Archives de août, 2011

Dans mon billet précédent sur le NMQ, on m’a fait remarqué que d’autres partis, comme Québec Solidaire (pour lequel j’ai ma carte de membre, transparence totale ici…) sont de meilleurs endroits pour débattre des idées que le PQ. Tout à fait d’accord, mis à part sur un point: Québec Solidaire demeure encore pour le moment un parti marginalisé par les médias traditionnels, et le parti d’un seul chef aux yeux de ces mêmes médias. Même au sein du consortium Gesca, réputé plus à gauche que l’empire Québécor, on laisse peu de place au pays de projets de Québec Solidaire, aux idées novatrices débattues en son sein. On en a que pour la boutique Le Marcheur, les lancers de souliers et la cour du roi Pétaud.

J’écrivais donc que le PQ demeure le meilleur endroit (pour combien de temps?) pour débattre d’idées nouvelles ET les faire connaître auprès du grand public avec un minimum d’effort. Ce que j’avais en tête à ce moment étaient les 10 propositions de Bernard Drainville, qui sont ressorties des consultations que le député a tenu tout l’été. Des propositions parfois audacieuses, parfois populistes, mais pour la plupart bien sensées et que tout parti confondu devrait mettre en pratique pour combattre le cynisme québécois. Je songeais donc à vous faire part de mes 5 propositions préférées parmi les 10, et de vous expliquer pourquoi je les trouve si pertinentes.

Avant toute chose, je me permet de lister l’ensemble des propositions. J’ai raturé celles qui ne me semblent pas prioritaires, ou avec lesquelles je suis ne désaccord:

1. Élire le premier ministre au suffrage universel.

2. Tenir des élections à date fixe.

3. Nous doter d’un processus de référendums d’initiative populaire.

4. Organiser un référendum sur le mode de scrutin.

5. Mettre en place un jury citoyen chargé d’évaluer le travail des parlementaires, allant jusqu’à la possibilité de révoquer le mandat d’un parlementaire.

6. Assouplir considérablement la ligne de parti.

7. Instaurer une assemblée publique obligatoire dans chacune des circonscriptions du Québec au terme de chacune des sessions parlementaires.

8. Instaurer un Vérificateur général national (VGN).

9. Offrir un portrait clair des finances publiques six mois avant les élections (à date fixe).

10. Plafonner les dons aux partis politiques à 100 $ par personne.

D’abord, je vois d’un bon oeil l’élection au suffrage universel du premier ministre. Par contre, celui-ci impérativement être réalisé avec la réforme du mode de scrutin et l’assouplissement des lignes de parti. Ça englobe pas mal tout ce que j’ai écrit ces derniers mois, au sujet de l’absence de consensus et l’incapacité des divers partis, autant au niveau fédéral que provincial, de travailler ensemble, de faire des coalitions et des compromis pour l’ensemble des citoyens, et non uniquement leur base électorale.

Les élections à date fixe sont également souhaitables, mais encore faudra-t-il trouver la bonne manière de la mettre ne pratique, et de s’assurer que cette nouvelle contrainte sera bien respectée.

La proposition de portrait clair des finances publiques s’avère également importante à mes yeux. Ce serait beaucoup plus transparent ainsi, mais encore faudra-t-il que les chiffres présentées ne soient pas obtenues à l’aide de trucs comptables comme cela semble être le cas présentement. J’ai lu plusieurs éditoriaux qui font mention qu’à ce chapitre, on est encore loin de la transparence que montrent certains états scandinaves.

Un dernier mot sur le référendum d’initiative populaire. Malgré mon penchant souverainiste, je crois qu’il s’agit d’une très mauvaise proposition, qui ne semble avoir pour objectif que d’enlever du pied du PQ l’épine du « référendum au prochain mandat ». Imaginez le nombre impressionnant de référendums qui pourraient découler d’une telle proposition… C’est du populisme et ce n’est vraiment pas nécessaire. Je préfère que les politiciens vainquent d’abord le cynisme dont ils font l’objet; la profession regagnera alors ses lettres de noblesses, le citoyen aura plus confiance en son représentant et on pourra laisser la démocratie faire son travail. À ce sujet, les avis de mes éditorialistes semblent assez partagés, bien que certains reconnaissent qu’à 15% de participation, il n’y aurait probablement pas autant de référendum d’initiative populaire qu’en Californie. Avec un tel seuil de 800 000 personnes, même la pétition demandant la démission de Jean Charest  (247 379) n’aurait pas eu le nombre de voix nécessaires.

