bonne réponse. Car s’il y a plusieurs bonnes réponses, il n’y en qu’une mauvaise: celle de voter pour les mauvaises raisons.

Y’en a marre !!! (des médias, des vieux partis, etc.)


* « Vous êtes pas écœurés de mourir bande de caves !  » – Claude Péloquin, poète, écrivain, chanteur, scénariste et réalisateur québécois

Visiblement, les campagnes électorales au Québec se suivent et se ressemblent…

Le PLQ dit: « Attention, le PQ veut séparer le Québec du Canada ! » (comme si c’était nouveau…)

Le PQ dit: « Attention, le PLQ veut rouvrir la constitution sans consulter la population ! » (ce qui serait quand même surprenant)

Le PLQ dit aussi : « Sur la question constitutionnelle, on est comme la CAQ, on veut pas en parler… » (on vient d’en parler pendant 10 jours, mais ça ne compte pas)

Le PLQ se ravise : « Finalement, on n’est pas tout à fait comme la CAQ, parce que Legault est un souverainiste qui s’ignore ! » (…)

Quand va-t-on finir par parler des « vraies affaires » ? Tsé, genre:

  • de santé
  • d’éducation
  • d’environnement
  • d’économie

Et je mets l’économie volontairement en dernier, car je trouve qu’on en parle toujours trop (difficile de nos jours de parler de santé, d’éducation, ou d’environnement, sans en venir à parler d’économie). Certains diront qu’on en parle pas assez, mais je dirais plutôt qu’on en parle mal, ou qu’on ne parle pas assez des choses qui importent vraiment en matière d’économie.

Bref, la campagne est présentement d’un ennui mortel et je ne serais pas surpris de voir le taux de participation chuter drastiquement…

(prochain billet: ma liste d’épicerie pour un vote garanti !)

En cette ère où l’objectivité semble être en voie d’extinction, je suis sûr que mon dernier billet vous a paru comme étant une profession de foi péquiste et un signe de mon retour dans les rangs péquistes. C’est bien mal me connaître…

Je le dis et le redis: le PQ a perdu toute chance de ravoir mon vote le jour où il a renié la volonté de René Lévesque de réformer le mode de scrutin. En bon souverainiste, il est évident que j’accueille l’arrivée de PKP au PQ comme une bonne nouvelle, même si je ressens quelques inquiétudes, notamment par rapport à sa vision de l’État et de l’économie, et sa grande influence médiatique. Et comme je l’ai écrit dans mon précédent billet, l’arrivée de PKP risque de profiter principalement à Québec Solidaire, un vrai de vrai parti progressiste (même s’il est peut-être un peu trop à gauche et pas suffisamment pragmatique… faut choisir ses batailles!).

Je suis de ceux qui croient que le Québec ne pourrait pas faire pire s’il se séparerait du Canada, même sur le plan économique. Et si quelqu’un peut en faire la démonstration avec un certain niveau de crédibilité, c’est bien Pierre-Karl Péladeau.

Rien ne sert d’être chauvin ou partisan : il est clair que le PQ a marqué le premier grand coup de cette campagne électorale, avec la candidature de Pierre-Karl Péladeau dans St-Jérôme (André Pratte parle même d’une « candidature exceptionnelle », c’est peu dire !). Ce qui est moins évident, c’est l’impact réel que cette annonce aura sur le résultat final de ces élections.

Un PQ plus à droite (ou tout simplement « bas les masques »)

Si ce fut une surprise pour plusieurs, l’arrivée de PKP dans l’arène politique pour le PQ ne me surprend guère. On aura beau ressortir les chiffres des contributions politiques de celui-ci (qui ont majoritairement été dans les coffres du PLQ ces dernières années, alors que ce parti était au pouvoir), le fils de Pierre Péladeau a toujours montré un certain penchant nationaliste comme son défunt paternel. Ses fréquentations récentes sont également sans équivoque à cet égard (Julie Snyder est une souverainiste reconnue, tout comme Régis Labeaume qui a déjà brigué une investiture péquiste).

Si d’autres s’étonnent du « virage à droite » du PQ, ça ne fait que confirmer l’impression que j’aie depuis un bon moment : le PQ et le PLQ, c’est blanc-bonnet bonnet-blanc, sauf peut-être sur la question nationale (surtout depuis l’ère Charest) et au niveau des principaux groupes corporatistes influençant ces partis (entreprises et professionnels pour le PLQ; corporations syndicales pour le PQ, bien que plusieurs « syndicaleux » ont probablement déchiré leur carte de membre du PQ le weekend dernier).

Il est peut-être un peu tôt pour confirmer l’élection d’un gouvernement péquiste (minoritaire ou majoritaire), mais les autres partis auront besoin d’un sérieux électrochoc pour briser cette tendance. Et il peut se passer beaucoup de choses dans les 30 prochains jours…

Un PLQ qui se cherche et en mode « réaction »

Le PLQ n’a visiblement pas encore réussi à se trouver un thème fort pour sa campagne. Son slogan des « vraies affaires » a rapidement été tourné en dérision par ses adversaires et semble si populiste qu’il semble avoir été volé à la CAQ. Le dévoilement du trio « santé » n’a pas eu l’effet escompté, et la présence du vire-capot Barrette n’y est pas étrangère. Le trio « économique » du PLQ est solide, mais les « projecteurs économiques » se sont rapidement détournés vers PKP.

