Dans mon billet précédent sur le NMQ, on m’a fait remarqué que d’autres partis, comme Québec Solidaire (pour lequel j’ai ma carte de membre, transparence totale ici…) sont de meilleurs endroits pour débattre des idées que le PQ. Tout à fait d’accord, mis à part sur un point: Québec Solidaire demeure encore pour le moment un parti marginalisé par les médias traditionnels, et le parti d’un seul chef aux yeux de ces mêmes médias. Même au sein du consortium Gesca, réputé plus à gauche que l’empire Québécor, on laisse peu de place au pays de projets de Québec Solidaire, aux idées novatrices débattues en son sein. On en a que pour la boutique Le Marcheur, les lancers de souliers et la cour du roi Pétaud.
J’écrivais donc que le PQ demeure le meilleur endroit (pour combien de temps?) pour débattre d’idées nouvelles ET les faire connaître auprès du grand public avec un minimum d’effort. Ce que j’avais en tête à ce moment étaient les 10 propositions de Bernard Drainville, qui sont ressorties des consultations que le député a tenu tout l’été. Des propositions parfois audacieuses, parfois populistes, mais pour la plupart bien sensées et que tout parti confondu devrait mettre en pratique pour combattre le cynisme québécois. Je songeais donc à vous faire part de mes 5 propositions préférées parmi les 10, et de vous expliquer pourquoi je les trouve si pertinentes.
Avant toute chose, je me permet de lister l’ensemble des propositions. J’ai raturé celles qui ne me semblent pas prioritaires, ou avec lesquelles je suis ne désaccord:
1. Élire le premier ministre au suffrage universel.
2. Tenir des élections à date fixe.
3. Nous doter d’un processus de référendums d’initiative populaire.
4. Organiser un référendum sur le mode de scrutin.
5. Mettre en place un jury citoyen chargé d’évaluer le travail des parlementaires, allant jusqu’à la possibilité de révoquer le mandat d’un parlementaire.
6. Assouplir considérablement la ligne de parti.
7. Instaurer une assemblée publique obligatoire dans chacune des circonscriptions du Québec au terme de chacune des sessions parlementaires.
8. Instaurer un Vérificateur général national (VGN).
9. Offrir un portrait clair des finances publiques six mois avant les élections (à date fixe).
10. Plafonner les dons aux partis politiques à 100 $ par personne.
D’abord, je vois d’un bon oeil l’élection au suffrage universel du premier ministre. Par contre, celui-ci impérativement être réalisé avec la réforme du mode de scrutin et l’assouplissement des lignes de parti. Ça englobe pas mal tout ce que j’ai écrit ces derniers mois, au sujet de l’absence de consensus et l’incapacité des divers partis, autant au niveau fédéral que provincial, de travailler ensemble, de faire des coalitions et des compromis pour l’ensemble des citoyens, et non uniquement leur base électorale.
Les élections à date fixe sont également souhaitables, mais encore faudra-t-il trouver la bonne manière de la mettre ne pratique, et de s’assurer que cette nouvelle contrainte sera bien respectée.
La proposition de portrait clair des finances publiques s’avère également importante à mes yeux. Ce serait beaucoup plus transparent ainsi, mais encore faudra-t-il que les chiffres présentées ne soient pas obtenues à l’aide de trucs comptables comme cela semble être le cas présentement. J’ai lu plusieurs éditoriaux qui font mention qu’à ce chapitre, on est encore loin de la transparence que montrent certains états scandinaves.
Un dernier mot sur le référendum d’initiative populaire. Malgré mon penchant souverainiste, je crois qu’il s’agit d’une très mauvaise proposition, qui ne semble avoir pour objectif que d’enlever du pied du PQ l’épine du « référendum au prochain mandat ». Imaginez le nombre impressionnant de référendums qui pourraient découler d’une telle proposition… C’est du populisme et ce n’est vraiment pas nécessaire. Je préfère que les politiciens vainquent d’abord le cynisme dont ils font l’objet; la profession regagnera alors ses lettres de noblesses, le citoyen aura plus confiance en son représentant et on pourra laisser la démocratie faire son travail. À ce sujet, les avis de mes éditorialistes semblent assez partagés, bien que certains reconnaissent qu’à 15% de participation, il n’y aurait probablement pas autant de référendum d’initiative populaire qu’en Californie. Avec un tel seuil de 800 000 personnes, même la pétition demandant la démission de Jean Charest (247 379) n’aurait pas eu le nombre de voix nécessaires.
En terminant, je ne crois pas que de telles idées suffiront à garder le PQ en vie, malgré tout l’aspect positif de la démarche et le fait qu’elles puissent vraiment, dans les termes de Drainville, « redonner confiance aux citoyens ». Le problème, c’est que ce sont justement uniquement des idées pour régler la crise de confiance généralisée des citoyens à l’égard des politiciens, en général. Le problème du PQ est d’un autre ordre. À mon avis, ce qui manque cruellement au PQ, c’est un projet de société: un projet dont l’atteinte passerait entre autre par la souveraineté.
Car pour ma part, la souveraineté a toujours été un outil parmi tant d’autres pour faire avancer le Québec. Je lis souvent que tout a été dit, que tout a été écrit… que les Québécois savent ce qu’ils veulent. Eh bien si on sait ce que l’on veut, pourquoi a-t-on tant de misère à convaincre l’autre moitié de la population que la souveraineté nous permettra de l’obtenir?