En terminant, je ne crois pas que de telles idées suffiront à garder le PQ en vie, malgré tout l’aspect positif de la démarche et le fait qu’elles puissent vraiment, dans les termes de Drainville, « redonner confiance aux citoyens ». Le problème, c’est que ce sont justement uniquement des idées pour régler la crise de confiance généralisée des citoyens à l’égard des politiciens, en général. Le problème du PQ est d’un autre ordre. À mon avis, ce qui manque cruellement au PQ, c’est un projet de société: un projet dont l’atteinte passerait entre autre par la souveraineté.

Car pour ma part, la souveraineté a toujours été un outil parmi tant d’autres pour faire avancer le Québec. Je lis souvent que tout a été dit, que tout a été écrit… que les Québécois savent ce qu’ils veulent. Eh bien si on sait ce que l’on veut, pourquoi a-t-on tant de misère à convaincre l’autre moitié de la population que la souveraineté nous permettra de l’obtenir?

Les deux dernières semaines se sont déroulée à un train d’enfer sur le plan personnel et je n’ai pu reprendre du service comme je l’aurais espéré. Mon blogue est donc encore en mode vacances, et je n’ai donc pas encore pu commenter le rassemblement « citoyen » du Nouveau Mouvement pour le Québec, qui a eu lieu la semaine dernière. Ce sera maintenant chose faite!

Ce que je retiens de cet événement, c’est qu’il fut d’abord un exutoire collectif pour les purs et durs du PQ. Et qu’il a généré son lot de contradictions et de phrases les plus rigolotes, comme par exemple « que le NMQ allait constituer une alternative au changement ». Par contradiction, je veux dire qu’il est peu bizarre de planter Marois et le PQ tout en demandant aux forces souverainistes de serrer les rangs, tous ensemble.

Dans les faits, le NMQ ne propose pas de grande nouveauté. Françoise David, co-chef de Québec Solidaire, résume très bien ma pensée à ce sujet:

Enfin, une certaine perplexité devant cette phrase : « Plus personne n’offre de véritablement progresser, soit en bonifiant l’offre nationale, soit en refondant notre lutte et notre action commune ». Plus personne? C’est comme si les auteurs du manifeste avaient oublié l’existence de Québec solidaire. Voilà un parti souverainiste qui n’hésite pas à parler du pays. À lancer le printemps dernier,  une campagne « Pour un pays de projets » qui prendra son envol cet automne. À défendre que nous devons déjà nous assurer d’être maîtres chez-nous par le contrôle de nos ressources naturelles et énergétiques. Un parti qui se préoccupe de la langue française et a apporté en avril dernier  28 propositions pour la faire progresser.

Québec Solidaire s’avère donc déjà une alternative au PQ. Et qu’en est-il d’autres propositions entendues à l’assemblée du NMQ? Elles sont déjà largement appuyées et débattues par d’autres organismes non-partisans, comme le Mouvement d’appui à une constitution québécoise (MACQC) et le Mouvement démocratie nouvelle, ce dernier n’ayant que pour seul objectif une réforme du mode  scrutin.

N’oublions pas que le PQ reste présentement le meilleur endroit pour faire des débats d’idées, comme on l’a vu avec les propositions Drainville annoncées à la fin de la semaine dernière (j’y reviendrai ASSURÉMENT dans mon prochain billet). C’est mieux que d’avoir à porter la muselière dans le parti de Jean Charest. Bref, je ne vois pas grand chose de positif dans ce Nouveau mouvement pour le Québec, mis à part le fait qu’il améliore la représentativité d’une frange de la population: celle qui veut la souveraineté coûte que coûte. À défaut de faire entendre leur désaccord et leur impatience au sein du PQ, ceux-ci pourront maintenant parler d’une seule et unique voix, en leur nom propre.