À mon avis, le problème du PLQ est structurel : Philippe Couillard est un nationaliste (et non un souverainiste, nuance!), mais c’est encore l’arrière-garde (fédéraliste) de Charest qui est aux commandes du parti. Ceci expliquerait pourquoi Couillard a paru si bancal depuis qu’il a été nommé chef.

Est-il trop tard pour le PLQ ? Dans ces circonstances, je vois mal comment Couillard pourra aller rechercher le vote francophone et de régions qui pourrait ramener le parti au pouvoir. Il devra cesser de réagir et tenter d’imposer son propre agenda s’il espère l’emporter.

La CAQ mangera la claque !

À mon humble avis, c’est la CAQ qui ressortira perdante de toute cette histoire. Comment maintenant se démarquer du PQ et du PLQ, en plein centre de l’échiquier politique ? Les anciens adéquistes doivent présentement se mordre les doigts. Car la droite québécoise continue d’être orpheline de parti, et celle-ci est plus grande que certains peuvent le croire, constituant probablement la majeure partie des abstentionnistes. Je suis sûr que ceux-ci auraient préféré voter pour un ADQ fort que d’avoir à tout reconstruire avec le Parti Conservateur du Québec. Dur dur pour l’égo de Legault, qui voulait qu’on se donne Legault, mais qui va manger une go…

Une autre étape pour Québec Solidaire ?

L’arrivée du plus intransigeant employeur québécois au PQ est un cadeau inespéré pour Québec Solidaire qui risque de faire le plein de votes progressistes et syndicalistes. Bien que plusieurs d’entre eux avaient déjà fait leur deuil du PQ (et j’en suis!), la grande migration risque d’atteindre son apogée lors du prochain scrutin, et cela pourrait aider Québec Solidaire à dépasser grandement son score de 2012. Peut-être pas au point de former l’opposition officielle, mais peut-être de battre la CAQ comme elle l’a fait au niveau de son financement.

Les temps sont durs pour Option Nationale

Le début de ce nouveau cycle référendaire au PQ, combiné au récent départ de Jean-Martin Aussant est une bien mauvaise nouvelle pour Option Nationale. Mince consolation pour ON : la souveraineté est bel et bien revenue à l’avant plan de la scène politique québécoise !

Je viens de relire le dernier billet que j’avais publié sur ce blogue. C’était le 3 septembre 2012, la veille d’une soirée d’élections un peu folle durant laquelle une femme est devenue Première ministre du Québec, tout en passant bien près d’y laisser sa peau. On a aussi assisté ce soir-là à la défaite de Charest dans Sherbrooke, à l’élection de Mme David dans Gouin, et à la défaite d’Aussant dans Nicolet-Bécancour. Jacques Duchesneau avait été élu pour la CAQ, mais pas Gaétan Barette.

Déjà des élections, après 18 mois, me direz-vous ? On peut convenir du fait que le PQ a volontairement orchestré sa montée vers un probable (mais pas encore certain) gouvernement majoritaire, avec un projet de charte qui va un peu trop loin, mais qui semble rallier une majorité (surtout à l’extérieur des grands centres urbains). Mais avec notre bon vieux système électoral qui consacre le bipartisme et qui n’encourage nullement le travail d’équipe et les compromis, le résultat n’est guère surprenant.

Si nous sommes encore en élections aujourd’hui, après 18 mois, c’est qu’un gouvernement minoritaire ne peut fonctionner dans un tel système politique, dépassé et inefficace, qui ne fait qu’exacerber les tensions et polariser les opinions.

La solution ? Une réforme du mode de scrutin vers une proportionnelle mixte. Et bien sûr, une volonté politique de la part de tous les politiciens de travailler en équipe, peu importe l’allégeance, afin de faire du Québec une meilleure province (ou pays, c’est selon).

Considérant le fait que le PQ n’appuie plus ce genre de réforme, que le PLQ ne l’a jamais fait, et que l’ADQ a cessé de la désirer lorsqu’ils ont accédé aux bancs de l’opposition en 2007, il reste, je le crains, bien peu d’espoir.

Mais il en reste. Et ça passe par un appui croissant envers les tiers partis. Regardez le chemin parcouru par Québec Solidaire en moins de 10 ans ! En unissant nos votes d’insatisfaits vers QS, Option Nationale, ou même le Parti Conservateur du Québec (tous les goûts sont quand même dans la nature), je persiste à croire que ça pourrait réveiller les vieux partis, qui ne sont en fin de compte qu’avides de pouvoir et impatients que leur tour ne revienne…

Bonne campagne à tous !