Rien ne sert d’être chauvin ou partisan : il est clair que le PQ a marqué le premier grand coup de cette campagne électorale, avec la candidature de Pierre-Karl Péladeau dans St-Jérôme (André Pratte parle même d’une « candidature exceptionnelle », c’est peu dire !). Ce qui est moins évident, c’est l’impact réel que cette annonce aura sur le résultat final de ces élections.
Un PQ plus à droite (ou tout simplement « bas les masques »)
Si ce fut une surprise pour plusieurs, l’arrivée de PKP dans l’arène politique pour le PQ ne me surprend guère. On aura beau ressortir les chiffres des contributions politiques de celui-ci (qui ont majoritairement été dans les coffres du PLQ ces dernières années, alors que ce parti était au pouvoir), le fils de Pierre Péladeau a toujours montré un certain penchant nationaliste comme son défunt paternel. Ses fréquentations récentes sont également sans équivoque à cet égard (Julie Snyder est une souverainiste reconnue, tout comme Régis Labeaume qui a déjà brigué une investiture péquiste).
Si d’autres s’étonnent du « virage à droite » du PQ, ça ne fait que confirmer l’impression que j’aie depuis un bon moment : le PQ et le PLQ, c’est blanc-bonnet bonnet-blanc, sauf peut-être sur la question nationale (surtout depuis l’ère Charest) et au niveau des principaux groupes corporatistes influençant ces partis (entreprises et professionnels pour le PLQ; corporations syndicales pour le PQ, bien que plusieurs « syndicaleux » ont probablement déchiré leur carte de membre du PQ le weekend dernier).
Il est peut-être un peu tôt pour confirmer l’élection d’un gouvernement péquiste (minoritaire ou majoritaire), mais les autres partis auront besoin d’un sérieux électrochoc pour briser cette tendance. Et il peut se passer beaucoup de choses dans les 30 prochains jours…
Un PLQ qui se cherche et en mode « réaction »
Le PLQ n’a visiblement pas encore réussi à se trouver un thème fort pour sa campagne. Son slogan des « vraies affaires » a rapidement été tourné en dérision par ses adversaires et semble si populiste qu’il semble avoir été volé à la CAQ. Le dévoilement du trio « santé » n’a pas eu l’effet escompté, et la présence du vire-capot Barrette n’y est pas étrangère. Le trio « économique » du PLQ est solide, mais les « projecteurs économiques » se sont rapidement détournés vers PKP.
À mon avis, le problème du PLQ est structurel : Philippe Couillard est un nationaliste (et non un souverainiste, nuance!), mais c’est encore l’arrière-garde (fédéraliste) de Charest qui est aux commandes du parti. Ceci expliquerait pourquoi Couillard a paru si bancal depuis qu’il a été nommé chef.
Est-il trop tard pour le PLQ ? Dans ces circonstances, je vois mal comment Couillard pourra aller rechercher le vote francophone et de régions qui pourrait ramener le parti au pouvoir. Il devra cesser de réagir et tenter d’imposer son propre agenda s’il espère l’emporter.
La CAQ mangera la claque !
À mon humble avis, c’est la CAQ qui ressortira perdante de toute cette histoire. Comment maintenant se démarquer du PQ et du PLQ, en plein centre de l’échiquier politique ? Les anciens adéquistes doivent présentement se mordre les doigts. Car la droite québécoise continue d’être orpheline de parti, et celle-ci est plus grande que certains peuvent le croire, constituant probablement la majeure partie des abstentionnistes. Je suis sûr que ceux-ci auraient préféré voter pour un ADQ fort que d’avoir à tout reconstruire avec le Parti Conservateur du Québec. Dur dur pour l’égo de Legault, qui voulait qu’on se donne Legault, mais qui va manger une go…
Une autre étape pour Québec Solidaire ?
L’arrivée du plus intransigeant employeur québécois au PQ est un cadeau inespéré pour Québec Solidaire qui risque de faire le plein de votes progressistes et syndicalistes. Bien que plusieurs d’entre eux avaient déjà fait leur deuil du PQ (et j’en suis!), la grande migration risque d’atteindre son apogée lors du prochain scrutin, et cela pourrait aider Québec Solidaire à dépasser grandement son score de 2012. Peut-être pas au point de former l’opposition officielle, mais peut-être de battre la CAQ comme elle l’a fait au niveau de son financement.
Les temps sont durs pour Option Nationale
Le début de ce nouveau cycle référendaire au PQ, combiné au récent départ de Jean-Martin Aussant est une bien mauvaise nouvelle pour Option Nationale. Mince consolation pour ON : la souveraineté est bel et bien revenue à l’avant plan de la scène politique québécoise !