J’en ai vu et lu de toutes les couleurs dans les médias traditionnels et sociaux depuis l’annonce de la mort de Jack Layton.

  • Y’a d’abord cette prétendue humaniste, mais assurément libertarienne, qui se réjouit sans gêne de la mort d’un « communiste », et qui établit un parallèle douteux entre Layton et Staline (non, ça ne s’invente pas… lu sur Twitter @ResoLibarteQc);
  • Ce même @ResoLibarteQc qui émet une blague de mauvais goût, mais qui n’est probablement pas si loin de la réalité, en gazouillant: « Je viens tout juste de lui parler et le PM Harper se retient de sourire pour offrir ses plus sincères condoléances à la famille de M. Layton. » (faut comprendre le personnage, qui joue à fond la caricature du libertarien dré-drettiste);
  • La une du JdQ, « Salut Jack », totalement hypocrite de la part d’un torchon qui ne ratait aucune occasion de planter l’individu de son vivant (http://yfrog.com/h0yklp)
  • Les députés et candidats péquistes et bloquistes qui encensent Jack après l’avoir traité de « vendeur de chars usagés » (lu sur Twitter, @SimonJodoin).

Personnellement, ce que je retiens de Jack Layton, c’est sa manière de faire de la politique: intégrité, respect, optimisme et générosité. Contrairement à plusieurs qui ne l’ont pris au sérieux que tout récemment, j’ai toujours cru qu’il était digne du poste de premier ministre; mais il n’aura malheureusement pas l’occasion de le prouver.

J’écrivais récemment sur ce blogue comment l’absence de consensus me laissait craindre le pire pour le futur. J’ajouterais que le départ précipité de Jack ne fait qu’accentuer mon sentiment de peur. Car Jack Layton était ce genre de politiciens qui pouvait débattre, faire des compromis, et travailler AVEC ses adversaires, pour le BIEN COMMUN.

La mort de Jack Layton est une lourde perte pour le NPD, la gauche, la social-démocratie, et les idéalistes qui, comme moi, veulent que des changements majeurs s’opèrent dans le paysage politique actuel. Souhaitons qu’à l’image de certains martyrs, sa mort soit le début d’une ère nouvelle et l’étincelle qui déclenchera ces changements.

Je vous laisse sur les derniers mots de la lettre qu’il a laissé avant sa mort, en espérant qu’ils vous touchent autant qu’à moi:

[…] gardez en tête qu’en travaillant ensemble, nous pouvons avoir un meilleur pays, un pays plus juste et équitable. Ne laissez personne vous dire que ce n’est pas possible.

Mes amis, l’amour est cent fois meilleur que la haine. L’espoir est meilleur que la peur. L’optimisme est meilleur que le désespoir. Alors aimons, gardons espoir et restons optimistes. Et nous changerons le monde.

Repose en paix, Jack Layton !

La récente décote des États-Unis par la firme de cotation Standard and Poor’s ne semble malheureusement pas avoir réveillé les politiciens américains, Obama en tête, mais aussi surtout les élus du Tea Party.

Tout cela m’inquiète et révèle un mal encore plus profond: celui de l’incessante montée de l’individualisme et de la croissante popularité des idéologies extrémistes, autant à droite qu’à gauche.

On assiste donc à une polarisation de toutes les situations, de tous les problèmes, et de tous les débats; et par la bande, à une sur-simplification de ces mêmes éléments, ce qui amène tous et chacun à proposer des solutions trop simplistes, mal adaptés à des problèmes complexes, et pour lesquelles aucun compromis ne semble possible. Tout est noir ou tout est blanc. Pourtant, tout est gris… très gris.

