Archives de mars, 2012

I Wish I Had a Schilling
(For Each Senseless Killing)
For Every Senseless Killing
I’d Buy a Government
America’s for Sale
And You Can Get a Good Deal on It
(A Good Deal on It)
And Make a Healthy Profit
Or Maybe, Tear It Apart
Start With Assumption
That a Million People are Smart
Smarter Than One

– NoFX, The Decline (1999)

C’est triste de voir que même 13 ans plus tard, l’intégralité des paroles de cet opus de 18 minutes du groupe NoFX est totalement d’actualités. Et que ce déclin s’accélère également chez nous, au nord de la frontière.

Vous ne connaissez pas? Voici votre chance:

Ce qu’il y a de bien avec le fait de manifester une certaine ouverture d’esprit, c’est que nos idées peuvent évoluer.

Il y a une quinzaine d’années, j’étais un étudiant du cégep, le regard un peu trop posé sur mon nombril, curieux, mais peu instruit sur les affaires du monde, et qui n’avait pour seule source d’information qu’une certaine radio de Québec, où sévissait déjà à l’époque un dénommé Fillion au micro de son monde parallèle. Dans mes discussions, je versais donc dans le même argumentaire mal appuyé que je reproche aujourd’hui à certains auditeurs de CHOI, ne faisant que répéter tout haut ce que j’entendais à la radio tout fort, sans trop y réfléchir. Et je m’insurgeais ensuite contre ceux qui n’étaient pas d’accord avec moi, prétextant qu’ils ne comprenaient rien à rien, etc.

Déjà après quelques années d’université, avec un accès plus grand à de l’information provenant de sources variées (entre autres grâce à internet), et une certaine maturité de ma part, mon discours était déjà plus nuancé, plus ouvert à une vraie discussion: celle qui se base sur des arguments solides et défendables, mais qui concède aussi les erreurs factuelles et balaye de la main les propos démagogues et empreints de préjugés. Le genre de discussions que l’on retrouve moins aujourd’hui, avec des opinions toujours plus polarisées et de plus en plus démagogues

Enfin… lors d’une de ces discussions avec des collègues de travail, il fut alors question des assistés sociaux, de ces « maudits BS qui vivent au crochet de la société ». J’avais lancé l’idée qu’un assisté social ne devrait peut-être pas dépenser son chèque à fumer, à prendre de la bière ou à acheter un billet de loterie. La réponse d’un collègue: « Ah oui? Ainsi, le BS doit être parfait? Le riche, lui, peut se permettre tous les vices, toutes les luxures, tandis que le BS, lui, devrait vivre la vie parfaite d’un saint reclus? Devra-t-il suivre ce régime vertueux jusqu’à sa mort, même si malgré tous ses efforts il n’arrive pas à ce sortir de sa condition? » Cette idée m’avait fait grandement réfléchir.

La vertu n’est pas l’exclusivité des pauvres

Bien sûr, certains assistés sociaux abusent de ces petits luxes, vivent des problèmes de dépendances à certaines substances, et omettent même de prendre soin de leurs proches en dilapidant ce précieux chèque que nous tous citoyens payeurs de taxes et d’impôts leur donnons chaque mois. Mais pour les autres, pour qui l’aide sociale est un point de non-retour; pour ceux qui travaillent au salaire minimum comme des dingues: n’ont-ils pas eux aussi droit à leur p’tite frette du vendredi, qui apporte un baume sur leurs plaies vives?

La vertu démagogique

Vous vous demandez probablement pourquoi, après plusieurs mois d’inactivité, mon premier billet de blogue en est un sur la pauvreté. D’abord, parenthèse: on ne parlera JAMAIS assez d’inégalités sociales, qu’elle soit intergénérationnelles ou reliées aux classes sociales. Mais non, ce n’est pas pour cette raison que je reprends aujourd’hui ma plume (ou devrais-je dire, mon clavier).

Depuis que le gouvernement Charest a annoncé la hausse des frais de scolarité à l’université, j’entends ce même argument fallacieux sur plusieurs tribunes; cet argument qui semble issu de la même pensée monolithique que j’avais lorsque j’étais endoctriné dans la secte radiophonique de Québec, et qui s’appliquait alors aux assistés sociaux: les étudiants n’ont qu’à prendre deux bières de moins par fin de semaine; ou à ne pas s’acheter d’iPhone; ou à ne pas voyager dans le Sud, etc. Ainsi, à l’instar des assistés sociaux, l’étudiant devrait être un modèle de vertu?

Le citoyen (et le parent) en guise de modèle

Qu’en est-il des citoyens enragés, qui traitent les étudiants de tous les noms en leur enjoignant de reprendre leurs cours en cessant de se prendre pour des enfants gâtés? Et qui pendant ce temps, emplissent leurs marges et cartes de crédits pour aller dans le Sud deux fois par année; pour s’acheter plusieurs télés de 55 pouces à plasma, un iPhone, un iPad, un système cinéma maison; qui dépensent une partie de leur paye en bière, vin, et sorties ?

Contrairement à ceux-ci, qui incluent probablement leurs propres parents, les étudiants devraient faire preuve d’une vertu sans faille? « Faites ce que je dis et non ce que je fais. Et fermez vos gueules! »

Je ne dis pas qu’il est normal pour un étudiant de se payer tout se luxe. Moi-même, en tant qu’étudiant, je faisais preuve de retenue. Mais ça ne m’empêchait pas d’avoir du plaisir. Je me doutais bien qu’une fois mes études terminées, dans le tourbillon du 8 à 4, des enfants, et des comptes à payer, j’aurais probablement beaucoup moins de temps pour mon petit nombril.

Combattre l’endettement, je veux bien, mais tout le monde alors a un examen de conscience à faire. TOUT le monde, pas seulement les étudiants. Mais ceci est un autre sujet.

La hausse: la solution?

Est-ce que la hausse des frais de scolarité est une solution? Est-ce que les étudiants vont vraiment changer leurs habitudes, devenir sages (et ennuyeux) comme des images, et consacrer la majeure part de leur budget à leurs études? Je ne prétends pas détenir la vérité absolue, mais mon petit doigt me dit qu’ils s’endetteront simplement davantage, comme leurs parents, comme leurs concitoyens.

Mais je ne réponds pas à la question: est-ce que la hausse des frais de scolarité est une solution? Euh…une solution à quoi? Au sous-financement des universités? Le problème est-il une question de financement ou plutôt de gestion des sommes actuellement investies dans le système ? Comment peut-on proposer une solution à un problème, si on n’est pas tout à fait sûr de la nature même du problème ? La suite dans un prochain billet…