Regardez ce qui c’est passé au Congrès américain dans les dernières semaines. Le Tea Party a refusé catégoriquement tout compromis, forçant une entente qui en bout de ligne ne plaît à personne parmi les démocrates et les républicains, à gauche comme à droite. Parce qu’idéologiquement, le Tea Party refuse toute hausse des taxes et impôts, même si les démocrates sont prêts à concéder des réductions de dépenses au niveau du Medicare. Pourtant, les Américains sont loin d’être surtaxés, bien au contraire, comme le résume Pierre Duhamel dans son dernier billet de blogue sur le site de L’Actualité :

À cet égard, ne vous demander pas pourquoi S & P a abaissé la cote AAA des États-Unis et pas celle de la France. S & P a justifié son choix en indiquant que « la France a une politique budgétaire bien conçue ». Les Français sont prêts à verser 41,9 % de leur PIB pour faire fonctionner leur État (ce qui est moins que plusieurs pays très prospères comme le Danemark à 48,2 % ) alors que les Américains se paient des guerres et des services sociaux en ne versant que 24 % de leurs revenus au fisc.

Absence de bonne volonté

Pas besoin d’aller voir de l’autre côté de la frontière pour constater la même polarisation: Stephen Harper s’est plaint ces dernières années de ne pas avoir les coudées franches pour faire ce bon il lui semblait. Aucun compromis n’était possible: il a divisé pour régner, et a atteint son but avec une stratégie implacable, capitalisant sur les faiblesses d’un système parlementaire désuet et le cynisme actuel des citoyens, ainsi que sur la faiblesse de l’opposition qui lui était offerte. Il peut maintenant agir à sa guise, sans avoir à plier devant les 75% des citoyens qui n’ont pas voté pour lui (le PC ayant obtenu 39,1% des votes, avec un taux de participation de 61,4%, ça ne donne qu’un mince 24,3% d’appuis fermes).

Voilà ce qui m’inquiète: c’est autant cette polarisation des idées que l’absence de compromis chez nos politiciens, bien plus que les lacunes de gestion, ces dernières pouvant être réglées avec de bonnes discussions, la bonne volonté et le désir de faire plaisir à un plus grand nombre. Je suis inquiet, car nos politiciens agissent de plus en plus pour des intérêts privés, des enjeux individualistes et des groupes radicaux, plutôt que pour le progrès et le bien collectif.

Oui, c’est vraiment ce qui m’inquiète; et aussi le désengagement du citoyen moyen, qui comprend de moins en moins tous ces enjeux complexes, trop occupé à se divertir, ou à travailler davantage pour se payer du luxe et se divertir encore davantage.

Et vous? Êtes-vous inquiets pour le futur?

J’éprouve un certain malaise à voir certains médias tomber à bras raccourcis sur Nycole Turmel, à cause du fait qu’elle aurait été membre du Bloc Québécois, ou du moins qu’elle ait eu une carte de membre de ce parti. Bien sûr, il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée; à l’opposé, certains semblent avoir des valeurs politiques plutôt élastiques.

Dans le cas qui nous intéresse, mon malaise vient du fait que les médias se préoccupent davantage du fait que le Bloc soit un parti souverainiste, plutôt que la position idéologique générale de ce parti par rapport au NPD.

Le Bloc est un parti galvaude: souvent à gauche, parfois à droite; son alignement dépend des préoccupations générales des Québécois, ce qui n’est pas étranger au fait qu’il a été créé pour aider le PQ à réaliser la souveraineté. Le NPD est un parti typiquement de gauche… et fédéraliste. Les deux partis ne sont donc pas complètement alignés sur le plan idéologique, sans être toutefois complètement en opposition.

De plus, on ne se fera pas de cachette par rapport à la provenance de la majeure partie du vote NPD québécois aux dernières élections: des votants libéraux, certes, mais surtout des déserteurs bloquistes. Pas trop surprenant qu’il se soit produit la même chose au niveau des candidats.

Le vrai scandale aurait été que Mme Turmel ait eu une carte du parti conservateur; ou de l’ancienne Alliance Canadienne. Pas de Québec Solidaire ou du Bloc.

On voit bien que c’est l’été… les médias se cherchent des choses à dire et à écrire. Ils feraient par contre mieux de talonner Sam Hamad et sa gestion pathétique de nos routes et infrastructures québécoises de transport. Qu’est-ce que ça prend pour qu’un ministre des Transports annonce sa démission, M. le Ministre?